De nos références communes à nos différences culturelles( Télécharger le fichier original )par Emmanuelle DECREAU IUT B de Tourcoing (Lille 3) - DUT Carrières Sociales option Animation Sociale et Socio-Culturelle 2008 |
Université de Lille 3 - IUT B Tourcoing Département Carrières Sociales 35 rue Sainte Barbe - BP 70460 - 59208 Tourcoing cedex DE NOS RÉFÉRENCES COMMUNES À NOS DIFFÉRENCES CULTURELLES Immigrés / Français : Mémoire présenté pour l'obtention du Diplôme Universitaire Technologique Carrières Sociales, option animation sociale et socio culturelle. Emmanuelle DÉCRÉAU Sous la direction de Pierre SACÉPÉ Mai 2008 TABLE DES MATIÈRES PRÉAMBULE 5
PREMIÈRE PARTIE :
I. L'IMMIGRATION
DURANT LA DEUXIÈME MOITIÉ DU XIXème
SIÈCLE :
II. L'IMMIGRATION
AU XXème SIÈCLE :
II. L'IMMIGRATION
AUJOURD'HUI :
DEUXIÈME PARTIE :
I. LE
MULTICULTURALISME : I.2. Des dates clés pour les minorités ethniques en France 20 I.3. Les limites du multiculturalisme 21 I.4. Communauté et « communautarisme » 21
II.
L'INTERCULTURALISME : II.2. Une notion qui reste à structurer 23 II.3. Ethnocentrisme et interculturalisme 24
TROISIÈME PARTIE :
I.
DIFFÉRENCES ET CATÉGORISATION ETHNIQUE :
II.
L'AUTO-CATÉGORISATION ETHNIQUE :
III. LA
SIGNIFICATION ÉMOTIONNELLE AU GROUPE D'APPARTENANCE :
IV. UNE
CONSTRUCTION D'IDENTITÉ CONFLICTUELLE :
QUATRIÈME PARTIE :
I. LE TRAVAIL :
diversité des courants et des pratiques. 34
III. LA
FAMILLE :
IV. A
PROPOS DU MONDE ASSOCIATIF : IV.1. Des associations aux objectifs interculturels 42 IV.2. D'autres associations où il existe de fait un multiculturalisme 45 ANNEXES : Annexe 1 : Charte de la diversité dans l'entreprise 59 Annexe 2 : Guide pour une éducation multiculturelle 63 Annexe 3 : Photographies d'Olivier Culmann 66 Annexe 4 : Brochure de l'AFEC 67 Annexe 5 : Modalités des formations de l'AFEC 69 Annexe 6 : Projet éducatif d'Etudes ET Chantiers 71 Annexe 7 : Jeu interculturel « l'albatros » 75
PRÉAMBULE Le mémoire ci-après a été réalisé dans le cadre d'un travail de fin d'études en DUT Carrières Sociales, option Animation Sociale et Socioculturelle. Il est le résultat de recherches et d'une réflexion sur plusieurs mois, d'octobre 2007 à mai 2008. Ce mémoire comporte des qualités et des défauts qui ont été soulevé lors de la soutenance, vendredi 13 juin 2008. Agréable vendredi 13 ! Ce préambule se veut justement être le reflet de ma soutenance. Je souhaite en effet retracer ici les critiques de mon travail pour que vous compreniez au mieux le sujet traité : de nos références communes à nos différences culturelles. C'est l'occasion aussi de vous expliquer pourquoi j'ai souhaité rendre public ce travail. Enfin, je souhaite ici faire des remerciements à tous ceux qui m'ont soutenu. Pour parler de la gestion de la diversité culturelle, j'ai voulu éclaircir deux concepts principaux : le multiculturalisme et l'interculturalisme. J'ai supposé qu'ils s'opposaient et les ai ainsi présenté en opposition : l'un comme un mal, l'autre comme un bien. Pour Emmanuel Jovelin (sociologue et professeur à l'Université Catholique de Lille) présent lors de ma soutenance, il s'agit là d'un défaut que font beaucoup d'auteurs. J'ai peut-être interprété les termes. Pour lui, le multiculturalisme et l'interculturalisme sont complémentaires. Je vous propose donc de lire mon mémoire en ayant à l'esprit cette critique. Par ailleurs, il manque à mon travail des entretiens. Mon sujet traite d'un point de vue psychologique les difficultés des immigrés à cumuler deux cultures. Rapporter les paroles des personnes dont je parle aurait permis de justifier ce que je théorise. Et n'est-ce pas le rôle même des travailleurs sociaux que d'écouter son public pour mieux le comprendre ? Seules ont été corrigées dans cette dernière version les fautes d'orthographe qui me sautaient encore aux yeux. Les sources sont, quant à elles, plus détaillées. C'est mon caractère militant qui m'a conduit à vouloir rendre public mon travail... de manière gratuite, pour être le plus lu possible. Mon but est de permettre à chacun de comprendre la diversité culturelle et d'avoir un rapport à l'autre plus serein. C'est sans doute un peu utopique, mais si je suscite au moins votre intérêt par cet écrit, ma « mission » est accomplie, pourvu que vous continuiez à vous intéresser à la problématique que je pose en faisant vos propres expériences, vos propres recherches, votre propre mémoire. Je voudrais remercier Pierre Sacépé qui m'a réellement permis de m'épanouir au cours des deux années à l'IUT. Je voudrais aussi le remercier d'avoir fait de ma soutenance un très bon moment de formation (les deux professionnels choisis m'ont bien « mijoter »). Je voudrais aussi remercier mes amis, mon copain et ma maman venus me soutenir lors de cette épreuve. Enfin, merci à mes deux parents pour leurs corrections et leur réflexion sur le travail fait au cours de ces derniers mois. Merci à vous ! INTRODUCTIONDepuis 3 ans, je milite auprès des Sans Papiers. A mon arrivée dans le Nord-Pas de Calais, je suis allée aux manifestations organisées par le Collectif des Sans Papiers de Lille (CSP 591(*)) chaque mercredi puis aux réunions, ce qui m'a permis de faire la connaissance de quelques immigrés qui, bien vite, sont devenus mes amis. Nos nombreuses discussions m'ont permis de comprendre, en partie, comment ils se sentaient « intégrés » en France. L'un de mes amis sans-papiers m'a invitée dans sa famille, en Algérie, l'été dernier. J'ai fait de nombreux voyages et étais déjà allée plusieurs fois dans le Maghreb mais plutôt de manière touristique. Cette fois, j'ai vécu dans une famille kabyle, j'ai dû réellement m'adapter à leur culture et au niveau de vie de la population du pays. Durant mon séjour, j'ai été confrontée à l'autorité du père de famille qui me considérait comme l'une de ses filles. Il m'a interdit de sortir comme je le souhaitais, y compris pour faire des visites. Je n'avais pas le droit de boire d'alcool non plus. Ce sont les enfants de la famille qui m'ont défendue, prétextant que j'étais française et non habituée à leurs coutumes. J'ai ainsi pu aller voir la maison de Lounes Mathoub, ancien leader d'un mouvement révolutionnaire en Kabylie. Tous les enfants de la famille m'y ont accompagnée, frères et soeurs, alors qu'ils n'étaient jamais sortis ensemble (les garçons de la famille ne sortent pas avec les filles). Et les garçons m'ont permis de boire de la bière en cachette... La maison dans laquelle j'ai habité est assez modeste : pas de douche, juste un robinet d'eau qui sert à la fois pour la cuisine et la douche ; de petites chambres où d'un côté dorment les filles, de l'autre, les garçons... Avec cette expérience, j'ai mieux compris pourquoi beaucoup d'algériens ont immigré et immigrent toujours en France. (Mais attention, je suis loin de considérer que cette image d'une famille kabyle est le reflet de toutes les familles kabyles). J'ai, d'autre part, depuis 2 ans, un ami Guadeloupéen d'origine indienne. Celui-ci est en France métropolitaine depuis 4 ans. Il m'a souvent dit « se sentir mal accepté en France », « estimer que les personnes typées « Indien » n'étaient pas reconnues car trop minoritaires sur le sol français », contrairement aux maghrébins. La dernière fois que nous nous sommes vus, il se demandait s'il ne devait pas entamer une thérapie psychologique à force de se poser des questions sur lui-même et sur son rapport aux autres. Ces différents évènements m'ont permis d'élaborer ma problématique. Je cherchais à comprendre comment concilier culture d'origine et culture française. Puis j'ai formulé la question de mon mémoire de la manière suivante : Immigrés / Français : dans quelles mesures pouvons-nous partager des références d'un pays comme la France, sans gommer nos différences culturelles d'origine ? Ma problématique formule une opposition : immigrés / Français. Je suis bien consciente que certains immigrés ont pu acquérir la nationalité française et sont donc devenus français mais mon but est de faire une différence entre les immigrés nés sur un sol étranger avec les Français nés en France. Je n'ai pas trouvé de termes plus appropriés que ceux que je mentionne ici pour faire cette distinction. Plus loin, dans mon propos, je définirai également la distinction qu'il faut faire entre « immigré » et « étranger »2(*). J'ai choisi de ne traiter que le cas de la France car c'est à travers ce pays, qui est le mien, que j'ai eu une réelle approche des immigrés. Vous trouverez cependant dans mes propos des comparaisons entre la situation française et celles d'autres pays. Si je me suis sentie dans l'obligation de parler de ces autres pays, ce n'est que pour mieux expliquer certains concepts. Ma définition de la culture trouve son sens dans ce qu'en dit l'Unesco3(*): « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. Chaque société possède sa propre culture et admet, en son sein, des cultures différentes. Il existe donc une multitude de cultures qui se rencontrent, s'opposent, se mélangent et, finalement, se transforment. » La France, en tant qu'entité sociale, a une culture propre. Immigrés et Français partageons donc des références au sein de cette culture française : nous vivons sur un même territoire et sommes donc dans l'obligation de respecter des lois, ce qui implique que nous avons chacun des droits et des devoirs. Pour certains, nous partageons aussi une langue commune qui est le français, un même rythme de vie, des goûts artistiques... Les immigrés, s'ils veulent être reconnus dans cette culture, ont la nécessité d'apprendre ce qui en fait son entité alors que les Français nés en France, l'ont intégrée dès leur enfance. On peut donc supposer qu'ils sont plus à même de la comprendre ou qu'ils ne ressentent pas le besoin de se questionner dessus. C'est en cherchant à trouver des éléments de réponse à ma problématique que je me suis aperçue que le « multiculturalisme » et l' « interculturalisme » sont des notions nécessaires à l'approfondissement de ma réflexion. Après être revenue sur l'histoire de l'immigration, je définirai ces deux notions. La suite du développement cherche à donner des éléments de réponse tant psychologique, sociologique et politique sur le sujet traité. Dans la dernière partie, je donnerai mon avis personnel quant à l'ensemble du travail effectué dans le cadre de ce mémoire. * 1 Le CSP59 a pour but une régularisation massive des Sans-papiers. * 2 Les termes sont explicités dans la première partie, page 11. * 3 Unesco : Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Créé en 1945, l'objectif de cette organisation est ambitieux, elle souhaite construire la paix dans l'esprit des hommes à travers l'éducation, la science, la culture et la communication. |
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