TROISIÈME
PARTIE :
DIFFÉRENCES CULTURELLES ET RECHERCHES
IDENTITAIRE :
COMMENT BIEN VIVRE SA DIFFÉRENCE ?
Pour parler des différences culturelles, il faut
d'abord s'approprier sa propre culture.
L'interculturalisme cherche à répondre à
deux antagonismes : ne pas oublier sa culture d'origine et aller vers la
culture de l'autre. De l'enfance à l'âge adulte, l'homme sera
toujours confronté à cette problématique. Mais comment
parviendra-t-il à trouver un équilibre nécessaire pour
lui-même et pour la vie en collectivité ? C'est à
partir de l'analyse de Pascal Pansu et Claude Louche25(*) développée tout
au long de cette partie que j'essaierai de répondre à cette
question.
I DIFFÉRENCES ET
CATÉGORISATION ETHNIQUE : dès l'enfance, l'être humain
est capable de comprendre que les choses qui l'entourent sont marquées
par des différences.
Entre 3 et 4 ans, l'enfant juge un dessin très
différent d'un autre à partir du moment où il comporte un
grand nombre de différences. Après 4/5 ans, la
différenciation s'affine. De même, les enfants comprennent qu'il
existe des différences entre humains.
L'enfant sait distinguer deux hommes dont la couleur de peau
n'est pas la même. A 3 ans, un pourcentage important d'enfants (entre 50
% et 75 %) peut identifier et classifier les personnes à partir de
termes ethniques dichotomiques (noir ou blanc). Vers 5 ans, la plupart des
enfants (80 % à 90 %) font cette classification sans erreur.
II
L'AUTO-CATÉGORISATION ETHNIQUE : c'est à partir de 5 ans
seulement que l'enfant s'intègre à un groupe social.
Les enfants utilisent les termes « nous »
et « eux » pour montrer que les uns sont inclus dans leur
groupe d'appartenance et les autres, en sont exclus.
Le premier critère qui définit la
présence de l'auto-identification est la description de soi à
l'aide d'un attribut ethnique (« je suis noir et j'ai les cheveux
crépus... »).
Le deuxième critère est l'expression de la
différence par rapport aux membres d'autres groupes («... il est
blanc et il a les yeux bleus »).
Enfin, le troisième critère est la permanence,
l'enfant se demande ce qui dans le temps continuera à le
différencier d'un autre (« je suis noir et je vais le
rester »).
Le processus d'auto-catégorisation semble important car
il pose les prémices d'un conflit cognitif chez les enfants de groupes
dominés. Les études de Clark et Clark26(*) ont montré par exemple,
qu'un tiers d'enfants africains interrogés choisissent une poupée
blanche pour répondre à la question : « Peux-tu me
donner la poupée qui te ressemble le plus ? ». Ces
résultats suggéreraient que « les enfants noirs sont
(...) plus conscients que les enfants blancs des différences raciales et
de leur signification ».
L'auto-catégorisation ethnique semble donc être
déterminée par la position relative de dominance que les groupes
occupent dans les sociétés. Les enfants des groupes dominants se
catégorisent plus facilement dans leurs groupes que les enfants des
groupes dominés.
* 25 PANSU Pascal et LOUCHE
Claude, La psychologie appliquée à l'analyse de
problèmes sociaux, édition PUF, collection psychologie
sociale, Paris, 2004, 286 pages. Pansu est maitre de conférences en
psychologie sociale à l'université de Savoie.
* 26 Clark et
Clark étaient chercheurs en psychologie sociale dans les
années 1940.
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