De nos références communes à nos différences culturelles( Télécharger le fichier original )par Emmanuelle DECREAU IUT B de Tourcoing (Lille 3) - DUT Carrières Sociales option Animation Sociale et Socio-Culturelle 2008 |
I.2. Des dates clés pour les minorités ethniques en FranceEn 1961, l'Assemblée parlementaire propose un protocole additionnel à la Convention Européenne des droits de l'homme en vue de garantir aux minorités nationales des droits plus étendus, mais la proposition n'aboutit pas. En 1966, l'Organisation des Nations Unis (ONU19(*)) se réunit et signe cette fois le Pacte International relatif aux droits civil et politique : selon l'article 27, les personnes appartenant à des « minorités ethniques, religieuses ou linguistiques [...] ne peuvent être privées du droit d'avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d'employer leur propre langue ». En 1992, l'ONU se réunit à nouveau et signe cette fois la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques. Elle souligne que la réalisation des droits des personnes appartenant à des minorités fait partie intégrante de l'évolution de la société démocratique et instigue aux Etats, en plus du respect des libertés individuelles, la protection de « l'identité nationale ou ethnique, culturelle, religieuse ou linguistique des minorités, sur leurs territoires respectifs » ainsi que l'instauration de « conditions propres à promouvoir cette identité » (art. 1). Un an plus tard, la Conseil de l'Europe20(*) va plus loin et adopte la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Elle souligne en préambule qu' « une société pluraliste et véritablement démocratique doit non seulement respecter l'identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse... mais également créer des conditions propres à permettre d'exprimer, de préserver et de développer cette identité ». Les États signataires sont appelés en conséquence à prendre des mesures spéciales dans les domaines de la langue, de l'éducation, de l'action sociale et des médias. I.3. Les limites du multiculturalismeEn France, le modèle multiculturel n'est pas assez abouti pour tirer des conclusions probantes. Mais on peut dire que l'application du multiculturalisme aux Etats-Unis semble ne pas avoir permis une meilleure cohésion sociale. Les conflits ethniques par exemple existent toujours. On notera donc des limites au concept multiculturel, des contradictions et des échecs : - toute catégorisation groupale induit une frontière. Dès lors que l'individu ne suit pas la norme de son groupe, le risque d'exclusion est important. - le discours multiculturel peut aussi conduire à relancer un débat raciste puisque chacun se referme sur son groupe. - et puisque chacun se referme sur son groupe, la mobilité sociale est réduite. La question des inégalités n'est pas résolue, alors que c'était au nom de l'égalité des chances qu'a été pensée, élaborée et mise en place la reconnaissance de la différence. - par ailleurs, l'individu qui n'est plus reconnu comme tel mais comme faisant partie d'un groupe, développe une forme de dépendance et de déresponsabilisation21(*). * 19 L'ONU est une organisation internationale constituée en 1945 par les Etats qui ont accepté de remplir les obligations prévues par la Charte des Nations unies en vue de sauvegarder la paix et la sécurité internationales, et d'instaurer entre les nations une coopération économique, sociale et culturelle. * 20 Le Conseil de l'Europe est une organisation de coopération européenne crée en 1949. L'organisation est à l'origine de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (1950). * 21 TODOROV Tzvetan, Du culte de la différence à la sacralisation de la victime, in revue Esprit, juin 1995. Todorov, né le 1er mars 1939 à Sofia en Bulgarie, est un essayiste et historien français d'origine bulgare. |
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