Gestion rationnelle des produits alimentaires pour la prise en charge de la malnutrition sévère cas de l'hopital pédiatrique de Lwiro( Télécharger le fichier original )par Jerome FAZILI SEKELE ULB - Licence 1997 |
UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES FACULTE DE MEDECINE ECOLE DE SANTE PUBLIQUE GESTION RATIONNELLE DES PRODUITS ALIMENTAIRES POUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SEVERE CAS DE L'HÔPITAL PÉDIATRIQUE DE LWIRO Jérôme FAZILI SEKELE Travail présenté en vue de l'obtention du titre de Licencié en Sciences de la Santé Publique - Gestion des Institutions des soins. DIRECTEURS : Professeur Philippe HENNART Professeur Michèle DRAMAIX Docteur Daniel BRASSEUR. ANNEE ACADEMIQUE : 1996-1997 Je dédie ce travail à ma femme Noëlle Namwangu et à mes enfants : Sandra Wabiwa, Espoir Mubyukya, Sophie Tabaye,.. en témoignage de ma profonde tendresse. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier Monsieur le Professeur Philippe Hennart d'avoir financé mes études et de m'avoir orienté vers les sciences de la santé publique. Je le remercie aussi, en même temps que Madame le Professeur Michèle Dramaix et Monsieur le Docteur Daniel Brasseur pour leurs conseils éclairés dès le commencement jusqu'à la finition de ce travail C'est en bénéficiant de l'encadrement scientifique et du soutien moral des membres de l'équipe CEMUBAC à Bruxelles que j'ai été réconforté pour aborder un tel sujet si complexe. Je les remercie pour le soutien apporté et l'amitié qu'ils m'ont toujours témoignée. Je pense ici à Alain Wodon, Marc Willeput, Paluku Bahwere, Philippe Donnen et Nathalie Moreau. Ma reconnaissance s'adresse également à mon confrère Wakilongo qui a pris soins de rassembler les données qui m'ont permis de réaliser ce travail. Enfin, durant mon séjour en Belgique, j'ai échappé à la fatale solitude caractéristique des pays développés grâce à la présence ininterrompue d'Anne et Alain , Esther et Lambert, Antoinette et Léonide, Adèle et Franck, Rachel et Abdon,... TABLE DES MATIERES CHAPITRE I. LA GESTION DES MEDICAMENTS ET PRODUITS 3 I.1 LA SÉLECTION DES MÉDICAMENTS 3 I.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS 4 I.2.1 LA MÉTHODE FONDÉE SUR LA MORBIDITÉ ET LE TRAITEMENT TYPE 4 I.2.2 LA MÉTHODE DE LA CONSOMMATION CORRIGÉE 5 I.2.3 CHOIX DE LA MÉTHODE 6 I.2.4 ADAPTATION DES QUANTITÉS AU BUDGET DISPONIBLE 6 I.3 L'APPROVISIONNEMENT 8 I.3.1 POLITIQUES D'APPROVISIONNEMENT 8 I.3.2 LE DÉLAI DE RÉAPPROVISIONNEMENT 10 I.3.3 LE STOCK DE SÉCURITÉ 10 I.3.4 LES QUANTITÉS À COMMANDER 11 I.4 LE SUIVI DU STOCK 12 I.5 LA CONSERVATION DES MÉDICAMENTS 13 I.5.1 CLASSEMENT DES MÉDICAMENTS 13 I.5.2 LE CONTRÔLE QUALITATIF 13 CHAPITRE II. ETUDE DE SITUATION : LA GESTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES A L'HÔPITAL PEDIATRIQUE DE LWIRO. 14 II.1 PRINCIPE DE PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SÉVÈRE 14 II.2 L'HÔPITAL PÉDIATRIQUE DE LWIRO 15 II.3 LA GESTION DES STOCKS ALIMENTAIRES ET LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION SÉVÈRE À L'HPL. 16 II.3.1 APPROVISIONNEMENT 16 II.3.2 SUIVI DES STOCKS 17 II.3.3 LA CONSERVATION DES PRODUITS 18 II.3.4 LE CALCUL DES RÉGIMES 18 II.3.5 LA PRÉPARATION DES REPAS 19 II.3.6 SURVEILLANCE DE LA CONSOMMATION 19 II.3.7 EVALUATION DE LA COUVERTURE DES APPORTS NUTRITIONNELS 19 II.4 COMMENTAIRES 19 II.4.1 LA SÉLECTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES 19 II.4.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS EN PRODUITS ALIMENTAIRES 20 II.4.3 LES APPROVISIONNEMENTS 20 II.4.4 LA CONSERVATION DES PRODUITS 21 CHAPITRE III. ELEMENTS POUR LA MISE EN PLACE D'UN SYSTEME DE GESTION RATIONNELLE DES PRODUITS ALIMENTAIRES 22 III.1 LA SELECTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES 23 III.1.1 PRINCIPE 23 III.1.2 CONTRAINTES 23 III.1.3 RÉSULTATS 26 III.2 LA QUANTIFICATION DES BESOINS EN PRODUITS ALIMENTAIRES 28 III.2.1 PRINCIPE 28 III.2.2 CONTRAINTES 28 III.2.3 RÉSULTAT 29 III.3 APPROVISIONNEMENT 30 III.3.1 PRINCIPE 30 III.3.2 CONTRAINTES 31 III.3.3 RÉSULTATS 32 III.4 ADAPTATION DES BESOINS AU BUDGET 34 III.4.1 PRINCIPE 34 III.4.2 CONTRAINTES 34 III.4.3 RESULTATS 34 III.5 LA CONSERVATION DES PRODUITS ALIMENTAIRES 37 III.5.1 PRINCIPE 37 III.5.2 CONTRAINTES. 37 III.5.3 RÉSULTATS 37 III.6 SUIVI DES STOCKS 38 III.6.1 PRINCIPE 38 III.6.2 CONTRAINTES 39 III.6.3 RÉSULTAT 39 CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS 40 IV.1 DE LA SELECTION DES PRODUITS 40 IV.2 DE LA QUANTIFICATION 41 IV.3 DE L'ADAPTATION DES QUANTITES AU BUDGET 42 IV.4 DE LA POLITIQUE D'APPROVISIONNEMENT 42 IV.5 DE LA CONSERVATION 43 IV.6 DE LA CAPACITE DE CONSERVATION 43 IV.7 DE L'UTILISATION DE L'INFORMATIQUE 44 IV.8 CRITERES D'EVALUATION DE CETTE GESTION 44 IV.8.1 LE CONTROLE DES QUANTITES 44 IV.8.2 LE CONTROLE SUR LES COUTS 45 CHAPITRE V. CONCLUSION 46 CHAPITRE VI. BIBLIOGRAPHIE 48
INTRODUCTION La terminologie de la malnutrition a évolué parallèlement au progrès des connaissances physiopathologiques sur cette maladie carentielle. Les premiers auteurs (Normet 1926, Williams 1933) ont considéré que la malnutrition était la conséquence d'une carence en protéines d'où l'utilisation du vocable "malnutrition protéique". Plus tard l'importance d'une carence énergétique a été reconnue (McLaren, 1974; Waterlow, 1975 etc.). Ce qui a conduit à l'utilisation du vocable "malnutrition protéino-énergétique". Actuellement, on considère que la malnutrition est due à des carences multiples, ce qui fait que l'on parle de plus en plus de la malnutrition pluricarentielle, ou plus simplement de la malnutrition (Suskind, 1990). C'est cette dernière terminologie que nous adoptons dans ce travail. La malnutrition est une manifestation pathologique due au déficit d'apport énergétique et en divers nutriments (Briend et al, 1993). Elle est plus fréquente chez les jeunes enfants. Elle est souvent associée, dans un cercle vicieux, aux infections. On parle de malnutrition primaire quand elle est directement liée au déficit du régime alimentaire et de malnutrition secondaire quand elle survient à la suite d'une infection chronique ou d'une malabsorption pathologique. Au niveau physiopathologique, la première manifestation de la malnutrition est un retard de croissance staturo-pondérale. Si le déficit se prolonge, l'enfant va passer du simple retard de croissance à des formes plus sévères : le kwahiorkor et le marasme. Les signes cliniques du kwashiorkor sont la présence d'oedèmes bilatéraux au niveau des pieds ou généralisés, les altérations de la peau et des cheveux, l'anorexie et le repli sur soi. Les signes cliniques du marasme sont une maigreur extrême, la perte de l'élasticité de la peau, un aspect de vieillard et un appétit excessif. Les taux de prévalence de la malnutrition sont plus élevés dans les régions du monde où la disponibilité alimentaire est insuffisante. On estime actuellement que 43% des enfants de moins de 5 ans vivant dans les pays en voie de développement présentent un retard de croissance pondérale (Onis, 1993). La prévalence de la malnutrition sévère est généralement plus faible, environ 2 à 3%. Elle peut atteindre 10 à 20% dans les situations de guerres et de famines. Les états de marasme sont fréquents entre 6 et 18 mois d'âge lorsque le lait maternel ne couvre plus les besoins nutritionnels de l'enfant et que les aliments donnés en complément du lait maternel sont de faible valeur nutritionnelle. Les états de kwashiorkor surviennent fréquemment après le sevrage complet lorsque l'apport en protéines d'origine animale devient faible, c'est-à-dire après l'âge de deux ans (Briend et al, 1993). Dans la région du Kivu montagneux, à l'Est du Congo, l'alimentation est constituée de 5 aliments principaux : les haricots, les patates douces, le manioc, les bananes et le sorgho. L'apport énergétique est en moyenne de 5 à 15% en dessous des normes définies par le comité mixte des experts FAO-OMS de 1973. Cet apport ne connaît que peu de variations saisonnières au cours de l'année grâce à la consommation régulière de la farine de manioc, principale source d'énergie. Par contre l'apport en protéines (50-90% des normes) connaît des fluctuations saisonnières puisqu'il dépend de la récolte des haricots. C'est pendant la période située entre deux récoltes de haricots, appelée période de soudure, que l'apport en protéines est beaucoup plus bas (Vis, 1969). Les résultats de ces enquêtes nutritionnelles indiquent qu'en milieu rural, environ 50% de la population se trouve, en état de "malnutrition relative". Celle-ci est définie par rapport à l'état nutritionnel des individus qui ont un apport nutritionnel et un environnement (hygiène du milieu) estimés meilleurs. La courbe de croissance des enfants du milieu rural du Kivu montre qu'il existe un retard de croissance dès la vie foetale par rapport aux enfants vivant aux Etats-Unis et en Europe. En conséquence, le poids de naissance de ces enfants est en dessous de celui de leurs homologues américains ou européens. S'il existe un rattrapage durant les premières semaines de vie, la courbe des enfants du milieu défavorisé du Kivu présente une cassure vers l'âge de 4 à 6 mois (Hennart, 1984). La malnutrition rencontrée au Kivu est caractérisée par :
Dans les pays en voie de développement la malnutrition sévère est associée de façon évidente à un risque élevé de mortalité chez les enfants (Van der Broeck et al 1993, Dramaix et al, 1993). Il n'existe pas de consensus sur le lieu de traitement de la malnutrition sévère. Cependant la majorité d'auteurs (Waterlow, 1992; Briend, 1994; OMS, 1995) recommandent que le traitement de la malnutrition sévère soit conduit à l'hôpital afin de prévenir et de mieux prendre en charge les complications associées fréquemment à la malnutrition. Le traitement est essentiellement diététique. Une alimentation appropriée pour ce traitement est donc indispensable pour réduire la mortalité dûe à la malnutrition sévère. La disponibilité d'une telle alimentation ne peut être assurée que si un modèle pour assurer une gestion rationnelle des produits alimentaires existe. Dans le but de réduire la mortalité due aux infections et de favoriser l'accessibilité aux soins de santé, l'O.M.S. a mis au point, dans le cadre de la stratégie des soins de santé primaires, un modèle de gestion permettant d'assurer une disponibilité en médicaments dans les pays en voie en développement (OMS, 1981). La rationalité de ce modèle s'explique par le fait qu'il tient compte des spécificités propres aux pays en développement, notamment les ressources financières limitées et les conditions climatiques particulières. Ce modèle décrit d'abord une démarche pour faire une sélection raisonnée des médicaments afin d'élaborer une liste nationale, régionale ou locale des médicaments "essentiels". Il décrit ensuite les méthodes permettant de quantifier les besoins en médicaments, d'assurer les approvisionnements et de mettre en place des conditions de conservation des médicaments adéquats. Ce modèle est aujourd'hui utilisé dans de nombreux districts de santé. La malnutrition étant un problème de santé publique grave dans les pays en développement et l'alimentation en étant le principal remède, l'objectif poursuivi par ce travail est de proposer un modèle pour une gestion rationnelle des produits alimentaires en vue d'améliorer la prise en charge des enfants sévèrement malnourris. CHAPITRE I. LA GESTION DES MEDICAMENTS ET PRODUITSLe but de ce chapitre est de décrire un modèle théorique pour la gestion des médicaments. Ce modèle servira de base aux différentes étapes de la démarche suivie pour la construction du modèle de gestion des produits alimentaires. Ces étapes sont : la sélection des médicaments, la détermination des quantités nécessaires, l'approvisionnement et la conservation des médicaments. Le module sur l'organisation des systèmes de santé en rapport avec les pays en voie de développement qui décrit amplement ce modèle de gestion des médicaments (Vandenbuscche, 1997) a servi de référence principale pour ce chapitre. I.1 LA SÉLECTION DES MÉDICAMENTSCe travail est effectué par les médecins afin d'établir une liste des médicaments essentiels pour un niveau de soins donné. L'établissement de cette liste nécessite deux décisions fondamentales :
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