Internet à Touba: approche géographique des usages du réseau dans les cybercafés de la ville( Télécharger le fichier original )par Paul Marie Benoit Mamadou DIOUF Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009 |
SOMMAIRELISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS 3 II - Justification du choix du sujet et du cadre d'étude 11 III - Position du problème de recherche 13 I - La recherche documentaire 22 III - Le traitement et l'analyse des données 28 PREMIERE PARTIE : TOUBA, UNE VILLE RELIGIEUSE EN MUTATION 30 Chapitre I : Situation géographique et fonctions de la ville de Touba 31 II - Les fonctions de la ville 33 Chapitre II : Données démographiques et principaux secteurs d'activités de la ville 38 I- Données démographiques de la ville 38 II- Les principaux secteurs d'activités 42 DEUXIEME PARTIE : LES CYBERCAFES, DES ESPACES ACCESSIBLES ET PEU FREQUENTES 44 CHAPITRE I : APPROCHE DESCRIPTIVE DES CYBERCAFES 45 I- Localisation spatiale des cybercafés 45 II- Caractéristiques et activités des cybercafés 46 III- Profil des gérants des cybercafés 52 CHAPITRE II : LES MODALITES D'APPROPRIATION DES CYBERCAFES PAR LES POPULATIONS 54 I- Les motivations de fréquentations des cybercafés par les populations 55 II- Jours et moments de fréquentation des cybercafés par les populations 56 III- Durée de la connexion et fréquence de visite des cybercafés 57 IV- Difficultés liées à l'accès et à l'utilisation d'Internet dans cybercafés 58 V - Appréciation du niveau d'utilisation d'Internet dans les cybercafés 61 TROISIEME PARTIE : LES USAGERS ET LES USAGES D'INTERNET 64 I- Caractéristiques sociodémographiques des usagers 65 II- Les modalités d'utilisation d'Internet par les internautes 72 I- Les principaux usages d'Internet 75 II- Internet, le fait religieux et les mutations urbaines 89 CHAPITRE III : PERCEPTION D'INTERNET PAR SES USAGERS 98 I- Les avantages d'Internet selon les usagers 98 II- Les inconvénients d'Internet selon les usagers 99 LISTE DES FIGURES ET CARTES 115 INTRODUCTION GENERALELe dernier quart du XXe siècle fut marquée par une série d'innovations scientifiques majeures dans le domaine surtout de l'électronique. C'est au lendemain de la seconde guerre mondiale, plus précisément dans les années 1950, que furent notées les premières percées scientifiques avec notamment la mise au point des puces, c'est-à-dire « des circuits intégrés comportant plusieurs milliers de transistors »1(*), marquant ainsi les débuts de la microélectronique. De ces innovations scientifiques sont nées de Nouvelles Technologies d'Information et de Communication, TIC qui se présentent comme un ensemble varié de produits, de services et d'applications qui sont utilisé pour produire, stocker, traiter, distribuer et échanger l'information à l'échelle planétaire Au Sénégal, l'introduction d'Internet s'est faite en 1996, suite à la libéralisation du secteur nationale des télécommunications. L'évolution du nombre d'usagers de cette technologie de son introduction au pays à aujourd'hui traduit bien le réel engouement dont il fait l'objet dans ce pays. De nombreux travaux de recherche universitaires ont été menés en vue de mieux comprendre quels sont les enjeux qui découlent de l'appropriation des TIC, Internet en particulier par les populations sénégalaises. En 2001, Thomas Guignard se consacrait ainsi aux usages qui sont faits de ce réseau par des internautes sénégalais dans les cybercafés. Son étude a révélé une extraversion de ces internautes, perceptibles à travers les principaux usages qu'ils font du « réseau des réseaux » et aussi la production de contenu. En effet, cette étude démontre que la plupart de ces sénégalais ne communiquent qu'avec d'autres internautes établis à l'étranger, surtout dans les pays occidentaux. En outre les principaux types d'informations qu'ils recherchaient dans ce réseau ne portaient que sur des faits se déroulant dans ces pays. Mais cette extraversion constatée par T. Guignard est, dans une certaine mesure, liée à la faiblesse des contenus sénégalais sur la « toile ». En 2005, l'étude du degré d'ouverture de l'espace web sénégalais à travers l'analyse des liens hypertextes menée par El hadj Malick Gueye démontrait que les sites web sénégalais sont pour l'essentiel interconnecté non pas avec des sites africains ou sénégalais, mais avec d'autres localisés en Europe et en Amérique du Nord. D'autres chercheurs se sont penchés sur les effets de ces TIC, Internet en particulier, dans le développent économique et sociale du pays. En 2005, Ibrahima Sylla tentait d'expliquer l'apport de ces technologies dans la mobilité en zone urbaine dakaroise. Dans la même lancée, les travaux réalisés par Aminata Fall illustrent le rôle d'Internet dans la gestion des compétences transférées à la région de Louga, dans le cadre de la décentralisation administrative. D'une manière générale, l'ensemble de ces études a permis de constater que les effets produits par les TIC ne sont pas toujours conformes à ceux que l'on espérait d'elles. En effet même si elles participent à l'amélioration des conditions de vies des sénégalais, il demeure néanmoins que leur introduction dans ce pays soulève un certain nombre de disparités. Ce présent mémoire s'inscrit dans la même lancée que ces études précitées. Son objectif général est d'appréhender les effets réels de la présence d'Internet dans l'espace de la ville de Touba, fortement encrée dans des traditions socio-culturelles. Dans cette perspective, nous avons subdivisé ce mémoire en trois grandes parties, précédées par une présentation des grands axes de la problématique de recherche et de la méthodologie employée. Dans la première partie, nous procédons à une présentation de notre cadre d'étude, la ville de Touba. La seconde partie étudie les cybercafés visités alors que la troisième traite des caractéristiques des usagers et des usages. ProblématiqueI - Contexte de l'étudeLes premières aventures des réseaux de télécommunications électroniques au Sénégal remontent à la fin des années 1980. En 1989 l'Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération (ORSTOM) devenue aujourd'hui l'IRD, avait installé à Dakar un noeud de son Réseau Intertropical d'Ordinateur (RIO). Selon ses créateurs, le RIO est « un programme conçu pour développer la communication de la communauté scientifique des pays en développement avec celle du Nord et non un simple outil de communication interne »2(*). En 1992, l'ONG internationale Enda tiers monde installa aussi un réseau Greenet/Fidonet à son siège de Dakar. Les services fournis par ces réseaux étaient principalement la messagerie électronique et le transfert de fichiers. Toutefois, mêmes si ces deux actions peuvent être perçue comme les premiers pas d'Internet au Sénégal, elles n'ont permis qu'à un public restreint d'avoir accès à cette technologie. Ce n'est qu'en 1996 avec la libéralisation du secteur national des télécommunications qu'Internet fut accessible à un public plus élargi. En effet, c'est au moi de mars de cette même année que la SONATEL (opérateur historique de télécommunication du pays) signa un accord avec MCI, une société américaine de télécommunication, qui permit ainsi au pays de se connecter à Internet via une liaison de 64 Kbps. Sa filiale d'alors Telecom Plus commença à commercialiser l'accès au réseau dès le moi d'avril de la même année. Suite à cette libéralisation et à la commercialisation de l'accès à Internet, de nombreux acteurs du secteur privé ont mis sur pied des cybercafés qui sont des lieux où les populations peuvent utiliser « le réseau des réseaux » moyennant une somme d'argent bien déterminé. En raison des coûts relativement élevés des frais d'accès individuel à Internet, ces cybercafés constituent les principaux lieux d'utilisation d'Internet dans bon nombre de pays sous développés comme le Sénégal. Ces cybercafés participent donc largement à la réduction de la fracture numérique en ce sens qu'ils permettent aux populations les moins aisées d'être des acteurs de « société de l'information ». En outre ils ont largement participé au développement remarquable d'Internet au Sénégal, perceptible à travers la progression du nombre d'internautes sénégalais. D'après les estimations de 1997, 3 000 à 4 000 utilisateurs d'Internet étaient recensés au Sénégal et 15 000 internautes en 1999. Ces chiffres sont passés à 11 000 abonnés en 2001 et, selon une étude réalisée par Afrique Initiatives, en Janvier 2001, entre 70 000 et 80 000 sénégalais se connectent régulièrement à Internet via les 150 points d'accès publics (cybercafés, télécntres, ...) existants dans le pays3(*). Le nombre d'utilisateurs a accru de 150% entre 2000 et 20014(*). En 2008, le nombre d'utilisateurs était de 820 000 personnes. En 2009, le nombre d'abonnés à Internet s'élevait à 54 182 dont 52 914 à l'ADSL et 1286 au RTC, le nombre de point d'accès c'est-à-dire les cybercafés était de 800, le nombre de sites effectivement en ligne s'estimait à 21415(*). Ces chiffres traduisent l'intérêt particulier accordé à cette NITC dans ce pays. Les autorités étatiques ne ménagent en effet aucun effort pour faciliter aux populations l'accès et l'usage à Internet. Cela se traduit par la mise sur pied d'un cadre juridique et réglementaire propice à l'expansion des TIC, Internet en particulier, au Sénégal. La SONATEL a elle aussi dotée le pays d'une infrastructure de télécommunication performante qui a permis d'augmenter sensiblement la bande passante internationale, c'est-à-dire « la quantité maximale (ou le débit) de transmission des donnés d'un pays vers le reste du monde ». De 64 Kbps dès sa connexion en 1996, le Sénégal disposait en décembre 2000 d'une bande passante à l'international de 42Mbps. « Cela représente le plus gros débit à l'international d'Afrique de l'Ouest. A titre de comparaison, l'ensemble des bandes passantes des 15 autres pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) représente seulement un quart de ce débit »6(*). En 2003 grâce au raccordement du pays au câble sous marin ATLANTIS 2, SAT 3-WASC-SAFE, la bande passante était de 512 Mbps. Ce câble « est le seul au monde à relier Nord, Sud, Est et ouest »7(*). Il permet donc d'accroître de manière conséquente la connectivité internationale des pays africains et de jeter ainsi un grand pas vers la réduction de la fracture numérique. En outre, ce câble sous marin à permis à la SONATEL d'introduire au Sénégal l'Internet le haut débit à travers l'ADSL, technologie permettant d'avoir accès à Internet à partir d'une ligne de téléphone fixe. Avec l'ADSL, certains services d'Internet tels que la vidéo en ligne, les catalogues virtuels en 3D, la télévision, la visioconférence via Internet, le télétravail, etc. jusque-là peu accessibles aux sénégalais, seront désormais à leur portée. L'ensemble des efforts déployés par l'opérateur historique de télécommunication et la détermination des autorités étatiques envers les TIC font qu'aujourd'hui le Sénégal est cité en exemple en matière de connexion à Internet. En effet cette technologie y est de plus en plus utilisée par les acteurs politiques, sociaux, culturels, économiques, etc.
* 1 Robert Reix, 2005, Dictionnaire des systèmes d'information, Paris, Vuibert, p. 23 * 2 Bernard Eric, 2000, « Le développement des réseaux électroniques en Afrique : L'exemple du Réseau Intertropical d'Ordinateurs » Netcom, vol 14, n° 3-4, p 305. * 3 Les télécommunications au Sénégal, Fiche de synthèse, Mai 2001, cité par Aminata Fall, 2007, p * 4 Informatique et TIC au Sénégal, Fiche de synthèse, actualisation Avril 2002, cité par Aminata Fall, ibid. * 5 http://osiris.sn/article27.html * 6 BERNARD, Eric. Le déploiement des infrastructures Internet en Afrique de l'Ouest. Thèse Doctorat : Université Montpellier III, (version corr. 2004), p.218 * 7 BIDOLI, Marina. Africans now do it for themselves. Financial Mail, 07 Juin 2002, cité par El Hadj Malick Guèye, 2005, p. 36 |
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