Internet à Touba: approche géographique des usages du réseau dans les cybercafés de la ville( Télécharger le fichier original )par Paul Marie Benoit Mamadou DIOUF Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009 |
II- Les principaux secteurs d'activitésEn 2005, la population active de Touba s'élevait à 233 341 personnes (dont homme 76% et femme 24%), soit 22% de la population totale. Cette population oeuvrait dans trois principaux secteurs d'activité que sont le commerce (48%), l'artisanat (32%) et l'agriculture (19%). La catégorie « autre » constitue la part flottante de population active toubienne. Tableau n° 3 : répartition de la population toubienne selon le secteur d'activité
Source : CAUS, PDU Touba horizon 2020 La prédominance du secteur du commerce traduit bien l'urbanisation en cours à Touba. A ses débuts, cette localité n'était qu'un village où l'agriculture était la principale activité exercée par les populations. En 1973, elle occupait 53% de la population active. Mais à partir des années 1980, sa part commença à baisser (47% en 1988) pour atteindre 19% en 2005. Cette baisse progressive, même si elle s'explique par une baisse des performances pluviométriques, elle traduit également que « les mourides du business ont progressivement pris la place des marabouts de l'arachide »36(*). Ainsi donc avec l'urbanisation, les activités exercées se sont diversifiées et aujourd'hui, c'est le secteur tertiaire dominé essentiellement par le commerce qui occupe la plus grande partie de la population active de Touba. L'essor de l'activité commerciale dans cette localité s'explique dans une large mesure par sa fonction religieuse, sa situation géographique mais aussi et surtout par son statut d'exterritorialité. L'absence d'une brigade de gendarmerie dans l'espace cerné par la rocade favorise l'écoulement des produits frauduleux. En outre, dans cette zone beaucoup de marchandises ne sont pas taxés. Cette franchise concerne des produits comme les tissus pour l'habillement, les produits pharmaceutiques, les produits cosmétiques, les articles ménagers... Cette situation ne fait que renforcer le dynamisme du secteur. De nombreux acheteurs venant non seulement des localités environnantes mais aussi des autres centres urbains du pays et même de la sous région affluent ainsi vers la ville. Le marché Ocass et les autres marchés de quartiers, la rue marchande ou Avenue 28 (longue de 3km), les centres commerciaux, etc. sont autant de zones de chalandise que compte la ville de Touba. Le secteur de l'artisanat est également assez dynamique dans la ville. Elle était la deuxième activité exercée dans cette ville en 2005. Ce secteur pourrait largement contribuer à la relance du secteur primaire grâce notamment à la fabrication et à la maintenance des outils agricoles. Par ailleurs comme dans les autres centres urbains du pays, Touba abrite aussi un secteur privé moderne qui est en pleine émergence. Il est essentiellement constitué par les professions suivantes : le BTP, les services, le transport et communication, et les professions libérales. Le développement de ce secteur illustre l'urbanisation de cette localité. Toutefois, le caractère informel des principales activités exercées à Touba est à signaler. En 2005, le nombre des actifs du secteur informel s'élevait à 98 800 personnes, soit 42,34% de la population active. Conclusion : Touba est une ville religieuse où tout est organisé pour répondre à cette fonction spirituelle. Toute activité susceptible de distraire des obligations religieuses ou confrériques est prohibée dans cette ville, fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Même l'éducation classique n'y jouit pas d'un réel enthousiasme car étant considérée comme un vecteur de la civilisation occidentale. Par ailleurs, cette fonction religieuse et l'autonomie de gestion qui en découle d'une part et, de l'autre, l'essor de l'activité économique ont beaucoup contribué au peuplement massif et rapide de cette ville qui est devenue aujourd'hui la deuxième agglomération urbaine du pays avec ses 1 060 462 millions d'habitants. Cette urbanisation remarquable s'est accompagnée de mutations profondes qui agissent sur les modes de fonctionnement de la ville traditionnellement établis. L'autorité suprême de la ville ne parvient plus en effet à pérenniser sa mission régalienne de contrôle sur l'espace et sur les hommes. En s'urbanisant donc, Touba est devenue une ville comme les autres, ce qui est loin d'être conforme avec les souhaits exprimés par le fondateur dans Matlaboul Fawzeinie. La ville de touba se présente donc comme un cadre idéal pour mieux appréhender la problématique de l'appropriation d'Internet dans une ville religieuse, par des populations analphabètes et aussi les effets de cette technologie dans l'évolution un territoire quelconque. * 36 Ndiouma Faye, 2006, p. 14 |
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