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Pour quelle(s ) histoire(s ) d'être(s ) ? Associations 1901, inter relations personnelles et interactions sociales, un art de faire

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par Jean- Marc Soulairol
Université Lumière Lyon 2  - Diplôme des hautes études des pratiques sociales D. H. E. P. S.  2002
  

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Présenté par :

Jean-Marc Soulairol

POUR QUELLE(S)

HISTOIRE(S) D'ÊTRE(S) ?

Associations 1901, interrelations personnelles et interactions sociales,

un art de faire : L'étude d'un cas sur Valence (26), de 1997 à 2002, pour une

compréhension de l'application d'une pratique raisonnée de l'idée de valorisation de l'individu.

Tome I

Directeur de Recherche :

Bernard LAUGIER

Université Lumière Lyon 2 Collège Coopératif

I.S.P.E.F. Rhône - Alpes

Département des Pratiques

Educatives et Sociales

Mémoire déposé en vue de l'obtention du

Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales

D.H.E.P.S.

Lyon 2002

Remerciements

Depuis 1999, celui à qui je dois le plus, c'est sans conteste, Bernard Laugier, mon Directeur de recherche. Dès le départ, sans condition, il a su me faire bénéficier de sa haute compétence pour réussir à me "caler" dans la posture adéquate. Si la tâche fût compliquée, il n'a jamais affiché une quelconque hostilité, reniement ou réfutation de mes idées. En fait, me guidant, il a su respecter mon approche tout en se montrant exigent. Je tiens à souligner ma dette à son égard car nombre d'idées développées ici viennent de nos nombreuses discussions.

De 1989 à 1996, j'ai beaucoup appris auprès de mon ami Pierre, disparu trop vite de ma vie, véritable défi à la logique, capable d'une objectivité hors pair par une démonstration et celle de son contraire. En ce sens, il reste une exception et une énigme dans mon histoire.

Mais je dois aussi beaucoup à Claire et Jean, grands humanistes, qui m'ont donné l'envie de reprendre des études puis transmis bénévolement, jusqu'en 1998, leurs connaissances universitaires et leurs expériences professionnelles hors du commun.

Je dois aussi à tous les enseignants du Dheps et particulièrement à Isabelle Astier et Alain Kerlan qui ont su, chacun en leur temps, me guider en tant que "sources de réflexions et d'orientations". Mais surtout, grand merci à Joël Cadière dont les cours m'ont permis d'aborder les thèmes de ce travail selon un angle original.

Toutes ces personnes ont probablement exercé une influence décisive sur ma manière d'appréhender le monde aujourd'hui.

Bien sûr, je ne peux pas oublier la compagne de ma vie, mon épouse Lorette, extraordinaire personnage d'abnégation et de tendresse. Sans son soutien moral, ce travail n'aurait pas vu le jour.

Enfin, qu'il me soit permis, ici, de remercier chaleureusement tous mes frères et soeurs de coeur qui m'ont soutenu. Je veux parler de mes très nombreux amis.

Avec mon plus profond respect, merci mille fois.

Sommaire

Introduction générale 6

1. L'ASSOCIATION, DE L'INDIVIDU AU MICRO-GROUPE 19

1.1 Individu et changement : De l'étymologie au sens 21

1.1.1 De l'individu à son identité sociale 22

1.1.2 Vers une construction psychosociale de l'individu : le personnage 26

1.2 Individu, configuration et changement : une recherche identitaire 31

1.2.1 Devenir quelqu'un : angoisses et influences, démarches identitaires. 33

1.2.2 De l'individualisme à la relation à l'autre : la solidarité 35

1.2.3 L'identité, une série de transactions. 41

1.3 Individu, configuration, changement et micro-groupe : les valeurs, importance et ambivalence 44

1.3.1 Les valeurs : affaire de mots et d'idées mais aussi production de rapports sociaux 45

1.3.2 L'individu dans son groupe, un inventeur de manières de faire 53

1.3.3 L'hypothèse, des mots clefs pour construire un protocole de validation 56

Conclusion : repérer l'individu changeant à partir d'un modèle d'analyse 64

2. ENGAGEZ-VOUS, RENGAGEZ-VOUS, ILS DISAIENT 66

2.1 Ce qui a joué : Caractéristiques d'engagements 71

2.1.1 Du quantitatif au qualitatif : à la découverte de l'engagement 71

2.1.2 Trois facteurs majeurs d'influence pour justifier l'engagement 74

2.1.3 Trois catégories pour décliner la figure de l'adhérent 80

2.2 Ce qui joue : Caractéristiques de configuration 87

2.2.1 Perception de l'environnement associatif par le membre 87

2.2.2 La naissance de conditions favorables à la relation 90

2.2.3 Du rapport à la relation sociale 95

2.3 Ce qui se joue : Caractéristiques des maturations 102

2.3.1 Grandir son engagement ou se positionner dans le groupe 102

2.3.2 Développer sa relation sociale ou l'élaboration du sens 108

2.3.3 Confiance en l'autre, confiance en soi ou les processus de socialisation 111

Conclusion : Histoire(s) d'être(s) 115

3. DU BESOIN AUX ASPIRATIONS : JEUX, TACTIQUES ET STRATÉGIES 119

3.1 Aspirations et dynamiques de changement 123

3.1.1 Des aspirations à la satisfaction des besoins : ce qui pousse à agir 124

3.1.2 Aspirations de l'adhérent : trois notions successives ? 132

3.1.3 Les besoins-aspirations, une dynamique circulaire 140

3.2 Présentation de soi : les jeux, les enjeux 143

3.2.1 La configuration, un réseau de relations réciproques 144

3.2.2 De la représentation sociale à la présentation de soi 153

3.2.3 Présentations de soi : une production de fragments identitaires 157

3.3 L'usage de manières de faire : la quintessence du changement 163

3.3.1 "Se faire une place" 164

3.3.2 Tours et détours. Contours du changement 169

3.3.3 La part de l'autre 170

Conclusion : L'art et la manière 174

Conclusion générale 176

Références bibliographiques 186

Bibliographie 190

Index des auteurs 192

Table des illustrations 194

Table des matières 195

« Il est bien des merveilles dans ce monde,

il n'en est pas de plus grande que l'homme. »

(Sophocle, Vè s. av. JC)

Introduction générale

Après avoir été bénévole, deux ans durant, dans l'association sans but lucratif Compu's Club1(*), nous y avons été salarié à mi-temps jusqu'en juin 2001. Nos fonctions d'assistant de formation nous chargeaient du développement de la Section Ifac2(*), la branche "Formation Professionnelle et d'Éducation Populaire" de l'association.

Le Compu's Club est une association loi 1901. Son étiquette est celle des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC)3(*) ; nous traduisons, l'informatique et ses dérivés. Elle a été fondée le 2 octobre 1997 à Valence (Drôme). Aujourd'hui organisée en sept branches d'activités4(*). Au dernier "recensement", celui du 30 juin 2001, elle était composée de 167 adhérents5(*) d'origines et de profils divers âgés de 9 à 81 ans. L'association s'est donnée, dès sa création, la mission de développer des activités culturelles, éducatives et de loisirs afin de promouvoir l'entraide mutuelle et le service bénévole entre ses membres. En clair, elle utilise l'informatique « ...afin de permettre des échanges, des manifestations et des activités artistiques, éducatives, culturelles et de loisirs. »6(*). Pour commenter plus clairement ce postulat : elle propose l'outil informatique afin de favoriser la construction d'activités par les membres eux-mêmes. Ainsi, lorsqu'une idée a suscité suffisamment d'intérêts et généré suffisamment de mobilisations, l'association vote la fondation d'une nouvelle branche7(*). Laquelle branche est menée par une équipe de pilotage de un ou plusieurs membres menant à bien, indépendamment ou en partenariat avec d'autres branches, ses projets propres. Chaque branche est autonome dans son fonctionnement, sa gestion et sa trésorerie. Chaque membre peut y prendre une responsabilité8(*). En clair, la procédure de fondation d'une branche d'activité se déroule en trois étapes : 1) un membre exprime l'envie de lancer une nouvelle activité, 2) après délibération, le Conseil d'Administration "officialise" l'initiative par un document autorisant sa fondation et son autonomie de gestion et 3) ouverture d'un compte en banque garantissant son autonomie financière. En quelque sorte, une association stricto sensu dans l'association Compu's Club déclarée loi 19019(*). Ce fonctionnement et l'organisation même semblent originaux puisque nous ne connaissons pas d'autre association loi 1901 fonctionnant sur le même procédé. Par ailleurs, nous constatons que la participation régulière à au moins une des activités de cette association représentait 38% des adhérents. Par ce constat, l'apparente défection actuelle du monde associatif ne semble pas toucher l'association10(*). Les autres adhérents étant des adhérents que nous appellerons temporairement "consommateurs". Consommateurs plus ou moins assidus de l'informatique sans participation bénévole à une quelconque activité.

Pour présenter entièrement le Compu's Club il convient de s'attarder sur la signification du terme même de Compu's Club. "Compu" est le diminutif de computer (ordinateur en français). Ce terme indique bien l'identification au monde informatique. Le "'s" est particulièrement intéressant, il signifie l'appartenance à. Ce qui pourrait être interprété comme l'appartenance à une bande, une famille, une communauté voire une élite, celle de ceux qui utilisent l'informatique. Au même titre que ces cercles restreints ou ces confréries que peuvent sembler être le Ladies' Cicle International, le Maxim's Business Club ou le Lions' Club. Michel Maffesoli parle de clan, de tribu, lorsqu'il s'agit de s'agréger, d'être un membre d'un corps collectif : « le tribalisme rappelle empiriquement, l'importance du sentiment d'appartenance, à un lieu, à un groupe, comme fondement essentiel de toute vie sociale. »11(*) Pour lui, donc, le fait d'éprouver ensemble quelque chose est facteur de socialisation. Maffesoli dit aussi qu'il est de l'ordre de la passion partagée, de l'investissement émotionnel : « le fondement de tout être-ensemble [...] est "commerce des idées", "commerce amoureux" »12(*) Mais, si avec "'s" l'accent est mis sur ce qui unit, dans Compu's Club il y a aussi "club". Le terme de "club" correspond à une idée d'assemblée, de cercle d'amis. Mais un club c'est aussi ce qui sert à pousser les balles vers la cible, au golf. Alors quelles sont les conditions d'un "bon club", d'un club où il fait bon "pousser les balles" pour arriver à son but comme on pousse ses envies et ses désirs à se réaliser ? D'après les observations effectuées lors de notre pratique de bénévole, la réponse est à la fois simple et difficile : simple dans son expression et, il faut bien l'avouer, peu suivie dans sa réalisation. En clair, consensuellement, on s'accorde à dire que pour s'enrichir individuellement il faut se rencontrer, échanger, s'entraider mais chacun, naturellement, a tendance à proposer moins qu'il ne prend. Mais si un seul donne et les autres prennent la mission avouée de cette association reste impossible ! Le problème est bien, alors, de déterminer quelle est la motivation à la fondation de nouvelles activités et l'engagement des membres aux projets des branches de cette association.

En tant que praticien, un certain nombre d'autres "constats" ont attiré notre curiosité et suscité notre intérêt : qu'est-ce qui fait que cet adhérent s'investit de plus en plus dans les activités du Club ? Jusque-là notre pratique nous a fait simplement dire percevoir "quelque chose qui fait la différence" en comparaison des cinq autres associations que nous avons connu. Mais comment dépasser ces impressions premières ? Autrement dit, comment aller au-delà de ces observations de sens commun ? Comment expliciter sans ambiguïté ce que nous avons été amené à observer dans notre pratique ?

En tant qu'apprenti chercheur, notre position au démarrage de cette recherche relevait, avant tout, de l'observation13(*). A partir de cette nouvelle position et parce-que notre vision des faits évoluait, d'autres "constats" nous sont apparus plus facilement observables. Non pas seulement dans le temps comme d'une quantification mais plutôt dans le temps comme d'une qualification permettant de les décrire. Ces "constats" semblaient être des "changements", des "évolutions" des adhérents. Certains de ces "changements" étaient exprimés spontanément par les intéressés eux-mêmes comme un "mieux-être", un "mieux vivre". A partir de ces expressions énoncés par l'adhérent, nous avons pu relever que certains semblaient "aller mieux" dès lors qu'ils se regroupaient ou participaient à un projet de l'association. Serait-ce à dire que cette simple pratique de "décentralisation" et d'appartenance à un groupe permettrait d'engendrer une reconnaissance-valorisation des adhérents ? Elle-même, générant une motivation "naturelle" et un développement personnel indissociable de la notion de projet ? De même, l'identification du projet, l'identification au projet, l'identification au groupe expliquerait-elle, en partie, que 38% des adhérents du Compu's Club soient actifs ? Pour Lévi-Strausss « l'espace est une société de lieux-dits, comme les personnes sont des points de repère au sein du groupe. »14(*) voulant dire, par là, qu'il s'agit de classer l'autre et de se classer soi-même. Si c'était le cas, en quoi et comment cette formation de projets et cette identification participeraient-elles à la (re)dynamisation de certains adhérents ? Serait-ce ses aspects de responsabilisation, d'interactions sociales, de points de repères au sein du groupe ?

D'un exemple, voici une observation de ces faits à propos d'une des sept branches de l'association : la section Littérature15(*). Cette branche a réunie, de juin 1999 à novembre 2001, huit chômeurs d'une moyenne d'âge de 46 ans. Le pilote de la branche, journaliste en disponibilité, a échafaudé un projet de livre écrit à plusieurs mains. Il s'agissait de construire et d'éditer un roman de fiction, de 1644 à nos jours, tiré de la réalité et nourrit de faits vécus par les participants. Ils se retrouvaient une fois par semaine environ. A notre connaissance aucun sous-groupe ne semblait s'être constitué hormis ceux nécessaires à l'écriture. Cette section a fait les honneurs de la presse et de plusieurs médias, dont la télévision, à plusieurs reprises. Leur projet était dirigé par un écrivain professionnel. De nombreux partenaires financiers, tant entreprises que fondations et particuliers, ont subventionné leur "démarche d'insertion par l'écriture". Ils ont exprimé le fait que perdre leur travail a été synonyme d'exclusion des choses de la vie quotidienne, face à des interlocuteurs qui demandent inlassablement les incontournables « trois dernières feuilles de paye ». Ainsi a émergé le projet "Échap", initié par un membre de l'association pour construire un livre permettant de prendre la parole, d'exprimer des idées, des constats, des désirs, à propos de la société dans laquelle on vit. Seuls ceux qui ont retrouvé un emploi participaient moins voire plus du tout pour se retrouver, à la sortie du livre fin 2001 à trois auteurs. Quatre personnes avaient retrouvé du travail et une cinquième était sur le point de démarrer son entreprise. Nous nous expliquons mal pourquoi, tout à coup, après deux à quatre années de chômage, ces membres avaient subitement retrouvé un emploi. Un seul aurait indiqué de la chance, deux du hasard, mais quatre sur huit nous signifient qu'il se passe "autre chose" dans cette branche.

Il serait trop fastidieux d'inventorier ici chacune des sept branches du Compu's Club. D'autant que les mêmes "constats de changements" peuvent être observés : engagement, réinsertion professionnelle, ... Mais pour bien circonscrire l'observation de ces faits, au titre d'un seul autre exemple, considérons, en quelques mots, la branche Finance : CEB16(*). Le maître mot de cette Section était de « se réunir entre amis pour s'initier aux mécanismes de la finance et avoir une volonté conviviale de compréhension du monde économique pour, à terme, créer un club d'investissement17(*), un jeu de société, aider à l'investissement. » Ainsi, une douzaine de membres de 27 à 74 ans se réunissaient tous les quinze jours pour réellement jouer en Bourse l'argent qu'ils thésaurisaient chaque mois. Ils obtenaient des résultats, ce qui semblait les stimuler ! Est-ce une des raisons qui a permis à trois d'entre eux de retrouver du travail ? Existe-t-il un lien de causalité entre un travail retrouvé et l'ambiance de cette branche ? Pourquoi ce membre-ci, ou celui-là, se sentaient moins isolés et semblaient mieux supporter la solitude de leur retraite ? Mais si d'autres personnes les ont rejoints depuis, pourquoi certains ont abandonnés ?

Ainsi, à partir de l'ensemble des observations énoncées précédemment, il nous est donc apparu une vaste étendue d'interrogations. Ces interrogations constituent l'objet même de notre recherche. Mais cela appelle à de nouveaux questionnements. Si nous nous référons au projet majeur avoué du Compu's Club qui est de "valoriser l'individu"18(*). Comment cette idée de "valorisation de l'individu"19(*) peut-elle faire l'objet d'une pratique au sein d'une association loi 1901 ? En posant cette interrogation il apparaissait que la problématique avait un corollaire évident : pourquoi un individu valorisé serait un indicateur de son propre changement ? Ceci posé, nous avons relevé une piste, précisément celle que nous annoncions plus haut : dès la fondation de l'association en 1997, il fut choisi par le fondateur l'outil informatique parce que, pour lui, il « semble être incontournable en ce début de millénaire pour aider à "être dans la société"20(*) ». Mais, si les TIC sont imaginées comme un outil-prétexte-alibi à la rencontre entre individus, nous pouvons légitimement supposer qu'elles sont une première étape indispensable à leur "mieux-être".
Muscler avec Philippe Breton (le culte de l'Internet) ou WoltonAlors, pourquoi et dans quel contexte, quelquefois, des instants de discussions informelles et spontanées se créent autour d'une table alors que le matériel reste inoccupé ? De même, si le choix de l'informatique est un outil à la fondation de plusieurs activités informatiques, pourquoi des activités inattendues axées, non plus uniquement sur les TIC, mais aussi (et surtout) sur les relations humaines, la responsabilité, le bénévolat et l'autonomie apparaissent ? Par exemple et pour n'en citer que quelques unes : une branche Bourse, une branche Littérature ou l'organisation de soirées thématiques (devenues pour un temps "Les Inforums du Club", puis abandonné), cercles de discussions autour de thèmes comme "l'éthique informatique et l'individu" et "citoyenneté, économie d'entreprise et informatique" entre autres. Bref, nous avons été amené à nous demander pourquoi et de quelle manière cette association semblait participer au "changement", à "l'évolution" de certains de ses membres21(*) au delà de l'outil informatique.

Par ces deux côtés, l'adhérent constaté changé et ce club informatique contexte à valorisation de l'individu, nous voulons comprendre ce qui fait lien entre l'association et l'individu, c'est-à-dire que nous rechercherons quelles sont les clefs, les mécanismes qui semblent provoquer ces changements. Mais également ce qui se passe entre les adhérents et comment ils agissent pour "être dans l'association", "être dans le monde". En clair :

Qu'est-ce qui fait que certains membres de ce club informatique semblent, indépendamment de l'outil, changer ?

En conséquence, nous seront amené à parler de deux groupes de recherches liées :

- celles qui touchent au contexte dans lequel évoluent les membres de l'association,

- celles qui touchent aux relations interpersonnelles des individus constitués en branches dans cette association.

Nous voulons nous intéresser à ces deux centres de préoccupations simultanément. C'est donc vers la psychosociologie que nous nous dirigerons. Parce-que, ce qui caractérise la psychosociologie est « l'obligation dans laquelle [elle se trouve] de [s']occuper, d'une façon constante, simultanée et interdépendante, et de l'individu et de la société [(en l'occurrence l'association)] liés en une étroite interaction. » 22(*)

A partir de ce champ, nous approcherons, d'une part, les processus de représentations sociales, de présentation de soi et d'identifications. Parce-que « les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique, orientée vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéal. »23(*) La présentation de soi, quant à elle, appelle aux jeux des apparences dans la relation aux autres ; c'est-à-dire que l'individu « adopte une perspective "théâtrale" [...] pour contrôler l'image qu'il donne de lui même » 24(*) aux autres dans ses activités. Enfin, l'identification signifie « l'activité par laquelle un individu s'assimile à un ou plusieurs autres »25(*) ; elle s'appuie donc « sur un noyau émotionnel, sur un cadre pragmatique, sociologique. »26(*) De plus, « l'identification est [...] un moyen puissant de projection sur l'avenir. Elle permet la socialisation anticipée et la définition de soi. »27(*) Ainsi, la représentation (sociale et de soi) et l'identification sont pertinentes pour notre recherche parce-que nous pourrons nous occuper de l'adhérent dans son rapport avec les autres et avec le contexte environnemental Compu's Club.

D'autre part, nous approcherons, un concept peu courant, celui de configuration au sens où Norbert Elias l'entend : « Ce qu'il faut entendre par configuration, c'est la figure globale toujours changeante que forment les joueurs ; elle inclut non seulement leur intellect, mais toute leur personne, les actions et les relations réciproques. »28(*) Pour indiquer la pertinence de ce concept Elias donne un exemple, une partie de cartes : « Quatre hommes assis autour d'une table pour jouer aux cartes forment une configuration. Leurs actes sont interdépendants. [...] Ni le "jeu" ni les "joueurs" ne sont des abstractions. Il en va de même de la configuration que forment les quatre joueurs autour de la table. [...]Comme on peut le voir, cette configuration forme un ensemble de tensions. L'interdépendance des joueurs, condition nécessaire à l'existence d'une configuration spécifique, est une interdépendance en tant qu'alliés mais aussi en tant qu'adversaire. »29(*). Ainsi, par ce concept de configuration, nous pourrons nous occuper de l'adhérent dans ses relations avec les autres au sein de l'association mais sous l'angle des interactions. C'est-à-dire, pour suivre Elias, nous pourrons repérer l'existence supposée d'un ensemble de dynamiques relationnelles, de stratégies interpersonnelles et de relations variées, polyvalents et simultanées entre l'association et l'adhérent, entre les adhérents. Parce-que, « c'est l'équilibre de tensions propre à chaque configuration qui permet de définir les marges d'exercice de la "liberté" ou du "pouvoir". »30(*)

Mais, exprimé comme nous l'avons fait jusqu'à présent, cet ensemble ne nous paraît pas totalement satisfaisant parce qu'il n'explique pas suffisamment. Il faut aller plus loin, c'est-à-dire trouver un lien, quelque chose qui lie les éléments entre eux, les fait interagir, les met en interrelations. Le concept de configuration, cité précédemment, porte en lui de nouvelles perspectives théoriques. Ce qui domine c'est l'interdépendance des situations jouant sur l'opposition entre adversaire et allié, entre distance et rapprochement, entre échange et retrait. Ainsi, il nous semble possible qu'il y ait, dans une configuration, l'émergence d'un nouvel état, différent de la somme de chacune des parties qui le compose. En d'autres termes, il nous apparaît une atmosphère fluctuante, un "espace" commun indéfinissable, impalpable presque irrationnel et omniprésent mais observable dans certains cas. Autrement dit, nous imaginons un lien intime formant un ensemble indissociable, fusionné, un égrégore31(*) qui resterait indéterminé. C'est l'idée du modèle d'Aristote quand il dit que « si chacun apporte son écot à un pique-nique, il sera meilleur que celui où un seul le prépare. Ce qu'Aristote met en scène, c'est que même ceux qui n'ont rien apportés, apportent quelque chose d'essentiel, en particulier ils apportent ce qui permet que le tout soit plus que la somme des parties »32(*). En fait, ce qui semblerait unifier, faire alchimie, ce serait un certain nombre de façons d'être et d'agir des individus qui émergeraient lors de circonstances particulières, à des moments adéquats et, simultanément, des "moyens d'action singuliers" et informels seraient utilisés dans les interrelations sociales. Nous essaierons de le découvrir à partir des valeurs et des représentations individuelles et communes parce-que, chacun des thèmes abordés renvoie à cet aspect reliant en tant qu'il a affaire avec les valeurs et l'intériorisation de normes et, partant de là, avec l'identité sociale qui se rapporte à un objet (identité collective) et à soi (identité personnelle). Si nous partons du fait qu'une identification n'est pas possible sans raison, alors 1) l'identité à un objet concerne l'identification à des projets partagés pour échapper à la dépendance et à la fascination narcissique. Si pour Firth « l'identité est le partage de tous les traits particuliers. » elle peut être, aussi le partage seulement de certains de ces traits. Ceci, reste valable même si le sens des identifications, variables d'une culture à l'autre, est établi par toute société entre certains êtres en excluant les autres. A ce niveau, l'identité des individus relève d'un schème d'appartenance plus englobant : l'identité de groupe, de clan. 2) l'identité personnelle concerne la perception de soi-même dans le temps et la perception de la différence par rapport aux autres, c'est-à-dire un système de significations, de valeurs, d'orientations, de sens par lequel le sujet se singularise et dont les dimensions dépendent, pour une large part, des idéologies de la personne (qui traverse une culture donnée) s'instituant comme valeur et par des valeurs33(*). Cela semble donc dévoiler "un lieu interactif"34(*) commun, un "moyen" informel d'interaction, une "forme" invisible mais apparaissant quelquefois puis disparaissant, tout en existant toujours, au gré des relations interpersonnelles. Michel de Certeau parle d'arts de faire : « plus qu'il n'y est représenté, l'homme ordinaire donne en représentation le texte lui-même, dans et par le texte, et il accrédite de surcroît le caractère universel d'un lieu particulier où se tient le fol discours. »35(*)

Toutes ces descriptions, que nous allons développer par la construction d'un modèle d'analyse dans la première partie de ce document, nous amènent à avoir une vision transversale de l'adhérent en tant qu'il est influencé par les autres adhérents ou par l'association. Résumons-nous :

- le contexte socio-associatif du Compu's Club, la configuration, le principe fondateur36(*),

- les relations interpersonnelles, l'identification, les façons d'agir / d'être des adhérents,

- l'émergence d'un ciment - un "lieu" informel mais observable, un "moyen" d'agir,

étant posés précédemment, nous sommes en mesure, maintenant, de soumettre une hypothèse provisoire du phénomène de changement constaté auprès de certains adhérents :

Plus un individu utilise, dans une contingence, les moyens de devenir "être relationnel" et en "représentation", plus cet individu accède à un statut d'individu.

Pour simplifier sous une forme schématique, l'hypothèse peut se présenter comme suit :

Hypothèse

Cette hypothèse prendra appuie sur les trois voies précédentes. C'est-à-dire,

û la représentation / identification,

û la configuration et

û un "espace-moyens" fluctuant.

Ces trois voies, nous paraissent les plus fécondes parce-qu'elles nous permettent d'approcher des éléments d'explications possibles de notre question de départ selon deux lignes de force : l'association vue en tant que "cadre pragmatique" mais aussi "noyau émotionnel", et les projets des branches en tant qu'aspects reliants sociologiquement mais aussi noyau sentimental, affectif. Ces perspectives ont l'avantage de nous permettre de fournir un cadre interprétatif des relations interpersonnelles et d'identité personnelle des adhérents. De plus, cela permettra d'éclairer les changements constatés à partir de la façon d'être de l'adhérent dans ses relations pour s'engager et se motiver. Nous relèverons, alors, les mécanismes qui semblent avoir permis a des adhérents de changer et nous essaierons de comprendre, modestement, ses articulations, ses conséquences. Pour ce faire, nous partirons 1) de l'état de ce qui a été capitalisé dans nos lectures sur le sujet depuis 1991, début de notre préoccupation sur les relations interpersonnelles, et 2) de la manière dont nos interrogations se sont révélées au Compu's Club précisément, lors de notre pratique de bénévole puis de salarié. Autrement dit, de ce qui nous a conduit à faire ce choix, c'est-à-dire, vouloir comprendre les changements constatés qui ont permis à certains adhérents de se relancer une dynamique37(*). Ainsi, nous approcherons l'adhérent, son identité et ses relations interpersonnelles avec les critères, la logique, la nature et les dimensions de l'association Compu's Club. Ceci, afin de savoir ce qui joue, se joue ou a joué dans le phénomène de changement apparent. Donc, essayer de répondre à notre incompréhension du phénomène de changement apparent de l'adhérent de cette association, ce pourra être une mise à jour des processus qui en organisent les façons différentes et singulières d'être et d'agir en même temps que les dynamiques relationnelles et les sentiments d'appartenances. Autrement dit, repérer les façons d'être et d'agir dans la configuration Compu's Club afin d'essayer d'en comprendre le sens. Nous pouvons, dès lors, faire deux remarques. 1) "Donner du sens à une interaction sociale" devrait passer d'abord par un cadre pratique et émotionnel ; et dans notre cas il s'agit de l'association en tant que contingence. Cette première piste se veut originale et spéculative. 2) "Donner du sens à une interaction sociale" devrait passer, aussi, par la nécessité d'échanger, de se rencontrer donc de s'identifier et d'interagir. Nous voulons dire, à participer à des projets permettant l'engagement et la responsabilisation en tant que principe d'auto-nomie (statut d'individu). Ce sera notre deuxième piste qui se veut argumentée, et aussi controversée mais semble avoir un corollaire : le changement de certains adhérents au sein de l'association.

Dans une première partie, nous envisageons développer les thèmes, concepts, notions et théories en jeux. Ce qui va permettre d'éclairer les présupposés sur l'individu38(*), son identité, ses valeurs, mais aussi l'occasion de formuler des repères en abordant la configuration Compu's Club, les interactions, les relations interpersonnelles. Cette partie fortement théorique a pour but de construire un cadre d'analyse du phénomène de changement observé à partir des pistes qui émergeront progressivement et de leurs articulations. Nous commencerons par l'individu parce qu'il est le point de départ de notre interrogation et notre réflexion. Dans le premier chapitre, nous trouverons comment il se pense aujourd'hui, ce qu'il est, ce qu'il produit. Dans le second, nous chercherons, chez cet individu, une de ses particularités : nous parlerons identité et identification. Dans le troisième et dernier chapitre, nous nous attacherons à trouver des pistes permettant une compréhension des dynamiques relationnelles. Nous aborderons les valeurs, les interactions et les relations interpersonnelles.

Dans la seconde partie, nous construirons le protocole de validation et ferons part de nos méthodes d'investigations. Ainsi nous mettrons en place des outils pouvant tester notre hypothèse à partir du modèle d'analyse construit dans la première partie. Même si nous avons abordé l'objet de ce travail à partir de nos quarante mois d'observations de bénévole puis de salarié, pour parvenir à mettre à l'épreuve des faits l'hypothèse provisoire nous construirons un questionnaire pour effectuer des entretiens semi-directifs. Nous retiendrons dix adhérents ayant changé. Notre méthode de travail consistera, alors, à rencontrer des adhérents ayant retrouvé (quelquefois retrouvé puis perdu) une dynamique par leur implication dans l'association. A fins d'analyses, l'enquête envisagée abordera ce qui a amené l'adhérent à rejoindre l'association, ce qu'il y fait et comment il le fait, enfin, ce qu'il y trouve. En clair, ce qui semble avoir joué, semble jouer et semble se jouer dans le changement apparent de l'adhérent. Ceci, dans le but de faire émerger les articulations de la configuration et nous préparer à la compréhension des mécanismes du phénomène de changement constaté.

A partir de là, il conviendra d'expliciter, dans la troisième partie, les conventions que l'adhérent exploite dans ses relations avec les autres dans le contexte Compu's Club.

PREMIERE PARTIE

* 1 Voir Annexe 1.

* 2 Ifac : Institut de formation de l'association Compu's Club.

* 3 NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Appelés aussi TIC : Technologies de l'Information et de la Communication ou NTI, Nouvelles Technologies de l'information. qualifiées parfois de "technologies de l'intelligence".

* 4 Depuis la mi-2001 plusieurs nouvelles branches se sont créées, voir annexe 1.

* 5 Dont 103 adhérents à jour de leur cotisation.

* 6 Extrait des statuts de l'association.

* 7 La branche est aussi appelée section ou activité par certains membres.

* 8 Voir annexe 1 pour plus de détails.

* 9 Nous trouvons là les deux acceptions d'ampleur différente du terme association : 1) en un sens générique, il sert à désigner tout groupement volontaire et permanent formé entre plusieurs personnes ; 2) en un sens spécifique, proprement juridique (loi du 1er juillet 1901), il désigne « la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité, dans un but autre que de partager des bénéfices. »

* 10 Ce pourcentage semble élevé en comparaison des chiffres de l'enquête du Credoc "Les Français et la vie associative" (13%) Voir Annexe 2.

* 11 Maffesoli, Michel, Le temps des Tribus, La table ronde, 2000, p.XII.

* 12 Maffesoli, M., Le temps..., ib., p.XI.

* 13 Observation avec participation observante parce que notre position était déjà prise au sein de l'organisation au moment de l'observation.

* 14 Lévi-Strauss, Claude, L'identité, émission de France Culture (Partage d'exotisme), 05-08-00, 90'.

* 15 Voir Annexe 1.

* 16 CEB : Comprendre l'Économie et la Bourse. Voir Annexe 1.

* 17 Ce qui fût fait en janvier 2001.

* 18 Cf. les propos de son fondateur.

* 19 La valorisation de l'individu doit être interprétée comme un ensemble d'actes et d'actions autour de valeurs partagées permettant « une [mise en] capacité d'autonomie conduisant à l'affirmation de l'individu comme principe, comme valeur ». Renaut, Alain, L'individu, Hatier, coll. Optiques, 1995, p.6.

* 20 « Pour être dans le monde », nous dirait Louis Dumont : Individu-dans-le-monde / Individu-hors-du-monde : « L'individu, s'il est "non social" en principe, en pensée, est social en fait : il vit en société, "dans le monde". En contraste, le renonçant indien (Indes) devient indépendant, autonome, un individu, en quittant la société proprement dite, c'est un "individu-hors-du-monde" ». Dumont Louis, Homo aequalis, 1976.

* 21 Nos observations constatent, rappelons-le, un apparent changement. Or le changement d'un membre peut échapper à notre observation. Pour faire court, nous dirons que "certains membres" signifie que l'on doit réunir les éléments suivants : 1) il faut le côtoiement entre nous et l'observé, 2) il nous faut connaître un état antérieur de l'observé et 3) il faut une période d'observation suffisamment longue que nous apprécierons au cas par cas.

* 22 Encyclopædia Universalis, Cd-Rom, 1998. A partir des définitions de la psychologie sociale que nous avons été amené à remarquer, lors des cours de Dheps de deuxième année auprès de Georges Eid, 1) la jeunesse du champ, apparue dans un livre de Tarde, "Etudes de psychologie sociale", vers 1891, 2) la difficulté de définir le concept : « étude de l'homme en société » (Mac Dougal, Introduction à la psychologie sociale, 1908) ; « étude de l'homme en société, elle peut-être centrée sur l'homme individuel ou sur la société comme telle » (Foulquié, Dictionnaire de la langue philosophique, 1962) ; « étude des rapports entre l'homme et la société ou ce qui en tient lieu dans le monde contemporain » (Abraham Mole, Théorie des objets, années 70) ; « étude des articulations au sein des individus, entre individus et groupe social, entre groupe social et milieu » (Wilhem Doise, L'explication de la psychologie sociale, vers 1980) ; « Interaction des processus sociaux et psychologiques au niveau des conduites concrètes. Interaction des personnes et des groupes dans le cadre de la vie quotidienne » (Maisonneuve, Jean, Introduction à la psychosociologie).

* 23 Jodelet, Denise, Représentations sociales : phénomènes, concepts et théories, in Moscovici, Serge, Psychologie sociale, Puf, 1984, p.357.

* 24 Goffman, Erving, 1959 in Moscovici, Serge, Psychologie sociale des relations à autrui, Nathan, coll. Fac, 2000, p.48.

* 25 « On distinguera le processus psychologique d'identification à autrui, étape essentielle, pour Freud, de la constitution de la personne humaine, des identifications à des groupes plus vastes, identification à sa famille, à un groupe de pairs, à sa profession, à sa classe, à son pays. » Dictionnaire des sciences humaines - Anthropologie/Sociologie - Nathan, p.173.

* 26 Firth, Raymond-William, Encyclopædia Universalis 1998 à Firth.

* 27 Dictionnaire des sciences humaines, ib.

* 28 Elias, Norbert, La société des Individus, Fayard, coll. Pocket, 1991, p.14.

* 29 Elias, Norbert, Qu'est-ce que la sociologie ?, Pandora/Des Sociétés, 1981, pp.156-157.in Elias, N., La Société..., ib.

* 30 Elias, N., La Société..., ib., p.17.

* 31 «En réfléchissant, ce que nous avons en réalité sous les yeux tous les jours, qui nous permette de comprendre comment la multitude d'individus isolés forment quelques chose qui est quelque chose de plus et quelque chose d'autre que la réunion d'une multitude d'individus isolés» Elias, N., La Société..., ib., p.41.

* 32 Barbara Cassin, Chercheuse au CNRS, in l'émission de télévision Les mots de la psychanalyse - l'équité, La Cinquième, 17 avril 2000. Norbert Elias prend l'image d'un «filet qui est fait de multiples fils reliés entre eux. Toutefois ni l'ensemble de ce réseau ni la forme qu'y prend chacun des fils ne s'explique à partir d'un seul de ces fils, ni de tous les différents fils en eux-mêmes ; ils s'expliquent uniquement par leur association, leur relation entre eux. Cette relation crée un champ de forces dont l'ordre se communique à chacun des fils, et se communique de façon plus ou moins différente selon la position et la fonction de chaque fil dans l'ensemble du filet. La forme du filet se modifie lorsque se modifient la tension et la structure de l'ensemble du réseau. Et pourtant ce filet n'est rien d'autre que la réunion de différents fils ; et en même temps chaque fil forme à l'intérieur de ce tout une unité en soi ; il y occupe un place particulière et prend une forme spécifique» Elias, N., La société..., ib., p.15.

* 33 Pour Renaud Sainsaulieu « l'individualité [se situe] non pas comme une entité de départ sur laquelle se construit le monde social, mais bien comme le résultat du jeu des relations socialement inscrites dans l'expérience de la lutte et du conflit ».

* 34 « Nous ne parvenons à une conception indiscutablement claire du rapport de l'individu et de la société qu'à partir du moment où l'on inclut dans la théorie de la société le processus d'individualisation, le devenir permanent des individus au sein de cette société.» Elias, N., La Société..., p.63.

* 35 Certeau, Michel (de), L'invention du quotidien 1. arts de faire, Gallimard, coll. folio/essais, 1990, p.14.

* 36 Voir pages précédentes. Le principe fondateur est basé sur l'échange et l'entraide bénévole qui implique de ne pas distinguer celui qui aide de celui qui est aidé. Chacun peut rejoindre le Compu's Club pour soutenir et aider les autres au travers des différentes activités, participant ainsi à la valorisation des autres et à la sienne propre ce qui permet l'implication autonome et responsabilisante du membre.

* 37 Dans le but de faciliter notre compréhension des articulations des divers mécanismes en jeu il est utile d'exprimer ce que nous entendons par "redynamisation" ou "retrouver une dynamique". "Retrouver une dynamique" est le passage d'un état vers un autre état sous-entendant une amélioration. Cette amélioration doit pouvoir être observable, mesurable et évaluable par des outils appropriés, ou bien (pourquoi pas ?) exprimée par le sujet bénéficiaire, lui-même, comme un "mieux être", un "mieux vivre". Alors, si une "dynamique" est le passage d'un état à un autre, il doit s'agir d'un mouvement, d'une action, d'une énergie. Cela signifie que "retrouver une dynamique" est aussi en relation avec le temps, la durée.

* 38 Renaut, A., L'individu, op. cit., p.6. Dumont, Louis, Homo aequalis (1976) et Essais sur l'individualisme, Coll. Esprit/Seuil, 1991. Ehrenberg, Alain, L'individu incertain, Calmann-Lévy, coll. Pluriel, 1995. Elias, Norbert, La société des individus, Fayard, coll. Pocket, 1987.

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