La liberté du sujet éthique chez Kant et Fichte( Télécharger le fichier original )par Christophe Premat Université Paris I - DEA d'Histoire de la Philosophie 2000 |
CONCLUSION :L'interpersonnalité ouvre de nouvelles perspectives à l'éthique, elle permet l'auto-réalisation de l'individu en même temps qu'une éthique de responsabilité communautaire et sociale. L'impératif prend alors un nouveau sens, car l'homme en s'y soumettant, le réeffectue de manière positive en saisissant son authenticité, celle qui s'inscrit dans une relationnalité subsistante. On atteint de ce fait la vérité d'un vouloir moral qui désigne le passage de l'idéalité à la réalité à travers la constitution d'un monde selon le concept de liberté. La liberté du sujet éthique transforme le sujet et l'installe dans un espace réel de communication et d'interaction non-répressive et positivement libre. Chez Kant, la liberté du sujet éthique s'accomplit dans un lien communautaire idéalisé, cet accomplissement restant purement formel et normatif, ce qui fait par ailleurs sa force. Si la philosophie fichtéenne s'oriente vers une doctrine réelle de la morale en donnant un contenu au devoir-être, il ne faut cependant pas oublier que la liberté chez Kant reste enracinée dans sa factualité. Dire qu'elle est un fait, c'est affirmer qu'elle est un objet pour un concept, dont la réalité objective peut être prouvée. Elle est d'autre part une Idée et « parmi toutes les Idées de la raison pure, c'est la seule dont l'objet soit un fait et qui doive être comptée parmi les scibilia. »128(*) La réalité objective de la liberté présente une objectivité différente de celle des choses naturelles, car elle requiert une effectivité purement pratique. C'est en effet dans l'agir pratique que la réalité de la liberté est expérimentable : la liberté du sujet éthique constitue le mode privilégié de l'effectivité de la factualité de cette liberté, son accomplissement prouve par là même son essence. L'essence de la liberté ne précède pas la liberté, elle est à réaliser et c'est dans cette réalisation que l'homme est interpellé comme homme, c'est-à-dire comme personne, fin en soi et donc membre de la communauté éthique. Le sujet devient un maillon essentiel dans la chaîne du monde spirituel, la volonté de la communauté influant sur lui par la voix de la conscience, et lui indiquant comment il doit agir pour influer à son tour sur elle par sa libre obéissance.
BIBLIOGRAPHIE :A) Ouvrages concernant Kant : 1) OEuvres de Kant : -OEuvres philosophiques de Emmanuel Kant, sous la direction de Ferdinand Alquié, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, Volumes I, II et III. Toutes les citations concernant cette édition indiquent la référence à l'édition de l'Académie de Berlin (Ak.), suivie de la page et du volume de l'édition française. -Réflexions sur l'éducation, Trad. franç. Alexis Philonenko, éditions Vrin, Paris, 1966. -Critique de la raison pure, Trad. franç. Tremesaygues et Pacaud, troisième édition, éditions PUF, Paris, 1963. -Vers la paix perpétuelle, Trad. franç. JF Poirier et Françoise Proust, éditions GF Flammarion, Paris, 1991. -Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Trad. franç. Luc Ferry, éditions Gallimard, Paris, 1985. -Qu'est-ce que les Lumières ?, Trad. franç. Heinz Wismann, éditions Gallimard, Paris, 1985. -Critique de la raison pratique, Trad. franç. François Picavet, éditions PUF, Paris, 1960. -Critique de la raison pratique, Trad. franç. Luc Ferry et Heinz Wismann, éditions Gallimard, Paris, 1985. -Critique de la faculté de juger, Trad. franç. collective, éditions Gallimard, Paris, 1985. -Doctrine du Droit, Trad. franç. Alexis Philonenko, éditions Vrin, Paris, 1971. -La religion dans les limites de la simple raison, Trad. franç. Gibelin, éditions Vrin, Paris, 1952. -Anthropologie d'un point de vue pragmatique, Trad. franç. Alain Renaut, éditions GF-Flammarion, Paris, 1993. -Lettres sur la morale et la religion, Trad. franç. Jean-Louis Bruch, éditions Aubier Montaigne, Paris, 1969. 2) Études sur Kant consultées : -CARNOIS B., La cohérence de la doctrine kantienne de la liberté, éditions Seuil, Paris, 1973. -CASTILLO M., Kant et l'avenir de la culture, éditions PUF, Paris, 1990. -GOYARD-FABRE S., Kant et le problème du droit, éditions Vrin, Paris, 1975. -DELBOS Victor, La philosophie pratique de Kant, éditions PUF, Paris, 1969. -KRÜGER G., Critique et morale chez Kant, Trad. franç. Éric Weil, éditions Beauchesne, Paris, 1961. -PHILONENKO A., Théorie et praxis dans la pensée morale et politique de Kant et de Fichte en 1793, éditions Vrin, Paris, 1968. -TOSEL André, Kant révolutionnaire, Droit et politique, éditions PUF, coll. Philosophies, Paris, 1988. -VIALATOUX Joseph, La morale de Kant, éditions PUF, coll. « Initiation philosophique », Paris, 1960. -VLACHOS G., La Pensée politique de Kant, huitième édition, éditions PUF, Paris, 1962. 3) Articles sur Kant : -BOBBIO N., « deux notions de la liberté dans la pensée politique de Kant », Annales de philosophie politique, Paris, 1962. -MUGLIONI Jean-Michel, « La paix selon Kant », L'Enseignement philosophique, Paris, juillet-août 1995. -MUGLIONI Jean-Michel, « Kant et les Lumières », L'Enseignement philosophique, Paris, septembre-octobre 1987. -WILFERT J., « Kant, l'Aufklärung et l'ironie de la raison », L'Enseignement philosophique, Paris, septembre-octobre 1987. B) Ouvrages concernant Fichte : 1) OEuvres de Fichte : - OEuvres choisies de philosophie première, Trad. franç. A. Philonenko, éditions Vrin, Paris, 1964. - Discours à la Nation allemande, Trad. franç. S. Jankélévitch, éditions Aubier, Paris, 1981. - Discours à la Nation allemande, Trad. franç. A. Renaut, Imprimerie nationale, 1992. - Le système de l'éthique d'après les principes de la doctrine de la science, Trad. franç. Paul Naulin, éditions PUF, Paris, 1986. - Fondement du droit naturel selon les principes de la doctrine de la science, Trad. franç. A. Renaut, éditions PUF, Paris, 1984. - La destination de l'homme, Trad. franç. Jean-Christophe Goddard, éditions GF-Flammarion, Paris, 1995. -Machiavel et autres écrits philosophiques et politiques de 1806-1807, Trad. franç. Luc Ferry et Alain Renaut, éditions Payot, Paris, 1981. 2) Ouvrages sur Fichte : - BOURGEOIS B., L'idéalisme de Fichte, éditions PUF, Paris, 1968. -DELBOS V., De Kant aux postkantiens, éditions Aubier, Paris, 1992. - GODDARD J-C, La philosophie fichtéenne de la vie, le transcendantal et le pathologique, éditions Vrin, Paris, 1999. - GUEROULT M., Études sur Fichte, éditions Aubier, Paris, 1974. -PHILONENKO A., La liberté humaine dans la philosophie de Fichte, éditions Vrin, Paris, 1980. -VAYSSE Jean-Marie, Totalité et subjectivité, Spinoza dans l'idéalisme allemand, éditions Vrin, Paris, 1994. 3) Articles sur Fichte : - MANZANA J., « L'unité de la doctrine du savoir et de la philosophie pratique dans la dernière pensée de J.G. Fichte », Revue de métaphysique et morale, t.86, éditions Armand Colin, Paris, juillet-septembre 1981. -RENAUT A., « La fondation fichtéenne de l'idéalisme critique », Cahiers philosophiques, décembre 1988. -SCHOTTKY R., « La Grundlage des Naturrechts de Fichte et la philosophie politique de l'Aufklärung », Archives de philosophie, Paris, 1962. - VINCENTI Luc, « L'oeuvre de Fichte et La destination de l'homme », L'Enseignement philosophique, Paris, janvier-février 1996, 46e année, numéro 3. C) Autres ouvrages : 1) Ouvrages consultés : -FISCHBACH Franck, Fichte et Hegel, la reconnaissance, éditions PUF, coll. « Philosophies », Paris, 1999. -HEIDEGGER Martin, De l'essence de la liberté humaine, Trad. franç. Emmanuel Martineau, éditions Gallimard, Paris, 1987. -KELSEN Hans, Théorie générale des normes, Trad. franç. Olivier Beaud et Fabrice Malkani, éditions PUF, Paris, 1996. -VINCENTI, Éducation et liberté Kant et Fichte, éditions PUF, Paris, 1992. 2) Articles consultés : -MATHIAS Paul, « L'éducation introuvable », Cahiers philosophiques, Paris, mars 1987. -RICOEUR P., « Sympathie et respect : phénoménologie et éthique de la deuxième personne », Revue de métaphysique et morale, numéro 4, éditions A. Colin, octobre-décembre 1954. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION : 1 PREMIÈRE PARTIE : 6 Chapitre 1 : Rôle fondamental de l'éducation : toute éducation a un sens éminemment moral. 6 1) L'éducation chez Kant comme discipline négative de la passion pour la liberté afin de la cultiver. 8 a) Le travail permet à l'homme de maîtriser sa liberté au lieu de se faire maîtriser par elle : concept synthétique qui lie obéissance et liberté. 8 b) Aporie de l'éducation : pour éduquer convenablement, il faudrait avoir déjà été correctement éduqué. 14 2) Nécessité d'une nouvelle éducation qui forme la volonté morale chez Fichte. 17 a) Contradiction de cette volonté morale avec la libre volonté : l'éducation n'est pas la culture du libre-arbitre. 18 b) Sens politique de l'éducation : situation de la liberté au sein d'un contexte éthique concret. 21 c) La liberté a un langage. 24 Chapitre 2 : L'effort réunit les préoccupations communautaires à un individualisme moral. 26 1) La loi morale comme « document de la liberté » chez Kant. 26 2) Définition d'une éthique du projet chez Fichte ayant pour objet une infinie connexion des intersubjectivités. 30 DEUXIÈME PARTIE : 33 Chapitre 3 : Caractéristiques de l'état de nature juridico-politique 33 1) La garantie d'une sphère de liberté individuelle chez Kant. 33 2) Le sujet comme "organe de la liberté" chez Fichte. 38 3) L'État comme force d'éthicisation c'est-à-dire de moralisation publique chez Kant : analyse de la publicité du droit. 42 4) L'articulation des libertés par le souci premier de leur sécurité chez Fichte. 45 a) La liberté a un corps propre. 45 b) L'espace juridico-politique coordonne ces différents corps. 48 Chapitre 4 : L'éthicité comme avènement de la liberté dans l'histoire. 52 1) La réorganisation de la réalité de l'histoire en tant que système de la liberté dans la nature chez Kant. 52 2) Progrès de la liberté comme indication d'une possibilité de vie suprasensible chez Fichte. 56 TROISIÈME PARTIE : 60 Chapitre 5 : L'idéal de la moralité nous élève pour nous inscrire au sein d'une "communauté éthique" chez Kant. 60 1) Cet idéal de la moralité est une idée de la religion : rapport entre Église invisible et Église visible. 60 2) L'éthicité dépasse la religion, elle solidarise les êtres raisonnables autonomes : l'espace éthique est de nature religieuse mais ne se réduit pas à elle. 64 a) Dignité du sujet éthique qui ne doit sa perfection qu'à lui-même. 64 b) Sens de cette communauté d'êtres colégislateurs. 67 Chapitre 6 : Transfiguration de l'intersubjectivité en interpersonnalité chez Fichte. 68 1) Le monde des êtres libres dépasse l'impérativité catégorique formelle : mise en présence de l'Absolu. 68 a) Liberté du sujet éthique : manifestation de l'image de l'Absolu. 68 b) Orientation vers une science philosophique de l'éthique : action du sujet éthique vécue depuis son enracinement métaphysique. 70 2) La réalité du « nous » comme sujet transformé. 73 CONCLUSION : 76 BIBLIOGRAPHIE : 78 * 128 KANT, Critique de la faculté de juger, §91, Ak.V468, p.1279, (tII). |
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