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La liberté du sujet éthique chez Kant et Fichte

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par Christophe Premat
Université Paris I - DEA d'Histoire de la Philosophie 2000
  

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b) Sens politique de l'éducation : situation de la liberté au sein d'un contexte éthique concret.

Cette éducation nouvelle ne peut être rendue possible que par une réforme politique puisqu'il s'agit de doter l'institution d'une véritable force spirituelle, cette force spirituelle étant la « Nation ». Seule la Nation peut donner une cohésion à cette éducation en la transformant en une éducation nationale, valable pour des individus qui partagent les mêmes racines et donc les mêmes valeurs. Cette éducation, de par sa force saura résister pleinement à tout égoïsme et fera prendre conscience à l'élève de son enracinement culturel et des devoirs qu'il a envers les siens car cette éducation vise « la formation d'un nouveau moi, d'un moi qui, jusqu'à présent, n'avait existé chez les individus qu'à titre d'exception mais jamais comme un moi général et national . »33(*) Le sujet n'est pas l'individu, c'est la nation et le peuple en tant qu'il est l'expression concrète de la nation. La formation de ce nouveau moi est essentiel pour chaque individu, elle met en évidence la pensée d'une intersubjectivité, non pas en tant qu'elle serait une relation entre les divers moi empiriques, mais en tant qu'elle conférerait une nouvelle unité à la communauté. Ce « moi général » a une culture, une historicité, parce qu'il est construit. Cette historicité demeure un repère fondamental pour l'individu car si elle n'advient pas, ce dernier reste dans la naturalité pure. Le « moi général » est une nouvelle idée de l'intersubjectivité, il ne désigne pas seulement la nation, ou le peuple ou une communauté quelconque qui se serait hypostasiée en un principe unificateur, ce n'est donc pas un autre nom mais bel et bien le fondement d'une intersubjectivité éthique, fondement qui doit être construit car il n'est pas déjà là.

Fichte parle au-delà des classes et des rangs sociaux, il s'adresse aux forces vives de la nation qui doivent préparer l'avenir de générations qui porteront au plus haut la force spirituelle de la nation allemande. L'éducation doit être confiée à des hommes de la nation qui souhaitent voir naître cette génération : l'éducation doit assurer la transmission de caractères nationaux car elle est « commune à tous. »34(*) Elle indique fondamentalement ce que le peuple veut faire de lui-même et sa détermination à maintenir en vie l'élément éthique qui lie tous les individus au corps de cette nation face à ce qui est étranger (das Fremde) et qui risque de faire disparaître l'authenticité de cette nation. Fichte redéfinit le peuple dans le huitième discours : « Voilà ce qu'est, au sens élevé du mot, un peuple vu dans la perspective d'un monde spirituel : c'est un ensemble d'hommes vivant en société, se reproduisant sans cesse par eux-mêmes, spirituellement et naturellement, obéissant à une certaine loi particulière d'après laquelle le divin peut s'épanouir au sein de cette communauté. C'est l'universalité de cette loi qui relie cette masse d'hommes, dans le monde éternel, comme aussi dans le temporel, en un tout naturel se suffisant à lui-même. »35(*) Dans cette phrase sont reliés les concepts de « société », « communauté » et « universalité » indiquant la réalité d'un peuple en tant qu'il exprime l'Universel à partir d'un enracinement géographico-culturel particulier. Le peuple accède alors à une réalité intelligible qui transfigure ses actions dans le monde sensible et le rend « éternel » : si on ne maintient pas cette éternité qui est présente dans l'élément éthique qui fait la cohésion et la force de la communauté, alors le peuple n'exprime plus l'Universel et n'a plus de sens à exister. Seule une éducation rigoureusement nationale peut préserver cet élément éthique et en ce sens l'éducation a une vocation éternelle.

Si cette éducation n'est pas maintenue, la spécificité de la nation est niée au profit de l'étranger et d'une autre nation. « Ainsi, les hommes, victimes de cet engouement pour l'étranger [...] ne croient pas à l'existence du primitif et à la nécessité d'en poursuivre le développement, mais uniquement au cycle perpétuel de vie sensible. »36(*) La perpétuité naturelle est contraire à l'éternité, elle ne prépare qu'un retour cyclique alors que le peuple a la possibilité de s'élever jusqu'au divin en le reflétant, l'image du divin s'incarnant dans la vie spirituelle du peuple. Les Discours à la Nation allemande s'inscrivent dans un contexte politique particulier, celui de la non-existence de l'Allemagne comme État. Or, le peuple allemand se trouve investi d'une mission, celle de régir spirituellement l'humanité future, l'Allemagne étant destinée à assurer la relève de la France révolutionnaire, trahie par la France napoléonienne. La nation est en fait redéfinie par l'éducation et non pas uniquement par son génie ou le contrat social qu'elle met en oeuvre. Alain Renaut écrit dans sa présentation des Discours que « le signe visible de l'inscription d'une liberté au sein d'une culture et d'une tradition consiste dans la capacité d'être éduqué, dans l'éducabilité aux valeurs de cette liberté et de cette tradition. De là, son insistance sur l'éducation nationale comme éducation à la nation. »37(*) L'éducation nationale est comme le produit du processus éducatif, elle indique que l'homme est en train de se former en direction d'une éthicité, elle est comme le signe visible d'une régénération intelligible de l'homme qui devient capable de s'élever au sens d'une liberté éthique au sein d'un contexte culturel. Cette éducation crée alors un enthousiasme des hommes du peuple qui ont envie de faire vivre les forces spirituelles de la nation. « [Chez le peuple allemand], l'enthousiasme provoque l'enthousiasme et l'élève sans peine à toute vérité claire, et cet enthousiasme persiste toute sa vie et la forme à son image. »38(*) Les Allemands doivent avoir envie de se former et d'affirmer une spécificité culturelle, l'éducabilité est comme une aspiration intérieure capable d'affronter tout obstacle temporel et extérieur.

* 33 Ibid., p.71.

* 34 Ibid., p.311.

* 35 Ibid., p.170-171.

* 36 Ibid., p.171.

* 37 Alain RENAUT, traduction et présentation des Discours à la Nation allemande, Imprimerie nationale, 1992, p.42.

* 38 J.G.FICHTE, Op.cit., p.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore