Enquête de prévalence des facteurs de risque des maladies non transmissibles (chroniques) à Kinshasa( Télécharger le fichier original )par Dominique MUPEPE MAYUKU Université de Kinshasa (RD CONGO) - Spécialiste 2006 |
RÉSUMÉL'émergence des maladies non transmissibles dont l'accident vasculaire cérébral et l'infarctus du myocarde, n'est plus à démontrer.La présente étude transversale,réalisée sous forme d'enquête , a évalué la prévalence et les déterminants de 7 facteurs de risque des maladies non transmissibles.Ce travail a utilisé l'approche steps de l'OMS relative au tabagisme par cigarette,à l'excès d'alcool,au régime alimentaire inadéquat,à l'hypertension artérielle,à l'inactivité physique,à l'obésité et au diabète sucré. Un échantillon aléatoire de 1952 participants dont 767 hommes et 1185 femmes, âgés de 15 ans et plus a été étudié.Parmi ces sujets, il a été rapporté 6.4 % de fumeurs de cigarettes quotidiens, 24.8% des sujets avec inactivité physique, 5.7% d'obèses ,26.7% d'hypertendus et 16% de diabétiques.Le tabagisme, l'alcoolisme sont exclusivement confinés chez les hommes. Il ressort que l'inventaire de ces 7 facteurs de risque des maladies non transmissibles (chroniques) au sein de la population de la ville de Kinshasa sont fortement prévalents et laisse présager une éclosion encore plus importante dans le futur de maladies cardiovasculaires. TABLE DES ILLUSTRATIONSTABLEAU 1 RÉPARTITION DES GRAPPES PAR STRATES 21 TABLEAU 2 RÉPARTITION DES PARTICIPANTS SELON L'AGE ET LE SEXE 31 TABLEAU 3 NOMBRE MOYEN D'ANNÉES D'ÉTUDE DES PARTICIPANTS 32 TABLEAU 4 CONSOMMATION DES FRUITS ET LÉGUMES SELON LE SEXE 34 TABLEAU 5 VALEURS MOYENNES POUR LE POIDS ET L'INDICE DE MASSE CORPORELLE 35 TABLEAU 6 VALEURS MOYENNES DE LA TAILLE SELON LE SEXE 36 TABLEAU 7 VALEURS MOYENNES DE LE PRESSION ARTÉRIELLE SELON L'AGE ET LE SEXE 37 TABLEAU 8 RÉPARTITION DES CHIFFRES DE PRESSION ARTÉRIELLE SELON L'AGE ET LE SEXE 38 TABLEAU 9 PROPORTION DES CAS D'HTA DIAGNOSTIQUÉS ANTÉRIEUREMENTET TRAITES DANS LES
TABLEAU 10 POURCENTAGE DES PARTICIPANTS HYPERTENDUS ET TRAITÉS MÉDICALEMENT DANS LES DEUX DERNIERES SEMAINES. 41 TABLEAU 11 VALEURS MOYENNES DE GLYCEMIE SELON L'AGE ET LE SEXE 42 TABLE DES FIGURESFigure 1 Méthodes d'échantillonnage dans la ville province 20 Figure 2 Usages régulier et irrégulier du tabac à fumer selon les sexes 33 Figure 3 Répartition des taux d'HTA dépistée selon la population totale,les hommes, les femmes et les tranches d'âge 39 Figure 4 Relation entre taux d'HTA dépistée et les groupes de tour de taille dans la population totale 44 Figure 5 Variation de la PAS et de la PAD entre les groupes d'IMC 45 Figure 6 Relation positive entre les taux d'HTA dépistée et les groupes d'IMC 46 Figure 7 Répartition des taux de niveau bas d'activité physique à travers les groupes d'IMC 48
TABLE DES MATIERES 1.2 FACTEURS DE RISQUE DES MNT DONT LES MALADIES CARDIOVASCULAIRES (MCV) 7 1.9. FACTEURS NUTRITIONNELS 10 1.9.1. Consommation excessive de graisse 10 1.9.2. Consommation excessive de sel 11 1.10. NIVEAU SOCIO-ECONOMIQUE 11 CHAPITRE 2 : MATÉRIEL ET METHODES 13 2.3.1 Définition des sujets éligibles ou population cible 17 2.3.2. Critères d'inclusion 17 2.3.3. Critères d'exclusion 17 2.5. Étapes et déroulement de l'enquête 23 2.5.1. Contacts administratifs 23 2.5.2. Sensibilisation de la population d'étude 23 2.5.4. Pré enquête et enquête 24 2.6. Variable de l'étude et technique de collecte des données 24 2.7. Définitions opérationnelles 25 2.7.1. Niveau socio économique 25 2.7.3. État nutritionnel et anthropométrie 26 2.7.4. Diabète sucre dépisté 27 2.7.5. Hypertension artérielle dépistée 27 3.1 Taille de l'échantillon et taux de réponse 31 3.2 Données sociodémographiques 31 3.2.2 Résidence et niveau socioéconomique. 32 3.2.2 Niveau d'instruction. 32 3.5. Consommation des fruits et légumes 34 3.8. Hypertension artérielle 37 3.9. Glycémie et diabète sucré 41 3.10.1 Hypertension artérielle et les autres facteurs de risque 43 3.10.2 Diabète sucré et les autres facteurs de risque 47 3.10.3 Obésité, surcharge pondérale et obésité abdominale 48 4.1 Aspects sociodémographiques 50 4.2Tabagisme par cigarette. 51 4.3. Consommation excessive d'alcool 52 4.4 Prévalence et facteur de risque de l'hypertension artérielle 52 4.4.2. Influence de l'anthropométrie 53 4.4.3. Influence du tour de taille 54 4.5. Inactivité physique, obésité, surpoids et diabète sucré 54 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 59
Avant les années 1970, la République Démocratique du Congo (RDC) visait l'élévation du Produit National Brut (PNB) qui engendre la richesse et les inégalités sociales. Et depuis 1990, la RDC connaît des crises socio politico militaires multiformes et indicibles. Ces conditions socio-économiques empêchent l'adoption de comportements hygiéno-diététiques sains ou de promotion de la santé. Au cours de ces deux décennies, le taux d'urbanisation est resté croissant sur fond d'acculturation et d'occidentalisation par des transitions épidémiologiques, démographiques et nutritionnelles (1, 2,3). En effet, de nombreux facteurs liés à l'industrialisation et à la modernisation des villes entraînent un changement dans le style de vie : diète non équilibrée (habitude alimentaire riche en sel et en matières grasses, mais pauvre en fruits et légumes), stress, diminution de l'activité physique (sédentarité) du fait d'activités professionnelles plus sédentaires, de l'utilisation des ordinateurs, de regarder les programmes de la télévision, du recours à des moyens de transports motorisés. Les conflits ethniques, les guerres d'agression, la migration rurale urbaine et la hausse de l'insécurité urbaine contribuent à l'élévation du stress journalier (4). La vente des terrains de sports, des espaces verts publics est une source d'enrichissement des responsables des communes de la ville de Kinshasa. Les longues heures devant la télévision et l'absence d'infrastructures sportives majorent l'inactivité physique de la population de Kinshasa (5). La publicité télévisée de Kinshasa favorise d'autres facteurs de risque tels que le tabagisme par cigarettes et l'alcoolisme. La consommation excessive d'alcool a augmenté aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural (6). L'exposition de la population de Kinshasa à ces facteurs de risque augmente la morbidité et la mortalité liée aux maladies non transmissibles (chroniques) (7). Si l'hypertension artérielle (8) et le diabète sucré (9) sont fréquents dans les grandes villes de la RDC, leurs aspects épidémiologiques n'en demeurent pas moins mal connus pour plusieurs raisons :
En ce qui concerne le diabète sucré, les facteurs sociaux et comportementaux (tabac, alcool, inactivité physique) n'ont pas été considérés comme composantes solides dans son histoire naturelle. L'émergence des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, insuffisance coronaire, accident vasculaire cérébral) n'est plus à démontrer dans les villes de la RDC (4,10). Mais l'absence de données précises relatives aux déterminants de ces maladies ne facilite pas l'élaboration de stratégies de leur prévention dans la population générale. Si dans les milieux professionnels de la ville de Kinshasa (4,11), les niveaux de certains facteurs de risque cardiovasculaire (hérédité, sexe, âge, pression artérielle, fréquence cardiaque, stress, tabagisme, alcoolisme, niveau socio-économique, inactivité physique, obésité, diabète sucré, hypertrophie ventriculaire gauche) sont bien connus, il n'en est pas ainsi pour la population générale de la ville de Kinshasa. Pire encore, les données actuellement disponibles et réalisées dans ce domaine des maladies non transmissibles athérogènes, avec des différences dans l'approche méthodologique (inhomogénéité des définitions ou dans la sélection des échantillons, variabilité liée aux observateurs, problème de la taille du brassard), ne permettent pas de déterminer de la manière la plus précise leurs prévalences et d'en assurer la comparabilité tant à l'intérieur du pays qu'avec d'autres pays africains. Plusieurs hypothèses explicatives sont émises à ce sujet : - L'adoption accrue d'un mode de vie à « l'occidentale » est soit partiellement soit totalement tenue responsable de la prévalence élevée des facteurs de risque des maladies non transmissibles chroniques à Kinshasa. - L'absence de données précises relatives aux déterminants de ces maladies ne permet pas l'élaboration de leur prévention dans la population générale .C'est pourquoi nous avons décidé de réaliser cette étude.
- Les données de l'enquête serviront de base pour : - élaborer un programme national de lutte intégré et de contrôle des facteurs de risque des maladies non transmissibles ; - de mettre en place une surveillance par la collecte systématique ; - d'utiliser l'information épidémiologique pour planifier, exécuter et évaluer des programmes de contrôle des maladies non transmissibles.
La présente enquête vise les objectifs suivants : - évaluer les taux de prévalence des sept facteurs de risque suivants des maladies non transmissibles (MNT) dans la population de Kinshasa, capitale de la RDC : le tabagisme, l'alcoolisme, le mauvais régime alimentaire, l'inactivité physique, l'obésité, l'hypertension artérielle et le diabète sucré ; - Analyser les associations possibles et respectives entre les sept facteurs de risque des MNT d'une part, et entre le sexe, l'âge, le niveau d'étude, la résidence et les sept facteurs de risque des MNT d'autre part
Il est utile de préciser certaines définitions nécessaires à la compréhension des concepts. Les facteurs de risque constituent un ensemble de termes modernes qui englobe le concept classique d'association causale directe de la maladie, des concepts récents de probabilité de prédiction et de pronostic. C'est la base même de la pensée clinique et de la médecine préventive. Dans chaque population, il existe des groupes de familles et d'individus qui sont plus enclins que d'autres à présenter une maladie. Cette inclinaison ou prédisposition s'appelle risque. Certaines strates de populations constituent donc des groupes à haut risque. Le risque est une probabilité conditionnelle qu'un sujet ou une couche d'un univers (population) présente une modification spécifique de son état de santé pendant un intervalle de temps déterminé (12). Le risque mesure le changement statistique et varie entre zéro (sans risque) et un (risque certain). Le facteur de risque est une variable associée à la probabilité de survenue d'une maladie. Le facteur de risque peut être modifiable par des interventions cliniques, épidémiologiques ou écologiques [tabagisme, alcoolisme, sédentarité (inactivité physique)] ou non modifiable (age, sexe).
Le risque est mesuré et exprimé en risque absolu, risque étiologique, mesure de cote (Odds ratio et risque relatif) et fraction attribuable. 1.1.2.1. Risque absolu Il est quantifié par l'incidence cumulative ou la prévalence. Malheureusement, il est insuffisant pour déterminer l'étiologie d'un tel risque. Le terme risque absolu et le taux de prévalence sont souvent utilisés de façon interchangeable. Les deux types de taux, les plus couramment utilisés l'incidence et la prévalence, ne sont que de proportions (13). 1.1.2.2. Risque étiologique. Le risque étiologique est souvent estimé par des mesures d'associations et d'impacts potentiels. Plusieurs indices mesurent cette association. Une catégorie comprend la mesure de cote (deux rapport : Odds ratio (OR) et risque relatif (RR) et l'autre catégorie, la différence de risque. Malheureusement, dans les pays francophone, on distingue risque ratio (risque relatif) et Odds ratio (risque de produits croisés).
Des études épidémiologiques menées dans les pays développés (13,14) et en Afrique (15, 16, 17) ont identifié des éléments de comportement de la vie courante déclenchant, entretenant ou aggravant le risque cardio-vasculaire d'un sujet ou d'une communauté. Certains facteurs de risque cardiovasculaire Parmi les facteurs de risque des MNT, il faut citer les trois facteurs de risque classiques dont l'hypercholestérolémie, l'HTA et le tabac (18,19).Les autres facteurs de risque qui ne sont pas à négliger sont le diabète sucré, l'obésité abdominale (20), les facteurs nutritionnels, l'inactivité physique, le stress, les facteurs de thrombose coagulation, l'hypertrophie du ventricule gauche, le sexe, l'âge et l'infection (21).
Certains aspects épidémiologiques des sept facteurs de risque des MNT selon l'approche STEPS de l'OMS (22) et leurs déterminants sont passés en revue dans ce chapitre. La fréquence des maladies cardiovasculaires paraît en plus nette augmentation depuis des siècles chez les diabétiques que dans la population générale. On sait cependant que c'est par le biais de l'hyperinsulinisme et de l'insulinorésistance qu'apparaissent chez les diabétiques les maladies cardiovasculaires (coronariens, HTA, cardiopathie diabétique) (23). Chez les patients coronariens africains, le diabète est souvent associé à d'autres facteurs de risque athérogènes tels que l'HTA, l'hypercholestérolémie, le tabagisme et la sédentarité (24, 25, 26) Qu'il soit passif ou actif, le tabagisme à la cigarette, intervient comme facteur de risque majeur et indépendant des artériopathies de membres et des maladies cardiovasculaires (27,28). Le tabagisme à la cigarette apparaît comme le premier facteur de risque (70%) de l'infarctus du myocarde avec une consommation de plus de 20 cigarettes/jour exclusivement par les hommes (35). Considérée comme facteur de risque majeur (34), elle occupe la première place parmi les autres facteurs de risque cardiovasculaire en Afrique (23,36) et est citée comme étiologie principale de la déviation axiale gauche au Congo où sa fréquence augmenterait avec l'âge, sans différence de sexe (37). Des études ont démontré que le type de l'atteinte vasculaire était corrélé au degré de l'HTA : les types d'HTA légère et modérée prédisposent aux accidents ischémiques (coronaires et AVC) tandis que le type sévère prédispose aux accidents vasculaires cérébraux hémorragiques (38, 39-43). L'augmentation de la masse grasse (obésité et surcharge pondérale ou l'index de masse corporelle = 25kg/m 2) constitue un problème de santé publique aux États-unis et en Europe (44-46). Des études ont montré cependant que la répartition des tissus graisseux fournissait un meilleur reflet de risque de complications que le poids corporel (24,46). Ainsi la quantification de l'obésité abdominale donnerait une valeur prédictive du risque d'infarctus du myocarde, d'affection coronarienne et de mort subite (47, 43, 46, 48) chez l'homme et indépendamment du poids corporel. Cette association agirait par le biais de l'hyperinsulinisme et de l'insulinorésistance. 1.7. ALCOOLISMEPlusieurs études prospectives et rétrospectives dans le monde, ont fait état du rôle protecteur de l'alcoolisme modéré (1 à 3 verres de vin/semaine) dans les maladies cardiovasculaires ainsi que dans les autres maladies comme le cancer (49,50). En Afrique, Kacou et Monken supposent que les coronariens consomment plus d'alcool que les groupes témoins (51). Il paraît difficile de lui attribuer un rôle indépendant dans les maladies cardiovasculaires sans tenir compte des autres facteurs de risque qui lui sont souvent associés. |
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