CHAPITRE 4 :
DISCUSSION
En voulant comprendre l'émergence des MNT dont les MCV,
la présente étude a évalué les différents
taux des 7 facteurs de risque de ces maladies, faciles à mesurer dans la
communauté.Il s'agit de tabagisme par cigarette, consommation excessive
d'alcool, de régimes alimentaires inadéquats (peu de fruits et de
légumes), l'obésité, l'hypertension artérielle et
le diabète sucré.
Le faisant, cette étude a recouru à la
méthode step wise de l'OMS (61).Il faudra demain compléter cette
étude par l'évaluation de la cholestérolémie
totale.
Il était urgent d'analyser aussi les associations
possibles entre ces 7 facteurs de risque dont l'hypertension artérielle
et le diabète sucré se présentent à la fois comme
maladies chroniques transmissibles et comme facteurs de risque des MNT. En
effet, les MCV n'ont pas attendu l'an 2020 pour devenir un important
problème de santé publique en Afrique subsaharienne (62).Ceci est
d'autant plus vrai que les taux de prévalence d'HTA, d'inactivité
physique et du diabète sucré estimé dans ce travail
atteignent déjà des valeurs épidémiques par rapport
au passé récent (4).les contextes mondial, régional,
africain et national congolais justifie la présente étude.
4.1 Aspects
sociodémographiques
Dans cette population d'étude, il est
à noter une prédominance féminine qui
s »'expliquerait par de nombreuses guerres que la RDC a connues (4)
Les enquêtés résident dans la
mégapole de Kinshasa,capitale de la RDC,en proie à des
inégalités sociales définies par deux tiers des
enquêtés vivant en milieu semi rural pauvre contre un tiers vivant
dans un milieu urbanisé et occidentalisé à niveau
socioéconomique moyen et élevé.
En dépit de cela il convient de souligner l'effort
louable de la RDC en matière d'alphabétisation puisque rares sont
les participants qui sont analphabètes (4).
4.2Tabagisme par
cigarette.
Le présent taux de prévalence des fumeurs
réguliers de cigarette estimé à 6,4% paraît
être précis puisque mesuré dans un échantillon
aléatoire contrairement au taux de 23,6% (63) et au taux de 49%(64)
estimé dernièrement dans des échantillons non
aléatoires de la ville de Kinshasa. Ce taux de 6,4% est proche de 9,3%
observé en milieu de travail à Kinshasa (4).
Comme démontré dans tous les pays en voie de
développement (65) les femmes fument moins que les hommes dans la
présente enquête. Ces données sont en contradiction avec
celles des pays développés où les femmes fument plus que
les hommes (64, 66,67).
L'âge moyen du fumer la première cigarette est
autour de 20 ans,limite de l'intervalle de 12 à 20 ans rapporté
partout ailleurs(31,67,68).
4.3. Consommation
excessive d'alcool
Comme pour le tabagisme par cigarette, la présente
étude souligne la prédominance masculine relative à la
consommation excessive d'alcool. Ceci
s'explique par l'association significative existant entre
tabagisme par cigarette et alcoolisme dans la ville de Kinshasa (4)
Dans les pays développés, la consommation
d'alcool est plus élevée chez les femmes de niveau
socioéconomique élevé (69, 70, 71,72) alors qu'elle est
plus élevée chez les hommes de niveau socioéconomique bas
(69,73).
4.4 Prévalence et
facteur de risque de l'hypertension artérielle
Contrairement au taux de prévalence de l'hypertension
artérielle chez l'adulte en Afrique subsaharienne estimé entre 8
et 14% dans le passé (8,16),la présente étude
réalisée 19 ans après avec 9,9% en milieu urbain et 14,2%
en milieu rural(8),observe un taux de prévalence global de l'HTA de
26,7%.Ce dernier taux se trouve dans la fourchette de 25% et 32,5% des taux
d'HTA récemment rapportés au Congo Brazzaville,au Cameroun et en
Algérie(6).Les différentes méthodologies de prise de la
pression artérielle ,et les définitions de l'HTA
appliquées peuvent expliquer la disparité des taux de
prévalence d'HTA dans le passé africain.
Les anciens travaux africains sur l'HTA utilisaient des
tensiomètres anéroïdes, des sphygmomanomètres
à mercure non standardisés et l'ancienne définition de
l'OMS (= 165 /95 mm Hg).la présente étude a utilisé
des
sphygmomanomètres automatiques et la définition
de l'OMS/S.I.H(= 140/90 mm Hg).
4.4.1. Influence de
l'âge
L'influence de l'âge sur la pression artérielle
a été démontrée dans la présente
étude .C'est l'effet du vieillissement de la population et
l'occidentalisation des sujets enquêtés dans le cadre de la
transition démographique et épidémiologique(1,2).Des
études contradictoires suggèrent que la pression
artérielle ainsi que la prévalence de l'hypertension
artérielle s'accroissent avec l'âge dans les
sociétés industrialisées(74).D'autres par contre,ne
montrent que peu ou pas de variation avec l'âge(75,76).
Dans les populations primitives africaines et celles de la
société rurale qui sont caractérisées par un mode
de vie traditionnel sans acculturation, la pression artérielle augmente
peu ou pas avec l'âge (77).Des études antérieures
réalisées en Afrique de l'est, du sud, de l'ouest et du centre
notent l'augmentation de la pression artérielle avec l'âge
(16,17).
4.4.2. Influence de
l'anthropométrie
Dans la présente étude, la prévalence
de l'hypertension artérielle est associée directement à
l'élévation de l'IMC. Le taux le plus élevé se
trouve dans l'obésité et le plus bas dans la dénutrition.
La présente association avait été aussi rapportée
par M'BUYAMBA (77) ainsi que les données ghanéennes (78).
En effet, L'HTA est souvent élevée chez les
obèses avec une prévalence estimée de l'ordre de 50%. Le
mécanisme avancé est l'insulino-résistance
4.4.3. Influence du
tour de taille
Le tour de taille est positivement corrélé
à la hausse que ce soit de la pression artérielle diastolique que
systolique avec l'âge. Il est à noter une différence
d'évolution de progression de ces chiffres de tension artérielle
lorsqu'ils sont rapportés au sexe et à l'âge. L'explication
tenant au caractère protecteur des hormones féminines pendant la
phase de vie sexuelle active. Cet effet disparait avec la survenue de la
ménopause rendant la personne de sexe féminin plus
susceptible.
4.5. Inactivité
physique, obésité, surpoids et diabète
sucré
La présente étude démontre une
association significative entre le diabète sucré,
l'obésité abdominale et l'inactivité physique, association
rapportée également par NKOY en milieu professionnel.
La présente étude démontre une
association significative entre le diabète sucré,
l'obésité abdominale et l'inactivité physique, association
rapportée également par NKOY en milieu professionnel.
L'exercice physique aérobique et régulier
diminue le risque coronaire (80). Ce bénéfice proviendrait de la
diminution de la PA d'une part et les effets métaboliques de l'exercice
physique (23) : augmentation du HDL-cholestérol, de la
tolérance au glucose et de la sensibilité à l'insuline.
Sur l'ensemble de la population d'étude 18,3% et
5,7% représente respectivement la surcharge pondérale et
l'obésité. L'obésité et la surcharge
pondérale mis ensemble sont présentes chez 24% de sujets, pendant
que l'obésité abdominale se trouve chez 11,6% des participants
avec une prédominance féminine.
BIELELI rapporte dans la population générale
de Kinshasa un taux de 16% pour le surpoids et 9,4% pour
l'obésité toute classe confondues (9). Tandis que MBUYAMBA et
coll. évaluent à 14% la prévalence de
l'obésité (77).
Comparée aux autres pays Africains, la
prévalence de l'obésité chez nous (5,7%) ne se situe pas
au premier rang : Congo Brazzaville (8,6%), Cameroun (18%) et
Algérie (16.40%).
Le taux du diabète sucré dépisté
dans cette présente étude était de 15,5% avec une
proportion élevée en milieu urbain auprès des
enquêtés de niveau socio-économique élevé
(26,4%) qu'en milieu semi- rural de niveau socio-économique bas
(9,4%).Ce taux est pratiquement le double de celui observé par BIELELI
(7%) en l'an 2000 (9), alors que ce taux oscille entre 2-9% dans les pays
Africains (79).Ce qui souligne l'importance de mise sur pied d'une
stratégie de contrôle de ces facteurs de risque dans notre
pays.
La présente étude souligne qu'un nombre
inférieur à cinq jours de consommation des fruits par semaine
multiplie par sept le risque du diabète sucré, et que le niveau
bas d'activité physique conférait un double risque
d'obésité abdominale.
Toutes ces données signifient qu'il
s'agit d'une population en transition nutritionnelle, démographique et
épidémiologique, caractérisée par une consommation
excessive de graisse, une diminution de consommation des fibres et une
diminution de l'activité physique. Ce qui a amené JERVELL
à incriminer aussi bien l'excès que la carence dans la
malnutrition (81
. L'excès entraîne la suralimentation,
l'obésité et donc une susceptibilité à devenir
diabétique. Sans oublier le risque des maladies cardiovasculaires
lié aux carences en nutriments (folates, vitamines E).
|