Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier face à la pression démographique liée à la périurbanisation de Port-au-Prince (haà¯ti) comme base d'une planification du développement de son habitat.( Télécharger le fichier original )par Nixon SANON Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (Belgique) - Dipleme d'Etudes Approfondies 2006 |
Communauté française de Belgique FACULTE UNIVERSITAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE GEMBLOUX Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier face à la pression démographique liée à la périurbanisation de Port-au-Prince (Haïti) comme base d'une planification du développement de son habitat. Travail de fin d'études Année académique 2005-2006 Présenté par : Nixon SANON Promoteur : Professeur Claude FELTZ En vue de l'obtention du diplôme d'études approfondies En Sciences agronomiques et Ingénierie biologique (c) Toute reproduction du présent document, par quelque procédé que ce soit, ne peut être réalisée qu'avec l'autorisation de l'auteur et de l'autorité académique de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux. Le présent document n'engage que son auteur. Communauté française de Belgique FACULTE UNIVERSITAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE GEMBLOUX Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier face à la pression démographique liée à la périurbanisation de Port-au-Prince (Haïti) comme base d'une planification du développement de son habitat. Travail de fin d'études Année académique 2005-2006 Présenté par : Nixon SANON Promoteur : Professeur Claude FELTZ En vue de l'obtention du diplôme d'études approfondies En Sciences agronomiques et Ingénierie biologique REMERCIEMENTS La réalisation de tout document n'est jamais l'oeuvre d'une seule personne. Je remercie ainsi tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, m'ont aidé à réaliser ce travail. Je pense particulièrement à : Ø M. le Professeur Claude FELTZ pour son encadrement sans faille ; Ø l'Agence Universitaire de la Francophonie qui a financé ma formation en DEA ; Ø Le personnel de l'Unité de Traitement des Systèmes d'Informations Géographiques ; Ø Le personnel d'I-mage consult ; Ø M. Professeur Philippe LEJEUNE pour ses conseils avisés ; Ø Aux membres du Jury ; Ø L'Ingénieur agronome Jude ZEPHYR ; Ø Ma famille pour son soutien ; Ø Mes compatriotes haïtiens en Belgique.
RÉSUMÉ Située non loin de la capitale d'Haïti, la commune de Gressier fait l'objet d'une urbanisation accrue au niveau de sa partie côtière. Profitant des faiblesses institutionnelles et en absence d'outils locaux d'aménagement territorial, la population multiplie les constructions anarchiques au détriment du milieu biophysique. Celui-ci, compte tenu de ses sensibilités, risque de se dégrader de façon irréversible. Aussi, dans le but de générer une base d'informations pertinentes sur le milieu et dans le souci de faire ressortir la nécessité d'y intervenir, ce travail vise à étudier les vulnérabilités et les potentialités du milieu naturel à Gressier face à l'urbanisation à travers un diagnostic territorial et socio-économique sur la base des données cartographiques existantes. Il apparaît urgent, à travers cette démarche, d'élaborer un schéma d'affectation des terres qui définisse une nouvelle forme d'organisation spatiale de l'habitat au niveau communal. Mots-clés : urbanisation, organisation spatiale, milieu naturel, schéma d'affectation des terres ABSTRACT Gressier, near Haiti's capital, faces increased urbanization problems at this side coast. Because of regulations land management are not locally existed, spontaneous buildings take place and threaten considerably natural areas. So, with the aim of generating a base of relevant information about the environment (middle) and in the concern to highlight the necessity of intervening there, this work aims at studying the vulnerabilities and the potentialities of the natural environment (middle) to Gressier in front of the urbanization through a territorial and socioeconomic diagnosis on the basis of the existing cartographic data. It appears that a new territory approach is urgently needed in order to define appropriate places for building. Keywords: urbanisation, land management, natural areas TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS..........................................................................................iv RESUME........................................................................................................v TABLE DES MATIERES....................................................................................vi LISTE DES TABLEAUX...................................................................................viii LISTE DES FIGURES........................................................................................ix LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES..................................................................x CONTEXTE GEOGRAPHIQUE D'HAÏTI 4 1.1- CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES 5 1.2- CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES D'HAÏTI 8 1.3- ORGANISATION ADMINISTRATIVE 9 Chapitre 2......................................................................................................11 L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN HAÏTI 11 2.1-L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE AVANT 1987....................................................11 2.2- L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE APRÈS 1987 14 3.1-DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS................................................................16 3.3- MATÉRIEL CARTOGRAPHIQUE 19 4.1- DIAGNOSTIC BIOPHYSIQUE 21 4.1.1 - Présentation/ Caractéristiques physiques 21 4.1.4 - Le substrat physique 22 4.1.5 - Les eaux de surface (réseau hydrographique) 27 4.2- EQUIPEMENT INFRASTRUCTUREL ET SERVICES PUBLICS 28 DIAGNOSTIC SOCIO-ÉCONOMIQUE 30 5.3-CARACTERISATION DE L'HABITAT 33 5.3.1- Typologie de l'habitat selon le mode de production 33 5.3.2-Typologie de l'habitat selon le mode d'agglomération.........................................35 5.3.3- Evolution de la densité de l'habitat 36 5.3.4- Evaluation de l'habitat 37 Chapitre 6......................................................................................................40 PROBLEMES D'OCCUPATION DU TERRITOIRE 40 6.1- RELATION HABITAT-PENTE 40 6.2- RELATION HABITAT ET RISQUE D'ÉROSION 42 6.3- RELATION HABITAT ET RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINES 43 6.4- RELATION POTENTIALITÉS DES SOLS ET HABITAT 45 Chapitre 7.....................................................................................................47 7.2.1- Principes d'arbitrage...........................................................................50 7.2.2-Critères..............................................................................................51 7.3- ZONES POTENTIELLES DE DEVELOPPEMENT DU BATI...............................................53 ANNEXE
LISTE DES TABLEAUX Tableau 1. Evolution de la densité de la population de la commune de Gressier Tableau 2. Potentialités des sols de la commune de Gressier Tableau 3. Proportion des classes de pente de la commune de Gressier Tableau 4. Localisation et proportion des sols agricoles Tableau 5. Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces (AFOM) de la commune de Gressier LISTE DES FIGURES Figure 1. Localisation de la République d'Haïti dans les Antilles Figure 2. Carte tectonique et des principaux massifs de la République d'Haïti Figure 3. Classes d'altitude - Modèle Numérique de Terrain du territoire communal Figure 4. Localisation de la commune de Gressier par rapport à Port-au-Prince Figure 5. Délimitations administratives de la commune de Gressier Figure 6. Formations géologiques de la commune de Gressier Figure 7. Age des roches de la commune de Gressier Figure 8. Lithologie de la commune de Gressier Figure 9. Productivité des aquifères Figure 10. Potentialités agricoles des sols de Gressier Figure 11. Occupation du sol de Gressier (2000) Figure 12. Occupation du sol de Gressier (1982) Figure 13. Réseau hydrographique de la commune de Gressier Figure 14. Espaces boisés de la commune de Gressier Figure 15. Réseau routier de la commune de Gressier Figure 16. Localisation de l'habitat et les classes de pentes Figure 17. Carte des risques d'érosion et localisation de l'habitat Figure 18. Localisation de l'habitat et vulnérabilité des aquifères Figure 19. Localisation de l'habitat et potentialités des sols Figure 20. Aptitude topographique au bâti Figure 21. Carte de vulnérabilité des aquifères Figure 22. Aptitude des sols à l'agriculture Figure 23. Superposition des contraintes au développement de l'habitat Figure 24. Zones d'habitat actuelles et zones potentielles de développement de l'habitat Figure 25. Localisation des zones d'habitat et des zones potentielles de développement de l'habitat et les classes d'altitude (ZH et ZPDH) LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ACP : Afrique -Caraïbe- Pacifique AD : Assemblées Départementales AFOM : Atouts Faiblesses Opportunités Menaces AM : Assemblées Municipales ASEC : Assemblées de Sections Communales ASRDLF : L'Association de Science Régionale De Langue Française BDPA : Bureau pour le Développement et la Production Agricole BRH : Banque de la République d'Haïti CASEC : Conseil d'Administration de SEction Communale CCR : Comités Consultatifs Régionaux CNRA : Commission Nationale à la Réforme Administrative CNSA : Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire CNVJ : Commission Nationale Vérité et Justice CONADEP : COnseil National de Développement et de Planification CONAT : Commission Nationale à l'Aménagement du Territoire CORCOPLAN : COmité Régional de COordination et de PLANification CORDES : COmité Régional de Développement Economique et Social DATPE : Direction de l'Aménagement du Territoire et de la Protection de l'Environnement DMA : Defense Mapping Agency DRS : Directions Régionales Sectorielles FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations GIH : Gouvernement Intérimaire Haïtien IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique LAQUE : Laboratoire de Qualité de l'Eau et de l'Environnement MARNDR : Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural MDE : Ministère De l'Environnement MENJS : Ministère de l'Education Nationale de la Jeunesse et des Sports MNT : Modèle Numérique de Terrain MSP : Ministère de la Santé Publique PIB : Produit Intérieur Brut PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement SNAT : Schéma National d'Aménagement du Territoire SMN : Service de Météorologie Nationale SMUH : Secrétariat des Missions d'Urbanisme et d'Habitat UE : Union Européenne UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization UNOPS: United Nations Office for Project Services USAID : United States Agency for International Development USD : Unités Spatiales de Développement USDA : United States Department of Agriculture UTSIG : Unité de Traitement des Systèmes d'Informations Géographiques INTRODUCTIONHaïti, comme beaucoup de pays en voie de développement, est caractérisé par un fort taux de population rurale occupée dans l'agriculture1(*). Les habitants du milieu rural représentent 60% de la population haïtienne (IHSI, 2005). Cependant l'agriculture est l'un des secteurs les plus négligés par l'Etat haïtien et depuis les années 50 la productivité agricole n'a cessé de baisser. En un demi-siècle, Haïti est passé d'une production agricole presque suffisante pour nourrir la population à un déficit alimentaire de près de 60% (CNSA, 2005). Le secteur agricole est en crise. Outre l'environnement naturel difficile du pays, la croissance démographique, la désorganisation de l'Etat et le manque d'infrastructures dans le milieu rural constituent des causes profondes de cette crise. La population rurale croît à un rythme annuel de 2% environ consacrant une forte pression sur les terres agricoles (500 habitants/km2 de terres agricoles (GIH, 2004). La faiblesse de la législation haïtienne favorise le morcellement des terres (1,8 ha en moyenne par exploitant)2(*). Cette exiguïté des exploitations agricoles est incompatible avec leur viabilité. Il en résulte l'épuisement, l'érosion des sols joints à l'archaïsme des instruments aratoires utilisés dans l'agriculture, le faible niveau de transformation des produits agricoles. Dépourvu de tout, le monde rural bénéficie peu en terme d'investissements publics et privés, ce qui explique le pourcentage élevé de gens du milieu rural vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit 77% (GIH, 2004). Face à cette situation de pauvreté extrême des campagnes, les ruraux fuient le milieu rural pour s'établir dans les villes, particulièrement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince3(*) où vit ¼ de la population haïtienne sur un espace représentant 6,5% du territoire national. Port-au-Prince devient donc un exutoire, absorbant le « trop plein » démographique des zones rurales. Le développement de Port-au-Prince s'est poursuivi pendant des décennies dans un climat de confusion et d'anarchie totale. L'urbanisation de Port-au-Prince s'est manifestée uniquement dans ses dimensions démographique (taille de la population) et morphologique (concentration de la population et de l'habitat) sans ses dimensions fonctionnelles (administration) et d'équipements (infrastructures). Cette situation a consacré « une urbanisation sans urbanisme » (BAPTISTE, 1998). Dépourvue d'infrastructures adéquates pour sa population croissante et en absence d'un véritable plan de développement, la capitale haïtienne s'est transformée en une ville-marché4(*) ceinturée de bidonvilles. Déjà en 1986, leur population représentait 25% de la population des zones urbaines du pays. Le phénomène s'est amplifié dans les années 1990 et on estime qu'aujourd'hui plus de 65% de la population de Port-au-Prince vit dans des bidonvilles5(*). Comme le souligne BAPTISTE (1998), la bidonvilisation apparaît comme la consécration de la suprématie du non-contrôlé sur le contrôlé, du non-planifié sur le planifié, de l'informel sur le formel. Depuis plusieurs années, on assiste à un éclatement spatial de la capitale qui a pour effet de dépeupler le centre au profit de la périphérie, une périphérie rurale. Cet éclatement consacre la périurbanisation de Port-au-Prince. Si l'on tient compte du fait que le pays n'a pas encore atteint la phase de transition urbaine6(*), il y a lieu de penser que les mouvements centripète (population de campagne vers les villes ou exode rural) et centrifuge (population des centres-villes vers la campagne périphérique) qu'impliquent le processus d'urbanisation vont continuer. En effet, au nord de Port-au-Prince, la plaine fertile dénommée plaine du Cul-de-sac, d'une superficie de 1610 km2, est pratiquement entièrement urbanisée. Pourtant, cette plaine fait partie d'une zone déclarée non aedificandi. L'extension de Port-au-Prince, coincée entre le Morne de l'Hôpital et la mer, ne peut se faire que vers le sud-ouest, c'est-à-dire vers la côte de Gressier et la plaine de Léogane : c'est ce qui se produit depuis un certain nombre d'années sans que les autorités n'interviennent pour freiner cette dynamique d'urbanisation des plaines agricoles. Gressier se trouve en effet à environ 24 km au sud-ouest de Port-au-Prince. Elevée au rang de commune en 1982, elle présente une partie côtière fertile et une grande partie montagneuse. La partie côtière fait l'objet d'une forte pression de la population provenant de Port-au-Prince. Pour faire face à cette pression une planification des usages du sol s'impose. Le présent travail entend contribuer à cette tâche par l'analyse qui en est le préliminaire à savoir le diagnostic des potentialités et vulnérabilités du territoire. L'objectif principal de notre travail est donc de faire ressortir la vulnérabilité du milieu naturel à Gressier face à l'urbanisation incontrôlée de sa partie côtière particulièrement et de proposer des lieux plus appropriés pour le développement de l'habitat dans le respect du milieu. Ce travail commence par une présentation du contexte géographique d'Haïti. Pour une compréhension du problème de primauté (au sens de macrocéphalie) de Port-au-Prince sur les autres villes du pays, un chapitre de ce travail est consacré à la situation de l'appareil d'aménagement du territoire en Haïti. Il est question ensuite de la caractérisation et de l'utilisation de la zone d'étude et enfin, la définition des enjeux de gestion de cette zone et des mesures nécessaires pour y parvenir. * 1 93,3% de la population rurale active s'occupe de l'agriculture en Haïti (IHSI, 2005). * 2 Par exemple l'article 674 du code civil haïtien stipule que : «Nul n'est obligé de demeurer dans l'indivision et le partage peut être toujours provoqué nonobstant prohibitions et conventions contraires». * 3 Cette région, en plus de Port-au-Prince, comprend Pétion-ville, Carrefour, Delmas et Croix des Bouquets. Cette région a une superficie de 18,04 km2 (BAPTISTE, 1998). * 4 Le manque d'opportunités économiques a provoqué un boom dans le secteur informel. Les acteurs de ce secteur entretiennent de petits commerces répartis partout dans la capitale. * 5 Source : Projet HAI/94/003 - Evaluation de la population de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince (1994), cité par BAPTISTE (1998). 5 Période au cours de laquelle la population passe d'une majorité rurale à une majorité urbaine (VÉRON, 2006). |
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