Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier face à la pression démographique liée à la périurbanisation de Port-au-Prince (haà¯ti) comme base d'une planification du développement de son habitat.( Télécharger le fichier original )par Nixon SANON Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (Belgique) - Dipleme d'Etudes Approfondies 2006 |
6.4- RELATION POTENTIALITÉS DES SOLS ET HABITATEn se basant sur les critères de définition des potentialités des sols établis par USDA, la commune de Gressier présente peu de sols aptes à la pratique de l'agriculture, environ 28 % de l'espace communal si on considère les sols à potentialités agricoles moyennes (tableau 4). Ces sols à potentialités agricoles favorables sont localisés en plaines (figure 19). C'est sur ces rares sols que s'est implanté l'habitat au niveau de la côte. Au niveau des montagnes, les sols sont pour la plupart limités et ne conviennent pas vraiment à la pratique de l'agriculture sans des mesures de conservation et de bonification. Ce sont des sols situés, pour la plupart, sur des pentes supérieures à 25 % et qui présentent des risques d'érosion élevés. En dépit de ces contraintes, ces sols supportent un réseau d'habitat dispersé où l'agriculture est pratiquée. Les montagnes de fortes pentes, où se prêtent mal l'agriculture et la construction sur les flancs non protégés, le sont alors que les plaines fertiles qui se prêtent au contraire à des activités agricoles sont plutôt en grande partie utilisées pour la construction (tableau 4). Tableau 4. Localisation et proportion des sols de Gressier
Face aux difficultés à faire respecter les lois et en absence d'alternative viable face à la croissance démographique, l'urbanisation de la côte de Gressier est aisément compréhensible. Car, à part pour des raisons de sécurité, nous dit CERDA, cité par ABERASTURI (1979), les agglomérations sont toujours développées sur des terres fertiles. Il est « logique » que la population s'établisse sur ces terres. Par contre, l'implantation de l'habitat dans les montagnes et la pratique de l'agriculture sur les flancs des montagnes incultes ne peuvent être expliquées que par des facteurs historiques. En effet, la misère et l'esclavage pour citer TURCAN (1985) ont chassé les paysans haïtiens vers les montagnes, où ils tirent un revenu insuffisant de la culture des pentes des collines. Cette occupation des montagnes fait qu'Haïti présente un environnement physique très dégradé22(*). Jusque dans les années 50, la relation entre le paysan et la terre se maintenait relativement en équilibre selon SEPTEMBRE (2003) et sans conséquence négative majeure ou automatiquement visible pour l'un et pour l'autre. Mais à partir des années 60, deux grandes causes allaient jouer de manière progressive et intensive. Il y a, d'une part, les cyclones qui causaient beaucoup de dégâts sur les terres, la couverture végétale et les moyens matériels d'existence de la population rurale. Cette dégradation s'accentue, d'autre part, par des facteurs politico-économiques externes comme l'abattage sytematique du cheptel porcin et la chute du prix du café sur le marché international, et aussi par des facteurs locaux comme la pression démographique, la colonisation des terres impropres à l'agriculture, l'exploitation abusive et non protégée des sols très préjudiciable à l'environnement de montagnes. Face à des terres incultes et un milieu déboisé, le paysan migre vers les centres urbains, particulièrement à Port-au-Prince qui, regroupe 25 % de la population totale du pays. L'insécurité, les tensions sociales, l'insalubrité de cet environnement le poussent depuis quelques années à rurbaniser les rares plaines fertiles du pays. Des montagnes déboisées aux plaines agricoles construites de façon anarchique, la boucle est bouclée. Quelles solutions peuvent être alors apportées à ces problèmes ? Nous allons essayer d'apporter quelques éléments de solution dans le chapitre suivant. Chapitre 7 * 22 Selon la FAO (1999), la couverture forestière d'Haïti représente moins 1% du territoire. |
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