Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier face à la pression démographique liée à la périurbanisation de Port-au-Prince (haà¯ti) comme base d'une planification du développement de son habitat.( Télécharger le fichier original )par Nixon SANON Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (Belgique) - Dipleme d'Etudes Approfondies 2006 |
6.2- RELATION HABITAT ET RISQUE D'ÉROSIONLe milieu physique de la commune de Gressier dans l'ensemble présente un risque d'érosion élevé (figure 17). Les causes de ce risque sont multiples. Une grande partie du territoire communal, soit près de 75 % se situe à une altitude supérieure à 200 mètres et constituée de pentes supérieures à 25 % où la pluviométrie est plus élevée et intense. A ces facteurs conjugués s'ajoute un autre facteur tout aussi important, la lithologie. En effet, comme la figure 8 le montre une bonne partie du territoire est constituée de sables, de marnes. Ces matériaux sont particulièrement sensibles à l'érosion superficielle. Mais ces facteurs à eux seuls pourraient ne pas constituer un problème si le milieu n'était pas déboisé. L'habitat est concentré majoritairement au niveau de la côte dans les zones à risque moyen d'érosion. Cependant compte tenu de la pression urbanistique, il se développe des noyaux d'habitations sur les zones à risque élevé d'érosion, non éloignées de la route nationale. Ces noyaux sont de moindre ampleur que sur la côte mais leur présence est tout aussi inquiétante. L'accessibilité de ces zones bâties à partir de la voirie et leur proximité avec la côte sont autant de raisons qui laissent anticiper que l'occupation des ces espaces par un habitat dense par la population profitant du vide institutionnel existant est imminente. Au niveau des montagnes, l'habitat occupe aussi bien les zones à risque moyen d'érosion que celles à risque élevé. Les affleurements rocheux qui apparaissent en certains endroits au niveau de ces zones ne sont que la conséquence logique de ce mode d'occupation des montagnes. Si au niveau de la côte et dans des zones proches, l'accessibilité, suite à la pression démographique, semble faciliter l'occupation des zones à risque d'érosion élevé, la dispersion aléatoire de l'habitat dans les montagnes à pente abrupte constitue un réaction des paysans fuyant le système de plantation après l'indépendance comme nous l'avions dit. 6.3- RELATION HABITAT ET RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINESIl convient ici de traiter de la vulnérabilité des eaux souterraines face au bâti. La vulnérabilité des eaux souterraines doit être comprise comme un défaut de protection ou de défense naturelle des aquifères contre des menaces de pollution en fonction des conditions hydrogéologiques locales (DAVOUST, 2006). Le risque de pollution des aquifères au niveau des montagnes serait très faible compte tenu de la profondeur de la surface piézométrique à ce niveau. Mais ce risque sur les eaux souterraines paraît bien plus effectif au niveau de la côte où l'habitat y est concentré. En effet, comme la figure 18 l'illustre, le bâti est implanté dans la zone des aquifères alluviaux à nappe libre et semi-captive. Rappelons que le niveau supérieur d'un aquifère à nappe libre n'est pas limité par une couche géologique imperméable. Ce qui rend une nappe libre naturellement vulnérable à la pollution et la contamination d'une nappe semi-captive par une nappe libre peut avoir lieu par drainance de l'une vers l'autre (CASTANY, 1998). Le milieu urbain haïtien étant caractérisé du point de vue sanitaire par le système des latrines et en absence de système de collecte, les eaux usées sont déversées directement dans le milieu ambiant. Le risque de pollution des aquifères, aussi bien à nappe libre qu'à nappe en partie captive, est donc bien réel au niveau de la plaine côtière de Gressier où l'existence d'un puits et d'une latrine dans une même cour est courante. D'ailleurs on assiste déjà à une augmentation de substances organiques et inorganiques dans les eaux souterraines de la plaine de Léogane -prolongement de la plaine côtière de Gressier- très urbanisée (EMMANUEL et LINDSKOG, 2000). En outre, avec le réchauffement climatique, les prévisions faites sur l'indice de disponibilité de l'eau en Haïti sont très alarmantes. Selon ces prévisions, les changements climatiques entraîneraient une augmentation du niveau de la mer qui provoquerait l'intrusion marine vers les eaux souterraines et donc la salinisation de nappes côtières. Or, les plaines côtières fournissent plus de la moitié des ressources en eau du pays du fait de leur facilité d'accès (UNESCO, 1999). Le recul de la côte et l'augmentation de la salinisation des eaux souterraines côtières auraient aussi une incidence importante sur les établissements humains proches de la frange côtière (MDE, 2001). D'où l'importance d'une gestion efficiente de l'eau contre la contamination en mettant l'emphase sur les eaux souterraines à cause de la fragilité de cette ressource. Notons que la plus grande réserve en eau souterraine du pays, la Plaine du Cul-de-Sac, au nord de Port-au-Prince, fait déjà face à ce processus de salinisation dû au forage et à l'exploitation incontrôlée des puits suite à une urbanisation accélérée (EMMANUEL et LINDSKOG, 2000). La gestion des ressources en eaux de surface et souterraines du pays incombe au Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) mais celui-ci est incapable de faire respecter les lois relatives à l'exploitation des eaux souterraines. Ainsi n'importe qui peut décider en toute illégalité de creuser son puits et s'approvisionner. Ce fait, qu'il faut reconnaître, est dû au faible de taux de couverture des besoins en eau de la population. Un taux qui avoisinait 40 % en 1997 (ADAM, 1998). On l'a déjà dit l'extension de Port-au-Prince ne peut plus se faire que vers Gressier et explique l'implantation d'un ensemble de logements ne respectant aucune norme, et compte tenu de l'absence des piliers de la planification spatiale21(*) à Gressier, le risque de surexploitation de la nappe côtière est important. Une exploitation intensive de l'eau souterraine d'un aquifère côtier affluant à la mer, comme c'est le cas à Gressier, à des débits supérieurs à ceux de l'alimentation (une situation très probable en Haïti compte tenu de la faible couverture boisée du pays) déprime la surface piézométrique et l'eau salée pénètre progressivement à l'intérieur de l'aquifère (CASTANY, 1998). C'est pourquoi l'exploitation des ressources de ce type d'aquifère doit être planifié avec précision, ce qui n'est pas le cas à Gressier. * 21 Selon FELTZ (2006) les quatre piliers de la planification spatiale sont les outils de conception (plan, schéma, etc.), les outils de fixation (lois, règlements, etc.), les permis administratifs (régime des autorisations d'aménagement) et la police d'aménagement (l'autorité communale). |
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