Diagnostic des potentialités et vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier face à la pression démographique liée à la périurbanisation de Port-au-Prince (haà¯ti) comme base d'une planification du développement de son habitat.( Télécharger le fichier original )par Nixon SANON Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux (Belgique) - Dipleme d'Etudes Approfondies 2006 |
SYNTHÈSE DU DIAGNOSTICPROBLEMES D'OCCUPATION DU TERRITOIREAu niveau de ce chapitre, nous avons mis en relation avec l'habitat un ensemble de facteurs naturel et anthropique qui permettent de caractériser les risques pesant sur le milieu. Ces facteurs sont : les classes de pente, le risque d'érosion, l'hydrogéologie, l'aptitude agronomique des sols.6.1- RELATION HABITAT-PENTEGressier présente un relief accidenté et des milieux très pentus. Les pentes supérieures à 25 % représentent plus de 50 % du territoire communal (Tableau 3). Tableau 3. Classes de pente et leur proportion
L'occupation de l'espace par l'habitat est différente suivant que l'on se trouve sur la côte ou au niveau des montagnes. Sur la côte, l'habitat est concentré le long de la route nationale. L'habitat est implanté majoritairement dans les zones de pente comprises entre 0 et 5 % mais aussi entre 5 et 15 % (figure 16). On constate une tendance à l'implantation de l'habitat dans les zones de mangroves qui, de nos jours sont déboisées. L'occupation spontanée qui se dessine sur la côte de Gressier est la même que celle de toutes les zones périphériques de Port-au-Prince, à savoir la bidonvilisation des zones côtières. En effet, le processus d'urbanisation de Port-au-Prince s'est poursuivi pendant des décennies dans un climat de confusion et d'anarchie totale. Une urbanisation sans urbanisme selon BAPTISTE (1998). Ce processus est caractérisé par l'absence de l'Etat, abandonné aux aléas des logiques du marché et l'initiative presqu'exclusive de l'informel. Les zones dans la périphérie relativement lointaine de Port-au-Prince n'échappe plus à cette urbanisation sauvage. La destruction des mangroves et la construction d'habitat dans ces zones font courir à la population de ces zones et au milieu naturel d'énormes risques. Haïti fait partie de l'arc insulaire des Antilles né de la jonction des plaques tectoniques caraïbe et atlantique. Le pays subit, à cause de cette situation, des menaces constantes de séismes et de raz-de-marée. D'après Calais cité par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD (2004 b), des conditions géologiques susceptibles de déclencher un évènement de grandes proportions (7,5 sur l'échelle de Richter) à cause de l'accumulation d'énergie due à la longue période de « silence sismique » existent en Haïti. Si de tels évènements survenaient les gens habitant les mangroves seraient les premiers touchés. La destruction des mangroves en plus des conséquences écologiques (les côtes ne sont plus protégées des vagues, de l'inondation, des cyclones et sont polluées) entraîne des conséquences économiques défavorables. Les frayères sont détruites20(*). Une autre tendance qui peut être préjudiciable pour le milieu, si des mesures de protection ne sont pas prises, est l'implantation d'habitat dans les zones de pente de 15 à 25 %. Au niveau des montagnes, l'habitat est dispersé. Si certains noyaux d'habitats sont localisés sur des replats sommitaux (de pente 0-5 %), d'autres par contre sont situés dans des zones de pente abrupte. On aurait tendance à considérer ce choix d'habiter des zones aussi pentues comme irrationnel mais cette situation répond à une causalité qui le situe et le détermine. En effet, l'existence des réseaux d'habitat diffus dans les montagnes trouve son origine dans le système de esclavagiste d'une part et d'autre part de certaines mesures prises qui ne sont pas toujours favorables à la population (voir 5.2.2). * 20 Comme dans toutes les régions côtières d'Haïti, on pratique sur la côte de Gressier une pêche artisanale. Les pêcheurs n'ont pas les moyens d'atteindre les eaux profondes et poissonneuses. L'activité de pêche se réduit donc au plateau continental très restreint (500 km2) devenu très pauvre en poissons. Le pays se voit obligé d'importer plus de 60% de ses besoins en produits de mer (UE/ACP, 2003). L'altération des plages suite à la destruction de la mangrove ne favorise pas la valorisation des potentialités touristiques du pays. |
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