Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)( Télécharger le fichier original )par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008 |
SommairePARTIE I DE LA FROMATION AUX STRUCTURES DES REBELLIONS 11 SOUS LE REGIME D'IDRISS DEBY 11 Chapitre 1 : Les rebellions de la période 1990 à 2000 12 Section 1 Les facteurs de l'émergence des rébellions dans la périonde1990-2000. 12 Section 2 Les Mouvements ou formations rebelles en activité dans la période de1990 à 2000 20 Chapitre 2 : L'éclosion des mouvements rebelles de 2001-2008 29 Section 1 Les nouveaux facteurs de l'émergence des rébellions. 29 Section 2 Les formations rebelles 36 PARTIE 2 LES LOGIQUES A L'OEUVRE DANS LES MOUVEMENTS REBELLES TCHADIENS. 45 Chapitre 3 : Les rébellions comme logique d'accumulation de richesse 46 Section 1 Les facteurs conduisant à la conclusion des accords. 46 Section 2 Les accords de paix comme droit d'accès aux richesses nationales 50 Chapitre 4 : Les rébellions : entre logique de revanche et contribution à la pérennisation du régime d'Idriss Déby 57 Section 1 La rébellion comme logique de revanche. 57 Section 2 La contribution à la pérennisation du régime d'Idriss Deby ? 60
INTRODUCTION GENERALEA- ContexteSitué sur la ligne de contact entre l'Afrique « blanche » et l'Afrique « noire », au carrefour entre le Maghreb, le monde sahélien et l'Afrique équatoriale, le Tchad comme de nombreux pays africains, est une création coloniale. Devenu République en 1958, elle acquiert son indépendance le 11 août 1960. Couvrant une superficie de 1 284 000 km2 sur laquelle vivent environ 8 millions d'habitants, le Tchad se caractérise par une profonde diversité ethnique de sa population. En effet, celle-ci est divisée en différents groupes linguistiques que sont : les Sara (30%), les Arabes (15%), les Mayo-kebbi (12%), les Kanembou (9%), les Ouaddaï (15%), les Haddjaraï (8%), les Toubou/Gorane (6%), et les zaghawa (1,5%). Cette diversité ethnique s'exprime aussi à travers une inégale répartition spatiale de la population sur toute l'étendue de son territoire. Ainsi, nous notons que 7% de la population vivent dans le Nord du pays, 33% dans le Centre et 38% dans le Sud. Sans aucune façade maritime, le territoire tchadien est entouré à l'Est par le Soudan, au Nord par la Libye, à l'Ouest par le Niger, le Nigeria, et au Sud par les Républiques du Cameroun et de Centrafricaine. Depuis l'indépendance, le pays est resté, sans discontinue, en proie à la guerre civile itinérante opposant les pouvoirs centraux successifs à des groupes armés n'ayant pour seul objectif que de ravir le pouvoir. Ces derniers parviennent le plus souvent à leurs fins avant d'être à leur tour chassés du pouvoir. C'est donc un cycle infernal de coups d'Etat précédés de conflits armés que le pays a connu jusqu'en 1990. A cette date s'effectue un évènement majeur pour l'histoire politique de cette jeune république. En effet, le 1er décembre de cette année, le colonel Idriss Deby s'empare du pouvoir par un coup d'Etat en chassant son prédécesseur Hisseine Habré. Dans sa lutte contre le gouvernement d'alors, il bénéficia du soutien du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). En effet, le MPS est né de la fusion de plusieurs organisations politiques dont l'action du 1er avril, le Mouvement du Salut National du Tchad (MOSANAT) et les Forces Armées Tchadienne-Mouvement Révolutionnaire du Peuple (FAT-MRP) auxquels il convient d'ajouter d'autres organisations et de nombreux cadres déjà engagés individuellement. La mutualisation de ces différents mouvements s'effectua lors du congrès de Bamina de mars 1990. Cette coalition avait pour objectif essentiel d'unifier leurs forces dans le seul but de chasser du pouvoir le président Hisseine Habré. Dans sa déclaration à la nation du 4 décembre 1990, Idriss Deby fit montre de sa volonté d'instaurer une vie démocratique en déclarant : « Nous n'aurons définitivement extirpé les démons de la dictature (...) qu'après l'établissement d'une démocratie vraie, totale, une démocratie pluraliste (...). Le plaisir est immense pour tous les combattants des forces patriotiques d'avoir contribué à l'éclosion du cadeau le plus cher que vous espériez. Ce cadeau n'est ni or ni argent : c'est la liberté »1(*). La prise du pouvoir en 1990 par Idriss Deby a suscité beaucoup d'espoir au sein des populations tchadiennes, d'abord parce qu'elle lui a permis de sortir du joug dictatorial de Hisseine Habré mais aussi parce qu'elle a contribué dans une certaine mesure à amorcer un processus démocratique avec la libération de l'espace politique à travers l'instauration du multipartisme. Mais l'espoir né du coup d'Etat du 1er décembre s'est rapidement étiolé. Très vite, les frustrations s'accumuleront et les dissonances se feront jour au sein du nouveau régime. Certains anciens compagnons d'armes d'Idriss Deby reprirent le chemin du maquis avec l'objectif de l'écarter du pouvoir. De 1991 et jusqu'à 2008, les rebellions n'ont cessé de se créer avec pour seul objectif de renverser Idriss Deby. Cependant, celles-ci se heurtent à la solidité du régime de Deby. La conséquence directe de ces incessants conflits pour le pouvoir est de plonger le pays dans une situation de profonde instabilité ; plombant ainsi les efforts de redressement économique d'un pays qui se classe parmi les plus pauvres du continent africain. C'est donc pour comprendre et mettre en lumière les réels ressorts de cette instabilité politique que nous avons décidé de conduire cette analyse sur les rébellions tchadiennes dans la période de 1990 à 2008. * 1 BUIJTENHUJS R. La Conférence Nationale Souveraine, Paris, Karthala, p.15. |
|