Section 2 La contribution à la
pérennisation du régime d'Idriss Deby ?
L'analyse des structures des rebellions et de leur
capacité à opérer un changement de régime nous
livre beaucoup de leçons. Ces leçons résultent des
facteurs propres aux organisations rebelles. C'est le caractère
aléatoire et éphémère des alliances rebelles
(§1) qui contribue à hypothéquer les chances de l'option
armée pour opérer un changement de régime. A ces facteurs
organisationnels des rebelles viennent se greffer certains facteurs
extérieurs qui jouent en défaveur des rébellions (§2)
et renforcent le pouvoir Déby.
§1- Le caractère
aléatoire et éphémère des alliances rebelles :
quelques éléments d'explications.
Comme toutes les organisations humaines, les rebellions
tchadiennes connaissent de nombreux problèmes qui nuisent de
manière significative à leurs actions. Nous ne pourrions faire
une analyse détaillée de tous ces problèmes, nous nous
focaliserons sur le problème de leadership (A) et les conflits inter
ethniques qui minent (B) les rebellions.
· A-Le problème de leadership
Tous les chefs de mouvements rebelles en activité
aujourd'hui au Tchad ont été des courtisans, voire des proches
collaborateurs d'Idriss Déby. A ce titre, ils connaissent mieux que
quiconque les tares de la gestion et le fonctionnement du pouvoir d'Idriss
Deby. Et les déceptions qu'ils éprouvent à l'encontre de
Deby sont profondes et justifient, au delà des griefs personnels, le
désastre que traverse le pays. Mais, en dépit de cette bonne
connaissance du régime, ces chefs rebelles reproduisent à
l'identique les maux du régime qu'ils combattent.
En effet, à regarder de près les faits qui
justifient l'échec des coalitions rebelles, on trouve la querelle des
personnalités entre certains chefs des mouvements rebelles et leurs
ambitions personnelles.
Données difficiles à saisir puisque souvent
inavouées, les querelles de personnes et les ambitions personnelles
occupent une place importante dans l'analyse des échecs des coalitions
rebelles tchadiennes. Tous les chefs rebelles inscrivent leur lutte dans le
combat pour l'instauration de la démocratie, lutte contre l'arbitraire,
le clanisme, la corruption et le respect des droits humains, etc. Mais
l'aboutissement de cette lutte nécessite parfois des concessions, des
sacrifices, et aussi une mise entre parenthèse des ambitions
personnelles.
Or, on s'aperçoit que dans le monde rebelle tchadien,
faire des concessions relève de la pure spéculation. Chaque chef
rebelle se positionne. Il estime toujours être celui qui peut
représenter au mieux toutes les autres sensibilités lorsqu'il
s'agit de fédérer les différentes factions rebelles en une
alliance ou coalition. Chacun se voit chef et oublie que c'est dans l'union
qu'il est possible de constituer une alternative crédible au
régime en place. Et cette situation s'observe facilement depuis le
début du règne Deby.
Quelques exemples méritent d'être circonscrits.
La première coalition des insurgés zaghawa n'a pas tenu, suite
aux querelles de leadership persistantes entre Timane Erdimi, Yaya Dillo
(aujourd'hui rallié au pouvoir) et Abakar Tollimi. Les deux premiers
étant Bidéyat et le second Borogate.
La deuxième coalition créée en avril 2006
entre le FUC et le RAFD n'a pas non plus durée. Elle fut courte car le
FUC avait choisi en avril 2007 d'attaquer seul N'djamena sans tenir compte de
l'avis des autres forces composantes de la coalition.
Après la défaite du FUC, une coalition
regroupant l'UFFD, L'UFFD-F, le RFC, L'UFCD et la CNT vit le jour. Elle s'est
très vite fissurée après les accords de Syrte en Libye.
Al-Jineid, chef de la CNT, quitte la coalition et regagne N'djamena. Aux
conflits de leadership, s'ajoutent les clivages ethniques.
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