§2- La revanche de
l'ancien parrain
Le pouvoir de Khartoum avait été le parrain de
Déby lors de sa conquête du pouvoir. C'est dans les confins du
Soudan que Déby s'est installé pour s'organiser et se lancer
à l'assaut du pouvoir à N'djamena. Il a puisé une partie
importante de ses combattants dans le milieu Béri soudanais. Déby
apparaît au début de son règne et jusqu'en 2003 comme le
protégé de Khartoum. Tout a été mis en oeuvre par
le Soudan pour mettre fin à toutes velléités tendant
à nuire au régime de N'djamena.
Mais la situation a changé depuis que le Soudan fait
face à l'insurrection armée dans le Darfour. En toute logique, le
Soudan compte sur son poulain Déby pour l'aider à venir à
bout des insurgés. Ce dernier, compte tenu de ses attaches ethniques le
liant à certains chefs des insurgés, se trouve dans une position
assez ambiguë que Khartoum a du mal à comprendre.
Entre soutenir Khartoum et céder à la pression
des cercles Béri, Idriss Déby choisit la solidarité
Béri. Ce choix est ressenti par Khartoum, et particulièrement par
le président Oumar El-Bechir, comme un acte d'insoumission d'un
protégé. Khartoum élabore une stratégie, celle
d'installer un nouvel homme au palais présidentiel de N'djamena qui
convienne aux aspirations du Soudan. C'est le changement de poulain qui se
dessine.
Où trouver le nouvel homme providentiel ? C'est
naturellement du côté des différents chefs rebelles en
activité qu'il faut regarder pour déceler celui qui ferait les
affaires de Khartoum au Tchad. C'est cette option de changement qui explique
les nombreuses tentatives de structurations des rebelles par Khartoum que nous
avons analysées dans la première partie de ce travail.
Dans ce changement, Khartoum veut faire d'une pierre deux
coups, c'est à dire installer un nouveau régime à
N'djamena et à charge pour ce dernier de l'aider à vaincre la
rébellion au Darfour alimentée par la solidarité
Béri. Sans l'appui des forces françaises et les querelles
sourdines qui traversent les coalitions des mouvements armés tchadiens,
la stratégie aurait pu porter ses fruits.
Mais une question vient à l'esprit quand on regarde le
paysage des rebelles tchadiens aujourd'hui. Les rebellions actuellement en
activité ne sont elles pas une stratégie élaborée
par le pouvoir d'Idriss Déby pour se pérenniser au
Pouvoir ?
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