Conclusion générale
Le contexte de la guerre froide et les régimes
dictatoriaux qui se sont succédés au pouvoir au Tchad ont
été des facteurs ayant aidé les différents chefs
rebelles qui se sont lancés à la conquête du pouvoir. Mais
depuis la fin de la bipolarisation et l'amorce du processus de la
démocratisation enclenché au Tchad, les rebelles n'arrivent pas
à conquérir le pouvoir central nonobstant les capacités de
nuisances dont ils font preuve. C'est dans ce contexte que nous avons voulu
comprendre les sources des motivations des actions rebelles aujourd'hui au
Tchad.
Pour nous permettre de mener notre analyse, nous avons, en
guise d'hypothèses, affirmé que les rebellions participent
beaucoup plus à la logique d'accumulation de richesses et de revanche
qu'à un véritable désir de conquête du pouvoir.
En effet, l'analyse des mouvements ou coalitions rebelles sous
le régime d'Idriss Déby renferme beaucoup de problèmes.
Le travail documentaire nous a permis de saisir certains maux qui minent le
monde rebelle tchadien d'aujourd'hui. Ces maux se trouvent dans la base
ethnique des formations rebelles, les ambitions personnelles des leaders
politiques militaires au détriment de la cause nationale, les alliances
fantaisistes, les accords d'opportunités sous fond de calculs
d'intérêts des chefs rebelles, les soutiens logistiques et
financiers.
Outre les questions d'organisation et de positionnement des
différentes formations rebelles, vient se greffer l'absence de programme
politique. De tous les mouvements ou coalitions rebelles évoqués
dans notre analyse, le travail politique reste une question qui ne constitue
pas une préoccupation primordiale des rébellions. Les
rébellions comptent beaucoup plus sur les victoires militaires. Or une
victoire militaire ne peut produire d'effets durables que si elle est assise
sur un programme politique qui reçoit une adhésion populaire.
L'absence de cette adhésion populaire est souvent l'origine de la
détérioration des rapports rebelles et populations dans les zones
passées sous le contrôle des rebellions.
A cela s'ajoute la répression des forces
gouvernementales qui fait craindre le pire à la population civile pour
leurs supposés soutiens aux rebelles. Tous ces éléments
viennent en défaveurs des rebelles qui subissent déjà le
contexte international de la fin de la bipolarisation.
Par ailleurs, l'analyse du monde rebelle permet de mettre en
exergue l'utilisation des réseaux transnationaux existants entre le
Tchad et le Soudan. Ces réseaux font que les gouvernements du Tchad et
Soudan se font la guerre par mouvements rebelles interposés.
L'utilisation des réseaux des acteurs non étatiques permet de
comprendre la dimension qu'occupent ces derniers dans la compréhension
et l'analyse des relations internationales actuelles et plus
précisément de l'instabilité politique tchadienne et la
crise du Darfour.
Aussi faut-il souligner que Idriss Déby a,
jusqu'à aujourd'hui, su tirer son épingle du jeu grâce
à un dosage du contexte de la crise du Darfour et à la tactique
de la division interne des rébellions par les accords de paix sans
lendemain qu'il développe.
Ainsi, toutes considérations nous conduisent à
dire que les rébellions actuelles au Tchad constituent un fonds de
commerce et continuent de réduire les potentialités du pays en
matière de développement. C'est le partage des postes juteux dans
l'administration publique, et la course pour l'accès aux richesses
nationales qui prédominent dans les naissances des rébellions.
Nous sommes dans la logique de jeu du « cache-cache ».
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