Section 2- Les Mouvements ou formations rebelles en
activité dans la période de 1990 à 2000.
A peine la conquête du pouvoir du MPS est effective que
des nouvelles alarmantes au sujet d'attaques rebelles envahissent le pays,
rappelant ainsi les durs moments de lutte armée ayant conduit à
la victoire d'Idriss Deby. Aussi, après seulement quelques mois
d'accalmie, les foyers de tensions se ravivent, plongeant le pays dans une
situation identique à celle qu'avait créée les actuels
tenants du pouvoir.
Il serait impossible de faire ici une présentation
synthétique de toutes ces forces et structures rebelles, tant elles sont
nombreuses et multiformes. Les rebellions qui seront présentées
dans cette partie sont celles qui ont été effectives, c'est
à dire qui ont constitué, à un moment de leur existence,
une menace pour le régime d'Idriss Deby. Par ailleurs, il convient
d'indiquer que nous nous inspirerons dans une certaine mesure des
présentations faites dans les ouvrages de Jean Marc Balencie 31(*) et de Mohamed
Tétémadi BANGOURA32(*), quand bien même ces travaux procèdent
à des classifications de mouvements rebelles en fonction de leurs aires
géographiques.
Notre approche obéira à une présentation
chronologique des mouvements rebelles (§1) sans occulter le fait que
ceux-ci ont une certaine facilité à se fédérer en
d'éphémères coalitions. (§2)
§1- Les structures des
mouvements rebelles.
Il s'agira dans cette première partie de situer
géographiquement les mouvements rebelles (A), d'indiquer les soutiens
logiques et financiers dont ils disposent et enfin d'évoquer, dans la
mesure du possible, le parcours de leur leader (B).
· A- La localisation des mouvements rebelles.
1- Le Mouvement pour la
Démocratie et le Développement - Forces Armées Nationales
Tchadiennes (MDD-FANT).
Surpris par la prise du pouvoir d'Idriss Deby, Hissein
Habré et ses partisans ne renoncent pas pour autant à le
récupérer. Fort des deniers publics amassés pendant la
gestion du pays par Hisseine Habré, les barons du régime
déchu exilés au Cameroun, en République Centrafricaine et
au Niger s'organisent pour reconquérir le pouvoir.
C'est ainsi que naît le MDD-FANT. Ce mouvement recrute
essentiellement chez les Goranes du Kanem et chez les
Annakazas du Borkou (clan d'origine de Hisseine Habré). Le
mouvement est financé par Hisseine Habré (même si
officiellement il ne joue aucun rôle) et ses partisans. Le MDD-FANT a
opéré à la fin de l'année 1991 et début 1992
autour du lac Tchad. Il était dirigé par Adoum YACOUB,
assisté de plusieurs membres de la famille d'Hisseine Habré.
Cependant, suite aux dissensions internes (ralliement partiel des
combattants au régime d'Idriss Deby33(*), sourde rivalité à la tête du
mouvement entre Adoum Yacoub et Mahamat Fadil, scission du printemps 1995 des
combattants d'origine krédas conduit par Mahamat
Hassabalah34(*) et la
scission d'Ahmat Allatchi35(*)), le MDD-FANT disparaît de l`échiquier
militaire et politique tchadien.
Outre ces éléments sus indiqués, la
désagrégation du mouvement s'explique en partie par les coups
sévères portés par l'armée régulière
et l'opération tripartite (Tchad, Niger, Nigeria) au cours de laquelle
plusieurs combattants du mouvement trouvèrent la mort.
* 31 Jean Marc BALENCIE et
Arnaud de la GRANGE, Mondes rebelles. Acteurs, conflits et violences
politiques. Tome1. Amériques, Afrique, Paris, Michalon,1996,
p.502-511
* 32 Mohamed
Tétémadi BANGOURA, violences politique et conflits en
Afrique : le cas du Tchad, op. cit.
* 33 Ce ralliement a
été rendu possible suite à l'accord de N'djamena du
septembre 1992.
* 34 Hassabalah fonde alors
le MDD-Conseil National pour la démocratie et la révolution.
* 35 Allatchi fait
scission pour former un MDD- Originel.
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