2. Les
chaînes locales, ou l'avènement de la proximité
Les chaînes locales ont directement profité des
logiques d'agrégation insufflées par les FAI. Toujours dans une
logique d'abondance, Free a mis à disposition une quantité de
chaînes locales. Jusqu'ici confinées à des moyens de
diffusion limitées à l'hertzien et parfois au câble, ces
chaînes qui diffusent à des bassins de population qui flirtent
parfois avec le million ont vu le CSA bouleverser la donne. En effet,
l'attribution de canaux numériques hertziens à des chaînes
locales ainsi que le décret 14.2 de la loi de 86 sur les
télécommunications a permis à ces chaînes dont les
bassins de population touchée varie de quelques dizaines de milliers de
personnes à plusieurs millions de disposer d'une visibilité
inédite. En revanche, certains opérateurs comme Neufcegetel ou
Orange n'ont pas fait preuve d'activisme sur ce sujet pendant que Free voyait
dans ces éditeurs une possibilité d'étoffer leur bouquet.
Aujourd'hui, les opérateurs réfractaires ont compris que chaque
utilisateur est en quelque sorte « local ».
Il convient de retenir qu'au delà de la dimension de
profusion du bouquet, il persiste chez les opérateurs
télécoms, aujourd'hui tous enclins à offrir des canaux
à ces chaînes dans leur plan de service une dimension empathique
forte. Gageons que CanalSat s'inspirera de ses concurrents pour diffuser
à l'avenir plus de chaînes locales, puisque aujourd'hui, en 2008,
seule une chaîne locale est présente dans l'offre contre 13 pour
Free, auxquelles il faut ajouter les 22 canaux de France 3 Région.
Contrairement aux éditeurs historiques, les
opérateurs télécoms se sont attachés à
toucher l'ensemble des segments de la population, non plus seulement selon des
critères sociologiques, professionnels, mais aussi géographiques.
S'attarder sur les fora des sites des opérateurs permet de prendre la
mesure des attentes des abonnés. Ces plateformes de dialogue, dont la
prise en compte par les opérateurs est réelle, comme il a
été expliqué plus haut, a révélé
aussi le désir des utilisateurs de pouvoir disposer de la chaîne
de leur localité où qu'ils soient en France. La quantité
d'expatriés attachés à leur région est un
élément que les opérateurs historiques ont semble t-il peu
pris en compte.
De plus la dématérialisation des services,
générée par la quantité d'espace disponible dans
les tuyaux des télécoms permet une mise en production des
chaînes les plus petites. Et ce, d'autant plus que toutes les
chaînes locales ne touchent pas de rémunération. Elles
trouvent malgré cela une fenêtre de diffusion nouvelle pour
laquelle les annonceurs voient un moyen de toucher un public
géographiquement ciblé.
La prépondérance des chaînes locales dans
le paysage audiovisuel français a suscité l'intérêt
de groupes de média comme Hersant ou NRJ, qui y voient une ouverture
stratégique, preuve que les FAI ont su préempté
éditorialement une offre laissée pour compte et qu'ils ont par
conséquent participé à la modification d'une part du
marché audiovisuel.
La mise en perspective de la typologie des chaînes
locales évoque une réponse à la centralisation
géographique du traitement médiatique. La quasi-totalité
des éditeurs de chaînes, de quotidiens et de radio sont
situés en région parisienne. L'avènement du web a permis
à l'actant de se départir de la dimension dogmatique du
traitement de l'information et du divertissement, grâce à une plus
importante décentration des rapports communicationnels. La diffusion de
chaînes locales ou ethniques, comme nous le détaillerons par la
suite participent à une forme d'adhérence au contournement
médiatique, évoqué en amont.
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