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La commission internationale des frontières et des eaux (IBWC) face aux enjeux de la préservation de l'environnement


par Clémence Léger
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 - Master Etudes Européennes et Internationales - Aire anglophone 2022
  

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Liste d'abréviations

ACEUM Accord Canada, États-Unis, Canada

ALENA Accord de libre-échange nord-américain

ANACDE Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l'environnement

BECC Border Environment Cooperation Commission

CEC Commission for Environmental Cooperation

CILA Comisión Internacional de Límites y Aguas

EPA Environmental Protection Agency

IBW International Boundary Commission

IBWC International Boundary and Water Commission

IID Imperial Irrigation District

NABD North American Development Bank

NAFTA North American Free Trade Agreement

ONG Organisation non gouvernementale

ONU Organisation des Nations Unies

PNUE Programme des Nations Unies pour l'environnement

USCMA US-Mexico-Canada Agreement

USIBWC US International Boundary and Water Commission

Table des illustrations

Figure 1 : Carte de la retenue d'Amistad et de sa région 1

Figure 2 : Les rivières du Colorado et du Rio Grande à la frontière États-Unis-Mexique 11

Tableau 1 : Croissance démographique à San Diego, E.U. et à Tijuana, Mexique 1

Tableau 2 : Valeurs extrêmes des précipitations dans la région de Mexicali 50

Tableau 3 : Les économies en eau mexicaines pour le BWSCP 77

INTRODUCTION

Les problèmes hydriques actuels à la frontière États-Unis-Mexique

La frontière entre le Mexique et les États-Unis est actuellement une région de tensions hydriques liées, entre autres, à des sécheresses successives et à une pollution accrue des fleuves qui mettent en danger l'agriculture, les populations et la biodiversité. À l'automne 2020, ces tensions ont débouché sur une crise dans la vallée du Rio Grande lorsque le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott, pressa le Mexique d'honorer ses engagements et de verser aux États-Unis la quantité d'eau demandée dans le Traité de 1944. Il déclara notamment que le Mexique devait de l'eau aux États-Unis (Varady, Gerlak et al. 2021) dans la mesure où ce dernier détient la plupart des affluents du fleuve et donc la majorité des flux arrivant dans le Rio Grande. Le Traité de 1944 visait, à sa création, à réglementer et organiser la distribution équitable des ressources hydriques des fleuves du Colorado, du Rio Grande (appelé Rio Bravo au Mexique) et de la rivière Tijuana (dont il ne sera pas question dans ce travail), entre les États-Unis et le Mexique. Par ailleurs, il prévoit des exemptions possibles en cas de problèmes environnementaux majeurs tels que des sécheresses ou une pollution exceptionnelle, singulièrement du côté mexicain (Umoff 2008, 75). Malgré cette possibilité d'exemption, le Mexique s'est acquitté de la tâche qui lui incombait grâce aux ressources en eau de la retenue d'Amistad, située à la frontière, sur le Rio Grande. Cette décision a été prise en accord avec les États-Unis ; puisque les deux nations gèrent cette retenue, il est nécessaire d'avoir un accord mutuel pour l'utilisation de son eau. Toutefois, même si cette retenue a permis au Mexique de répondre aux attentes des États-Unis et du Traité, l'utilisation de cette eau a mis en péril l'approvisionnement des habitants de l'État de Coahuila, localisé en aval de la retenue comme le montre la Figure 1 ci-dessous (Kamps 2009).

Figure 1 : Carte de la retenue d'Amistad et de sa région

Cet évènement a intensifié les tensions et les préoccupations, en particulier parce que les agriculteurs ont besoin d'une quantité d'eau suffisante pour leurs cultures difficilement atteinte (Varady, Gerlak et al. 2021). Cela illustre la difficulté persistante des deux côtés de la frontière de surmonter les différends liés à l'eau, malgré la mise en place d'accords et d'organisations binationales dédiés à cet enjeu, tel que l'IBWC (International Boundary and Water Commission) créée dès 1889, et qui près d'un siècle et demi plus tard reste le principal canal de médiation sur ces questions.

L'exemple des complications telles qu'exposées plus haut est une des conséquences des problèmes hydriques qui se multiplient à la frontière au fil du temps et encore plus depuis les années 1990. La situation géographique de la frontière est, en elle-même, une des causes des conflits liés à l'eau. En effet, la localisation des fleuves du Colorado et du Rio Grande/Bravo à la frontière États-Unis-Mexique génère des problèmes hydriques dans la mesure où la zone est semi-aride et souffre de périodes de sécheresses impressionnantes. Le dérèglement climatique entraîne aussi un changement de climat dans la zone qui devient encore plus aride et qui accentue, de fait, les sécheresses et les pénuries d'eau.

Dans ces conditions, les deux pays ne sont pas égaux devant les risques liés à cette pénurie. Comme il est possible de le constater sur la Figure 2 (« Les rivières du Colorado et du Rio Grande à la frontière États-Unis-Mexique »), l'approvisionnement en eau pour les régions frontalières, notamment pour les États d'Arizona, du Nouveau-Mexique et du Texas du côté des États-Unis et les États de Basse Californie, de Coahuila, de Tamaulipas, de Sonora et de Chihuahua du côté mexicain, est fourni principalement par les rivières et les affluents du Colorado et du Rio Grande/Bravo. Ainsi, imaginer que le Mexique est d'autant plus touché qu'il est localisé en aval des rivières est crédible, particulièrement pour ce qui est du Colorado, puisqu'il accède à l'eau de cette dernière en fin de parcours, alors qu'elle est potentiellement déjà polluée ou disponible en trop faible quantité pour répondre à la demande de la population. Ce constat est, cependant, contrasté dans le cas du Rio Grande/Bravo dans le sens où le Mexique possède les débits de la plupart des affluents du fleuve en aval de Fort Quitman, comme il est possible de le voir sur la Figure 2 (« History of the International Boundary and Water Commission » s.d.). Il a ainsi un pouvoir très important sur les débits de ce fleuve puisque c'est à lui de fournir de l'eau aux États-Unis depuis le Traité de 1944.

Il est également essentiel d'insister sur le fait que, dès le début des années 2000, le Mexique se déclarait en situation de stress hydrique (Vega Cárdenas 2020, 28), notamment, et surtout, dans la région frontalière des États-Unis, semi-aride. Cela signifie que ses ressources en eau disponibles étaient déjà inférieures à la demande en eau de la population (Macé 2021). La crise du Rio Grande/Bravo de 2020 représente, à mon avis, une suite logique du processus de stress hydrique puisqu'avec l'aggravation du dérèglement climatique, le Mexique est de moins en moins capable de fournir suffisamment d'eau pour sa population, et n'est plus en mesure non plus de remplir, en toutes circonstances, sa part des accords et des traités signés avec les États-Unis. L'évolution du dérèglement climatique laisse à penser que ce phénomène n'ira qu'en empirant si rien n'est fait pour en atténuer les effets.

Figure 2 : Les rivières du Colorado et du Rio Grande à la frontière États-Unis-Mexique

Source : Carter, Nicole T., et al. 2018. « Sharing the Colorado and the Rio Grande: Cooperation and Conflict with Mexico ». Congressional Research Service. 12 Décembre 2018 : 1-33. https://fas.org/sgp/crs/row/R45430.pdf.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius