Section II : les préalables à la
transformation :
I. le professionnalisme :
Le football africain est rarement sorti de sa coquille d'amateur.
Il a fallu attendre la fin de la première moitié de la
décennie 1990 pour voir les clubs africains se lancer sur l'aventure du
professionnalisme non sans difficultés financières. Cela va de
soi. L'expérience part de la Tunisie. Notre pays est actuellement
l'unique du continent à vouloir montrer et donner une image nouvelle et
remarquable au football africain. Notre football attire non seulement de
milliers de jeunes africains mais aussi des brésiliens (dont certains se
sont déjà naturalisés tunisiens) et européens
Mais, il faut reconnaître que le chemin à parcourir
reste long :
Le professionnalisme est avant tout un état d'esprit
inculqué aux intervenants dans la vie du club, à savoir les
joueurs, les entraîneurs ainsi que le comité directeur.
L'instauration du professionnalisme permettrait au club sportif de
s'élever au rang des grandes équipes caractérisées
généralement par une gestion rigoureuse et des moyens financiers
importants.
L'établissement d'une réglementation plus
rigoureuse permettrait d'atteindre les plus hauts niveaux lors des
compétitions nationales et internationales grâce à des
athlètes prêts mentalement et physiquement et conscients de
l'obligation d'atteindre le meilleur des résultats.
" Il va sans dire que le terme de professionnalisme ne peut
pas, ne doit pas être pris à la légère.
Forcément, il rime avec discipline et rigueur. Il s'identifie à
la cohérence et à l'harmonie. Il renvoie au sérieux et
à l'application. Il ne génère pas uniquement une simple
prise de conscience, mais aussi et surtout une force mobilisatrice, une
volonté spontanée d'adhésion et d'engagement".
Le regard que l'on peut porter sur le professionnalisme
devrait ainsi prendre de la hauteur, s'identifier à des fortes
idées et à des principes incontournables. L'on convient de plus
en plus que le professionnalisme est avant tout un état d'esprit, une
mentalité. Une identification à un mode de principe. Un
épanouissement dans un système qui a forcément ses
particularités, mais aussi ses obligations et ses
contraintes"26
26Jalel Mestiri : Professionnalisme : être ou ne
pas être pro. La presse du 30 Novembre 2002
II. Développement du cadre juridique :
Aucun texte à ce jour n'a prévu la
possibilité pour les associations sportives de se transformer en
sociétés à objet sportif. La seule opération
possible citée par la fédération Tunisienne de Football
est la fusion entre deux associations sportives. En effet, l'article 16 des
règlements généraux a subordonné la fusion aux
conditions suivantes :
> Les sièges sociaux des associations ne doivent pas
être distants de plus de 30 Km.
> Les associations doivent honorer leurs obligations au plan
sportif (finir la compétition) et financier (liquidation des
arriérés).
> La fusion doit se réaliser au plus tard 15 jours
après la fin de la saison sportive.
Les associations fusionnées déposent au
siège de la fédération les procès verbaux de leurs
assemblées décidant la fusion.
Il faudra que le législateur tunisien étudie
cette opportunité et pense à promulguer une loi spécifique
aux associations sportives qui, à l'instar de la France par exemple,
doivent se transformer en sociétés à objet sportif
dés que le chiffre d'affaires et la masse salariale dépasse un
seuil préétabli.
La transformation des associations en sociétés
à objet sportif n'est pas une simple procédure qui pourrait
être prise à la légère. Elle constituerait un
tournant important dans la vie sportive en Tunisie grâce aux
nouveautés apportées sur la structure juridique des clubs
sportifs. En effet, «le rôle social des clubs justifie la recherche
de solutions nouvelles lorsque le club se dote d'un statut juridique de
société commerciale."27
Pour réussir cette transformation, il faut
inéluctablement commencer par une refonte du cadre juridique actuel
régissant les associations sportives et promulguer de nouveaux textes.
En parallèle, il faudra procéder à une vaste
restructuration des fédérations sportives concernées par
l'instauration du professionnalisme et impliquer davantage les dirigeants des
clubs afin qu'ils contribuent à sa réussite.
27 Alain Barrou : Vers une exception sportive dans
l'Union Européenne. Page 19. Rapport d'information sur le sport et
l'Union Européenne. Novembre 1999.
Réaménagement des fédérations
sportives et implication des dirigeants dans la gestion des sports:
Selon les dispositions de l'article 34 des statuts de la
F.T.F.28, les membres du bureau fédéral, du conseil
fédéral, des ligues et des commissions exercent leurs
activités à titre bénévole.
« la fédération est un organisme complexe dont
les objectifs sont importants et traitant de tous les aspect administratifs,
éthiques et financiers du sport de façon
générale.»29Or, l'aspect
bénévole de la gestion ne permet pas d'assurer une
présence totale au siège, et de ce fait toutes les
personnes responsables occupent un emploi fixe ailleurs et exercent
cette deuxième activité à titre à titre
particulier.
Un autre point de taille nécessite l'intérêt,
c'est le fait d'occuper un poste de responsabilité comme celui de
président ou de trésorier général sans le
moindre statut juridique responsabilisant et assurant la transparence
totale dans les transactions administratives et commerciales entre la
fédération et les organismes avec qui elle traite.
Par ailleurs, personne ne peut nier l'importance des flux
monétaires dégagés des activités sportives.
Malgré cela, les clubs continuent à gérer des budgets
assez importants d'une manière loin d'être professionnelle. En
effet, vu les ressources financières qui ne cessent d'augmenter dont
bénéficient les fédérations et l'aspect sensible et
délicat des affaires administratives dont elle est chargée,
l'absence de personnel qualifié et occupant un poste permanent pourrait
affecter les informations fournis.
"Au niveau de la fédération, on a ressenti le vide
juridique qui prive cet organisme
censé être responsable de la mise en application
d'une réglementation stricte de nature à
28 Statuts type de la fédération
tunisienne de football
29 Jean Pierre Karaquillo a cité notamment
que les fédérations sont des groupements prives, associatifs,
fusionnés dans un agencement universel contraignant les adeptes de la
même discipline sportive à se conformer à des règles
communes .cette articulation est réalisée à partir
d'assemblées et d'organes de direction qui comprennent le plus souvent
des instances chargées de la réglementation .le droit du sport.
Page 18.
Editions Dollaz.
obliger les clubs à se prémunir contre les
aléas d'une gestion pour le moins qu'on puisse dire
primaire."30
Avec 257 clubs sportifs et 27 463 31 licenciés
exerçant actuellement, la fédération ne devrait pas faire
appel à des personnes non habilitées ou exerçant a titre
occasionnel et bénévole.
De ce fait il faut instaurer une restructuration des
fédérations sportives qui nécessairement passe
par la création d'une administration à plein
temps qui gère les affaires courantes ainsi que les
décisions stratégiques. Il faudrait rémunérer des
cadres techniques et administratifs pour la gestion.
Elles doivent recruter un personnel qualifié et
permanent chargé de veiller à la gestion financière, de
fixer les objectifs futurs et d'identifier les moyens nécessaires afin
d'assurer une bonne gestion.
Le responsable du club « doit être un
éducateur doublé d'un bon gestionnaire. Son travail de gestion
consiste à diriger et à coordonner de façon efficace les
ressources humaines, matérielles, financières et temporelles au
sein de son groupement, de façon à atteindre les objectifs
fixés. En définitive, il planifie et organise le travail pour
ensuite le diriger et le faire exécuter. »32
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