3 Le comportement adaptatif
Même si le concept de comportements adaptatifs est
applicable pour tous les individus, la recherche et ses applications sont
particulièrement centrées sur la population présentant un
retard mental C'est dans cette perspective que le concept de comportement
adaptatif est abordé ici.
Dans la littérature, la terminologie entourant le
concept de fonctionnement adaptatif est en évolution et n'est pas encore
arrêtée. Le terme « comportement adaptatif» est plus
ancien et, au singulier, est synonyme de « fonctionnement adaptatif
». Par contre, au pluriel, les comportements adaptatifs
réfèrent généralement aux comportements observables
par lesquels seront mesurées les habilités adaptatives. Ces
dernières se manifestent dans des sphères ou des domaines du
fonctionnement adaptatif. L'AAMR dans sa 9ème édition
en distinguent dix principaux : communication, soins personnels,
compétence domestiques, habilités sociales, utilisation des
ressources communautaires, autonomie, santé et sécurité,
habilités scolaires fonctionnelles, loisirs et travail. Ainsi, le
fonctionnement adaptatif est un concept large dont on mesurera les
habiletés les plus évidentes par l'évaluation des
comportements adaptatifs manifestés dans différents domaines
Le concept de retard mental et l'importance accordée
à la notion d'adaptation ont évolué au cours des
dernières années. En 1959, l'American Association on Mental
Retardation (AAMR) a formellement introduit le concept de comportement
adaptatif dans le cadre du
retard mental, alors qu'avant, seule l'évaluation du
quotient intellectuel (QI) était nécessaire pour poser un
diagnostic de retard mental. Depuis la définition de 1959, selon toutes
les définitions ultérieures, la mesure des comportements
adaptatifs est considérée essentielle à
l'évaluation du retard mental. Ainsi, une personne diagnostiquée
comme présentant un retard mental doit avoir un fonctionnement
intellectuel général sous la moyenne associé à un
déficit des comportements adaptatifs.
À cette époque, la majorité des gens a
perçu la notion de comportement adaptatif et celle de son
évaluation comme étant importantes. L'ajout des déficits
d'ordre adaptatif comme critère pour déterminer le diagnostic du
retard mental visait à mieux refléter les caractéristiques
sociales de l'incapacité, à réduire le recours aux scores
de QI et à diminuer le nombre de personnes faussement identifiées
comme ayant un retard mental. (AAMR, 2002).
Le concept de comportement adaptatif est actuellement inclus
dans la majorité des systèmes diagnostiques. Malgré les
quelques 200 échelles portant sur le comportement adaptatif, il n'y a
pas encore de consensus sur ce concept. Depuis 1973, les critères pour
établir le diagnostic de retard mental comprennent des mesures de
déficits simultanés et significatifs à la fois sur les
plans du comportement adaptatif et de l'intelligence.
En 1992, le concept de comportement adaptatif global a
été remplacé par dix grands domaines d'habiletés
adaptatives et la nécessité de présenter ces
déficits dans au moins deux de ces dix domaines En effet, la
définition de 1992 insistait beaucoup sur l'évaluation du
fonctionnement actuel d'une personne, compte tenu de l'impact des exigences
changeantes de l'environnement et des besoins de soutien. Les hypothèses
de la définition confirmaient que les améliorations dans les
conditions environnementales ou la présence de soutien pouvaient avoir
un impact positif sur la capacité de la personne à
répondre aux exigences de la vie quotidienne, améliorant ainsi sa
performance aux tests d'évaluations des habiletés adaptatives. En
conséquence, le fonctionnement de la personne pourrait
s'améliorer et dans quelques cas exceptionnels, le diagnostic de retard
mental ne plus s'appliquer.
En 2002, le terme comportement adaptatif est formellement
défini dans le manuel de 1 'AAMR comme étant l'ensemble des
habilités conceptuelles, sociales et pratiques apprises par la personne
et qui lui permet de fonctionner au quotidien. Les limitations du comportement
adaptatif nuisent tant aux activités quotidiennes de la personne
qu'à sa capacité
de s'adapter aux changements et aux exigences de
l'environnement et devraient être considérées selon quatre
autres dimensions : les capacités intellectuelles ; la participation ;
les interactions et les rôles sociaux ; la santé ; le contexte.
Les limitations significatives du comportement adaptatif
devraient être identifiées à l'aide d'outils
d'évaluation standardisés et normalisés auprès de
la population, incluant des personnes présentant ou non des
incapacités. Les limitations sont définies de manière
opérationnelle comme une performance ou un score qui se situe à
au moins deux écarts-types sous la moyenne soit à l'un des trois
types de comportements adaptatifs suivants : conceptuel, social et pratique
à un score global mesuré à l'aide d'un instrument
standardisé portant sur des habilités conceptuelles, sociales et
pratiques (AAMR, 2002).
En effet l'adaptation sociale est considérée
actuellement comme une composante essentielle de la déficience mentale,
auparavant centrée exclusivement sur le déficit cognitif (Maurice
& Piédalue, 2003). L'évaluation de cette capacité
d'adaptation sociale suppose, simultanément, la référence
à un modèle théorique de compétence sociale et la
conception d'instruments d'évaluations adaptés.
Le comportement adaptatif est défini par l'ensemble des
activités quotidiennes assurant une adaptation personnelle et sociale
suffisante. Il est évidemment fonction de ce qu'on peut attendre de
l'enfant, compte tenu de son âge, et il est défini par l'attente
des parents et par les représentations sociales. Ce sont ceux qui vivent
ou travaillent avec un enfant qui peuvent juger de l'adéquation du
comportement par rapport à ce qu'on attend de lui. Il se définit
par la pratique habituelle (ce que l'enfant fait d'habitude) et non par la
compétence ; car l'enfant peut être capable d'avoir ce
comportement, mais ne pas l'utiliser de façon appropriée dans des
circonstances opportunes. Le comportement adaptatif présente de
multiples facettes allant des compétences communicatives aux relations
interpersonnelles, en passant par l'autonomie dans les actes de la vie courante
: alimentation, hygiène, actes moteurs et locomoteurs (Tourrette,
2006).
Les objectifs de l'évaluation des comportements
adaptatifs ne sont pas, en général, diagnostiques ni
pronostiques, mais veulent fournir aux éducateurs des informations
précises sur ce dont est, ou pas capable de faire telle ou telle
personne, en vue de mettre en place une prise en charge appropriée ou
d'élaborer un projet éducatif individualisé. Des
évaluations
appliquées à intervalles réguliers par
les personnes impliquées dans la prise en charge d'un enfant ou d'un
adulte (parents, soignants, éducateurs...) permettent de suivre sa
progression dans l'apprentissage et de modifier éventuellement les
objectifs éducatifs qui la concernent.
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