CHAPITRE I : L'EDUCATION AU MAROC
1 Problématique et histoire de la demande
«L'objectif d'une évaluation des enfants
porteurs de déficiences ou de troubles du développement est
d'obtenir les informations nécessaires à l'amélioration du
développement et de la qualité de vie de ces enfants »
(Tourette, 2006, p.9). Cette évaluation peut contribuer au
diagnostic ou à l'orientation scolaire ou encore constituer la base ou
le suivi du projet pédagogique individualisé.
Au Maroc, les textes législatifs et
réglementaires qui encadrent la scolarisation des enfants en situation
de handicap ne concernent que le secteur de l'éducation nationale. Aucun
texte ne prévoit l'intégration scolaire d'enfants dans des
structures privées ou associatives. En revanche, ces structures doivent
répondre aux critères communs à l'ouverture de toute
école, fixés par le ministère de l'éducation.
Selon l'enquête nationale du Secrétariat d'Etat
chargé de la famille, de l'enfance et des personnes handicapées
du Maroc (2005), le dépistage étant presque inexistant, la
majorité des enfants en situation de handicap est solarisée sans
encadrement spécifique. En effet, le ministère de
l'éducation nationale n'utilise actuellement aucun outil
psychométrique ou autre instrument pour évaluer les
capacités de ces enfants. Ce constat est considéré par
l'ensemble des acteurs de la communauté scolaire, comme le principal
point faible actuel dans le système d'intégration scolaire
marocain.
Face à cette problématique, nous nous sommes
orienté, dans un premier temps, vers l'élaboration d'un outil
d'évaluation adapté aux besoins du contexte scolaire marocain. Il
fallait que cet outil soit utilisé par les professionnels de
l'éducation nationale et réponde également aux besoins des
parents dont les enfants sont en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage.
Cet outil devait donc permettre d'atteindre les objectifs
suivants :
évaluer les points forts, les points faibles et les
capacités en émergence de ces enfants dans les différents
domaines de la vie quotidienne tels que le langage, la communication,
l'autonomie, etc ;
permettre aux professionnels de l'intégration d'optimiser
la prise en charge individuelle et de mettre en évidence les
progrès de chacun ;
réaliser un profil pour chaque enfant, qui pourrait
constituer un bon support pour développer un projet pédagogique
individualisé.
Cependant, malgré son importance et sa
nécessité, ce travail s'avérait complexe et demandait un
grand investissement matériel et temporel. En effet, la population
scolaire marocaine est très hétérogène tant au
niveau des troubles, de l'autonomie ou de l'âge des enfants visés.
Par conséquent, l'élaboration d'un outil efficace pour tous ces
enfants constitue un projet de recherche considérable. Pour nous
orienter dans notre choix, nous nous sommes basés sur le point commun
à tous les enfants scolarisés dans des classes
d'intégration : le retard mental.
Ce concept, qui sera détaillé
ultérieurement, est caractérisé par trois composantes qui
sont : un déficit significatif du fonctionnement intellectuel, un
déficit significatif du fonctionnement adaptatif ; et une survenue avant
l'âge de 18 ans.
Selon le DSM VI-TR (American Psychiatric Association, 2000),
« ce sont les altérations du fonctionnement adaptatif plus
qu'un quotient intellectuel (QI) bas qui constituent le tableau symptomatique
des individus ayant un retard mental », ce qui explique notre
intérêt pour l'évaluation du comportement adaptatif et par
la suite l'adaptation de l'échelle québécoise des
comportements adaptatifs -- version scolaire au contexte culturel marocain.
Cela étant dit, abordons, à présent, le
système éducatif du pays, sa structure et ses niveaux de
compétences (central, régional et provincial).
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