Avant d'aborder cette scénarisation, il nous a paru
intéressant de modéliser les process engagés par
l'appropriation d'un contenu pédagogique par l'étudiant en tenant
compte des améliorations suggérées par notre analyse de
besoins.
Figure 14
Ce schéma met en évidence que dans le
fonctionnement actuel de la formation, toute la partie régulation
synchrone est absente tandis que la régulation asynchrone est
embryonnaire.
La scénarisation des activités
pédagogiques répond à la triple volonté de vouloir
réguler les flux « savoir-être », « savoir-faire
» et « savoir ». Il est bon à ce niveau de rappeler que
notre démarche doit tenir compte d'une contrainte, celle de
l'acquisition, par les étudiants d'un savoir
théorique26 « lourd ». Nous avons donc
essayé de trouver, comme nous l'avons évoqué dans notre
étude de faisabilité, un compromis entre la
pérennité d'un dispositif déjà en place et un
certain degré d'innovation permettant de résoudre les
dysfonctionnements du système.
C'est donc à partir du « savoir » (cf.
Figure 14) que nous avons construit notre
scénarisation. Nous avons distingué les activités
collectives des activités individuelles et caractérisé
quatre étapes dans le déroulement de la formation :
· échanges avec les pairs
· suivi et accompagnement
· déroulement pédagogique
· validation des acquis
A partir de ce découpage, nous avons essayé
d'identifier ce qui appartenait à l'un de nos trois axes fondamentaux :
« savoir », savoir-faire », « savoir-être ».
Une fois ces axes identifiés, nous avons défini
les moyens à mettre en oeuvre pour réguler les flux qui
s'établissent entre ces trois axes et les étudiants.
NB. : L'ensemble des propositions que nous
développons ci-dessous deviendra effectif dès la rentrée
prochaine. Elles correspondent à des axes d'amélioration
répondant aux carences constatées par les différents
acteurs.
III.B.2.a Régulation du (( savoir-être
»
Nous avons vu dans l'étape B, (( Entrée
dans le parcours », que le regroupement présentiel initial
était une première phase essentielle pour réussir une
bonne intégration dans le parcours pédagogique. Nous n'y
reviendrons, pas sinon pour souligner qu'un second regroupement
présentiel se déroulera à la fin du premier trimestre afin
de consolider les acquis du premier regroupement. Limitée dans le temps,
(début et fin du premier trimestre) ces deux regroupements ne sauraient
tout résoudre. Il importe que l'étudiant soit accompagné
de façon individuelle durant tout son parcours. Nous avons
proposé la mise en place de points mensuels personnalisés
(P.M.P.), véritable feuille de route du vécu de la formation
à envoyer par l'étudiant à son enseignant responsable :
l'envoi de cette feuille se fait à date fixe. La non réception de
cette feuille de route entraîne un contact personnalisé de
l'enseignant auprès de l'étudiant pour essayer de cerner les
problèmes rencontrés27.
III.B.2.b Régulation du (( savoir-faire » -
Validation des acquis
· mise en place de points contacts synchrones (P.C.S.),
rendez-vous sur la plate-forme de télé formation destinés
à faire le point sur les devoirs à rendre. Ces points contacts
précèdent d'une semaine les T.D. à renvoyer.
· mise en place de forums thématiques avec
animation de ces forums de tuteurs (N.B. : ces forums dédiés
existaient dans la formation en ligne, mais faute d'une véritable
animation, leur fréquentation est restée très faible).
Autre élément à prendre en considération,
l'explication fournie par les étudiants quand nous avons essayé
de cerner leur comportement vis-à-vis des forums. « On avait
trop de travail, on n'avait pas le temps, on parait au plus pressé
».
26 N'oublions pas qu'au départ, les étudiants
de la L.C.P.R.O. E.A.D. sont dispensés des modules d'activités
pratiques ; il ne leur reste plus qu'à acquérir un savoir
théorique « qu'il n'est pas question de brader »
selon l'expression propre des enseignants.
27 La gestion du P.M.P. (Point Mensuel Personnalisé) est
confiée au C.A.V.U.M. chargé d'alerter le responsable
pédagogique en cas de non réponse.
· mise en place de T.D. « progressifs » ;
exemple en histoire culturelle où l'enseignant responsable propose trois
T.D. facultatifs avec une difficulté graduelle : avec un premier T.D.
proposé comme exemple, seul le quatrième T.D. sera noté,
(voir également notre exemple avec la fiche de parcours
pédagogique du module « civilisation villageoise à
l'époque moderne »).
· étendre à cette formation de nouveaux
outils de suivi pédagogique que nous venons de développer :
· un thermomètre d'auto évaluation dans les
modules, permettant à l'étudiant de valider une étape
d'acquisition et de se situer par rapport à la classe (septembre
2003)
· un carnet de route pédagogique avec double
validation étudiant-enseignant (en place depuis un an). On pourra noter
qu'à travers son planning de formation et ses
fiches de parcours pédagogiques par module (incluses
dans le guide pédagogique), l'étudiant pourra
suivre et connaître la nature des devoirs (facultatifs ou obligatoires),
avec les dates précises des échéances à respecter.
Il s'agit là d'une amélioration majeure dans le dispositif.
Autre amélioration technico-pédagogique, la
soutenance du mémoire a été supprimée pour tenir
compte de la réalité socioprofessionnelle des étudiants
(pour la plupart engagés dans des métiers liés au
tourisme). La période de soutenance correspondait également
à une période de haute saison. La validation des acquis se fera
désormais en deux temps :
· deux jours d'examen en regroupement
présentiel
· envoi du mémoire dont la date peut être
négociée.
III.B.2.c Régulation du « savoir
»
Cette phase s'est avérée comme étant la
plus délicate de notre projet, pour les raisons que nous avons
déjà évoquées et que nous résumerons en deux
points :
· Les étudiants sont en présence d'une
formation modulaire constituée de cours de type magistral qui forment
l'épine dorsale de la licence professionnelle. Et, suivant l'expression
du corps enseignant, « il ne saurait être question d'une licence
au rabais ». Notre schéma « fonctionnel
d'appropriation d'un contenu » met en évidence les
éléments régulateurs que nous apportons en introduisant un
double flux, synchrone dans le cas d'une démarche individuelle,
asynchrone dans le cadre d'une démarche collective (voir schéma
ci-dessus).
· Ce cours, très théorique, a
nécessité une réécriture complète des
textes. Ce simple constat constitue un facteur bloquant (vis à vis du
corps enseignant) si l'on veut aborder l'éventualité d'une
rénovation d'un contenu que l'on pourrait qualifier de linéaire
et de monolithique. Comment envisager l'amorce d'une démarche
constructiviste dans une telle problématique ?
Une piste nous paraît intéressante à
explorer même si elle suscite des interrogations
contradictoires28 liées peut-être, dans un contexte
embryonnaire, à un développement incomplet de notre part lors de
l'exposé de notre démarche voici quelque temps. L'idée est
de dire que si on ne peut pas toucher directement à un contenu et bien,
on peut le suggérer indirectement. Notre cheval de Troie est
constitué des forums et messageries des étudiants. Il s'agit de
dresser une analyse fine des contenus des messages afin de dresser une
typologie des questions et réponses les plus intéressantes et
à partir de cette typologie de constituer une F.A.Q. qui sera
reliée au(x) module(s) concerné(s).
On peut ainsi envisager une analyse semestrielle ou annuelle des
différents outils de communication.
28 LOPEZ, Michel, Echanges de courriels avec Jacques
PERRIAUD, Michel ARNAUD et Anne-Marie HUSSON.
La seconde étape, va alors consister à
créer des liens hypertextes dans les modules en rapport direct avec la
question et la réponse, en signalant de façon symbolique,
l'existence d'un développement qui enverra l'étudiant directement
dans la F.A.Q. à partir du cours. Il s'agit d'un premier
élément de réponse qui va enrichir le cours par des liens
hypertextes à partir d'une interrogation et d'une réflexion
commune étudiants/enseignants dans une modeste approche
constructiviste.
La troisième étape est déductive et se
rapporte à l'appréciation visuelle que peut ressentir
l'enseignant prenant conscience que la densité des liens hypertextes et
la symbolique graphique associée deviennent lourdes et que si les
étudiants posent autant de questions, c'est qu'il y a des choses
à revoir et sans doute à reformuler. Ce principe que nous
appelons, avec un néologisme volontairement provocateur, la «
FAQuisation » d'un cours est résumé dans le schéma
ci-dessous :
Figure 15
Nous n'aborderons pas ici le développement possible de ce
principe dans le cadre d'une stratégie pédagogique très
pointue29.
29 Voir le développement dans
Modélisation du parcours d'apprentissage en
annexes.