II. Les conditions de performance des
canaux de distribution selon le modèle de Capiez
Sur la base d'une étude exploratoire Capiez a
apprécié la performance des canaux de distribution bancaire au
travers de trois indicateurs (deux non financiers, un financier) : la
qualité du service aux clients, l'efficience organisationnelle et
humaine, la rentabilité financière.
1. La qualité du service offert
à la clientèle
La base de la relation entre la banque et son client est la
qualité fournie en termes de services. « L'objectif est
d'abord la fidélisation du client en lui offrant une gamme
complète de services par les canaux de distribution les plus modernes
» notamment :
- D`analyser les besoins et les comportements de la
clientèle, afin de saisir toute opportunité (proposer le bon
produit au bon moment comme un prêt immobilier, un prêt
étudiant...), à partir des bases de données
constituées par l'enregistrement et la comptabilisation des contacts et
opérations effectuées sur les canaux à distance ;
- D'améliorer en permanence le service au client ;
- D'assurer le contrôle des activités Internet
par l'agrément des établissements de crédit qui garantit
la qualité de leurs prestations, par la sécurité
renforcée des transactions et par l'adaptation du contrôle interne
à ce nouveau canal de distribution.
L'évaluation de la qualité du service à
la clientèle doit privilégier des indicateurs comme : taux de
satisfaction et taux de fidélisation des clients, nombre de nouveaux
clients, nombre de réclamations clients, taux de régularisation
des réclamations.
2. L'efficience organisationnelle et
humaine
L'efficience organisationnelle et humaine repose sur :
- L'organisation technique : utilisation optimale de tous les
moyens modernes de télécommunication : téléphonie
fixe et mobile, Minitel, Internet ;
- L'organisation du travail : standardisation des
procédures (au niveau du traitement des opérations dans chaque
canal et au niveau des fichiers clients), séparation des flux
(séparation des appels entrants et des appels sortants dans la
téléphonie ;
- L'organisation des ressources humaines.
La mesure de l'efficience organisationnelle et humaine suppose
de nouveaux indicateurs de productivité. Les indicateurs des canaux
numériques peuvent être : les courbes d'appel, le taux
d'appel perdu, le taux de disponibilité, nombre de propositions
commerciales faites par les téléconseillers etc.
3. La rentabilité
financière
La rentabilité financière d'un
établissement de crédit se mesure par :
- l'analyse des soldes de gestion bancaires tels : le Produit
Net Bancaire (PNB) mesurant la contribution spécifique de
l'établissement à la richesse nationale, le Résultat Brut
d'Exploitation faisant apparaître la capacité à engendrer
une marge après imputation des frais généraux et des
dotations aux amortissements, le Résultat d'Exploitation après
soustraction des provisions d'exploitation qui concrétisent le risque et
le Résultat Net (RN) qui revient aux actionnaires après
déduction des éléments exceptionnels et divers et des
impôts ;
- Le calcul de ratios comme le Return On Equity, rapport du
résultat net aux fonds propres, qui exprime la rentabilité de
l'investissement de l'actionnaire, ratio conditionné par le Return On
Assets, rapport du Résultat d'exploitation au total du bilan, qui
exprime la rentabilité économique globale, ainsi que des
coefficients d'exploitation, rapport de certaines charges comme les charges de
personnel sur l'ensemble des charges, essentiels pour apprécier
l'efficacité des nouveaux canaux. Si pour la seule activité de
banque à distance, les ratios classiques (ROE, ROA et coefficients
d'exploitation) sont suffisants, pour la banque multicanal, la mesure de la
rentabilité financière de chaque canal est plus délicate.
Pour Capiez (Op. Cit), « chaque canal doit être
organisé en centre de profit avec un système de cession interne
des prestations communes ». Le calcul est obtenu par traitement de la
rentabilité par produits (agrégation de la rentabilité de
tous les produits vendus par un même canal), par activités
(gestion courante, distribution des crédits, prestations de
services...), par segments de clientèle ou encore par combinaison de ces
trois axes, à l'intérieur d'un même canal.
Le coût d'un client regroupe le coût des
activités qu'il consomme directement et indirectement au travers de la
détention d'un produit acheté par l'intermédiaire d'un
canal de distribution. Un système global d'analyse multidimensionnelle
concernant les revenus et les coûts par segment de clientèle,
produit et canal de distribution permet d'appréhender une structure
décentralisée grâce à un benchmarking interne
pertinent. La comparaison des activités (vente, gestion courante,
gestion des risques...) et de leur performance facilite l'amélioration
du processus global d'activité bancaire, avec la mise en évidence
d'activités redondantes ou sans grande valeur ajoutée. Mais la
faisabilité de telles méthodes est remise en question car ne sont
ne sont pas forcément applicables à toute une banque. Une analyse
préalable en termes de coûts/avantages peut permettre une
sélection des activités concernées.
La performance se mesure ainsi par le degré de
réalisation des objectifs fixés par la stratégie : il
s'agit de la qualité des services offerts à la clientèle
et de l'efficience organisationnelle et humaine (en étroite interaction)
qui déterminent la rentabilité financière indispensable
pour conserver les actionnaires actuels et attirer de nouveaux investisseurs.
Cette création de valeur est ainsi le fruit de l'équilibrage de
la satisfaction des clients, des salariés et des actionnaires. Ce
système, établi pour les canaux numériques,
s'insère dans un système plus vaste d'évaluation de la
performance de l'ensemble des canaux qui peut être construit selon cette
architecture.
Un système global d'évaluation de la
performance est donc basé sur un reporting financier et un tableau de
bord de gestion suivant une certaine périodicité
intégrés dans une démarche stratégique. Celui-ci
est basé sur un système d'information multicanal. La
création d'un info-centre s'impose afin de réaliser des
extractions dans les différentes bases de données à
destination et du tableau de bord de la direction générale et du
tableau de bord des responsables d'entités de gestion. Un pilotage
bancaire multicanal s'articule autour de la création de valeur, à
partir des fondamentaux mis en évidence : la qualité du
service au client, l'organisation et l'implication du personnel,
associés à un partenariat actif avec les prestataires
extérieurs et à une gestion raisonnée des ressources du
marché financier, comme le fait apparaître le schéma
ci-dessous organisé autour des déterminants du résultat.
Figure 2.2 :
Système d'évaluation de la performance de la banque
multicanal
DEVELOPPEMENT DE LA BANQUE A DISTANCE
FIXATION DES OBJECTIS
QUALITE DE SERVICE OFFERT A LA CLIENTELE
|
|
EFFICIENCE ORGANISATIONNELLE ET HUMAINE
|
Analyse de la clientèle
|
Organisation technique
|
Amélioration permanente du service
· Personnalisation de la relation client
· Nouveaux services clients
|
Organisation du travail
· Standardisation des procédures
· Adaptation spatiale
|
Contrôle des activités internet
· Agrément des établissements
· Sécurité des transactions et contrôle
interne
|
Organisation humaine
· Nouvelles compétences
· Recrutement et formation
|
Indicateurs de qualité
· Taux de satisfaction et de fidélisation
· Analyse des entretiens commerciaux
· Temps de réactivité
|
Indicateurs de productivité
· Indicateurs d'appel
· Activité des téléconseillers
· Activité des comptes
|
Banque à distance
- Analyse des soldes de gestion
- Ratios de rentabilité et coefficients
d'exploitation
Banque multicanal
- Banque à distance centre de profit
- Contrôle par produits, activités, clients de
chaque canal
D'après la figure de Capiez A., (2001, page
15).
RENTABILITE FINANCIERE
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