Le burnout n'est pas un syndrome dont la survenue est brusque,
il se construit tout au long d'un processus qui peut prendre des mois et de
fois des années pour se mettre en place (Delefosse, 2018). Mikolajczak
et Roskam (2017) définissent deux étapes de burnout parental dont
la première correspond au burn-in (une étape
d'hyper investissement, d'hyper présence liée aux ambitions et
exigences élevées, avec négligence des aspects de vie qui
entretiennent l'élan vital) et la seconde au burnout
proprement dite. Ces deux étapes se déclinent en plusieurs phases
(coito, 2018):
l Phase 1 : Le parent idéal, la famille
idéalisée
Ce désir d'idéal provient de sources multiples
telles que de l'histoire personnelle du parent
et des problématiques familiales, des stigmatisations
sociales et de la crainte d'être jugé de ses particularités
(les parents homosexuels, monoparentaux, avec de faibles revenus
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économiques, obèses/anorexiques, migrants). Des
pressions sociales conscientes ou internalisées (ex : les magazines lus
: j'élève mon enfant, coaching d'une jeune maman, les
publicités telles que « Pampers » où changer les
couches est une activité source de plaisir intense pour le parent, les
images de parents avec leurs enfants souriants sur les réseaux sociaux ;
Coito, 2018).
l Phase 2 : Le surinvestissement
Dans cette phase, le parent se donne corps et âme pour
sa famille. Il investit toute son énergie pour tendre vers
l'idéal qu'il s'est fixé. Ce surinvestissement est
compensé par une certaine reconnaissance qui se traduit par la
perception du bonheur apporté à son enfant et l'impression
d'être indispensable (Delefosse, 2018). Le parent convaincu de
l'importance de sa mission auprès de l'enfant s'investit sans mesure en
termes de présence la nuit, des soins, des activités
d'éveil, des trajets, des activités extrascolaires, des devoirs,
de repas, du temps passé à jouer, discuter. Cet investissement
peut être choisi ou contraint quand l'enfant est atteint d'une maladie ou
d'un handicap. L'investissement est récompensé par la
réponse positive de l'enfant et le sentiment d'être indispensable,
ce qui renforce positivement l'implication du parent et négativement,
les possibles tâches à déléguer (Coito, 2018).
l Phase 3 : Le sacrifice de soi
Ce stade annonce doucement la descente vers le burnout. Le
parent se sacrifie pour ses enfants. Il néglige ses besoins et les
signaux d'alerte, estimant qu'il sera capable de tenir le rythme. À ce
stade, le parent se sur-identifie à sa mission de parent, de
prioritairement mère/père bascule à exclusivement
mère/père avec une restriction progressive de la
qualité/quantité de sommeil, d'activités de loisirs,
relations amicales et conjugales satisfaisantes en quantité et
qualité (Delefosse, 2018, Mikolajczak & Roskam, 2017).
l Phase 4 : La frustration
Tout parent passe par des moments de frustration. Au fil du
temps et de son surinvestissement, le parent va se sentir de plus en plus
frustré. Cette frustration tire son origine de différentes
sources : le fait de réaliser que l'idéal qu'il poursuit est
inatteignable, la prise en compte de tout ce à quoi il renonce pour ses
enfants ou bien encore le manque de reconnaissance de son conjoint ou de ses
enfants (Delefosse, 2018). Si cette frustration perdure dans le temps, cette
composante fait partie du lit du burnout (un état de fatigue ou de
frustration résultant du dévouement à une cause, mode de
vie ou à une relation qui n'as pas donné les
bénéfices escomptés (Freubengerber, 1974)
l Phase 5 : La perte d'énergie
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Le parent à conscience de la fatigue, des sacrifices
exigés par le rôle de parent, être parent ne comble pas
l'ensemble de ses besoins pour l'épanouissement personnel et qui fait le
deuil d'un idéal tout en maintenant le contrôle des fonctions
assignées au rôle parental (Coito, 2018 ; Roskam &
Mikolajczak, 2018a). Ce stade d'alerte, perçu par l'entourage par
l'augmentation de l'irritabilité, susceptibilité, pessimisme, est
réversible si identifié, par la modification de mesures
environnementales (redéfinition ou un rééquilibrage des
tâches parentales, aide-ménagère à domicile) ou
renforcement de l'étayage (soutien du conjoint, valorisation des efforts
par conjoint/enfant/parent lui-même, soutien psychologique).
l Phase 6-7-8 : Le burnout
Même si l'épuisement est le premier
symptôme à apparaître et perdure dans le temps, l'ordre des
deux autres symptômes (la distanciation affective et perte
d'efficacité parentale) peut être variable. La distanciation
affective est un mécanisme défensif qui peut découler de
l'épuisement ou de la perte d'efficacité parentale (Coito,
2018).
Figure 3 : source, Coito, (2018), page 63