2.2.5. Facteurs de risque et de protection du burnout
parental
De nombreuses études ont permis de montrer que le
Burnout est un processus dynamique (Sanchez-Rodriguez, 2019; Vandeuren &
Zoé, 2020). Des facteurs de risques aggravent le risque de Burnout
parental, d'autant plus s'ils sont nombreux, et peuvent s'accumuler entre eux.
Des facteurs protecteurs entrent également en ligne de compte. Selon le
modèle de la balance, c'est le déséquilibre entre les
facteurs de risque et les facteurs de protection qui engendre le burnout
parental (Roskam et Mikolajczak, 2018a). Par ailleurs, chaque facteur peut
potentiellement être une ressource ou un risque. Cependant, il existe
autant de facteurs de risque de burnout parentale que la population varie selon
les problématiques. On peut tout de
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même noter à partir des résultats de la
revue de la littérature réalisée sur 39 articles portant
sur le burnout parental par Sanchez-Rodriguez (2019) les facteurs suivants :
facteurs de risques du burnout parental ; vie professionnelle ;
différences de genre ; facteurs parentaux ; stress et stratégies
de coping ; fonctionnement familial (couple) et social.
Roskam et Mikolajczak (2018) dans leur livre intitulé
« Le burnout parental Comprendre, diagnostiquer et prendre en charge.
», ont fait une synthèse des facteurs de risque de burnout
selon leur poids qu'elles ont présenté sous forme de tableau.
Nous reprenons cette synthèse dans le tableau suivant.
Tableau 5 : Récapitulatif des relations entre
facteurs de risque et burnout parental.
Facteurs de risques
|
Relation avec le burnout parental
|
Facteurs sociodémographiques
|
Être une mère (versus un père)
|
Très faible
|
Jeune âge du parent
|
Très faible
|
Nombre d'enfants
|
Très faible
|
Avoir des enfants de moins de 5 ans
|
Très faible
|
Monoparentalité
|
Très faible
|
Famille recomposée
|
Très faible
|
Surface habitable limitée
|
Très faible
|
Avoir un niveau d'éducation élevé
|
Très faible
|
Revenus nets du ménage
|
Très faible
|
Travail à temps partiel
|
Faible
|
Facteurs circonstanciels
|
Ne pas avoir de temps pour soi
|
Modéré
|
Avoir un enfant dont la gravité de la maladie, du
handicap ou du trouble est telle qu'il requiert une attention constante
|
Modéré
|
Avoir un enfant atteint de maladie, de handicap ou d'un trouble
du comportement ne requérant pas une attention constante
|
Très Faible
|
Avoir un enfant adopté ou en famille d'accueil
|
Très Faible
|
Avoir vécu un deuil au cours des 13 derniers mois
|
Très Faible
|
Être stressé au travail
|
Très Faible
|
Facteurs personnels du parent
|
|
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Compétences émotionnelles faibles
Fort
|
Personnalité perfectionniste
|
modéré
|
Personnalité névrotique
|
Modéré à fort
|
Personnalité peu extravertie
|
Faible
|
Personnalité peu consciencieuse
|
Faible
|
Personnalité peu ouverte à l'expérience
|
Très faible
|
Attachement anxieux
|
Modéré
|
Attachement évitant
|
Faible
|
Facteurs parentaux et éducatifs
|
Sentiment de ne pas être un bon parent
|
Fort
|
Restriction de rôle
|
Fort
|
Pratiques éducatives : manque de chaleur
|
Fort
|
Pratiques éducatives : peu de demandes d'autonomie
|
Faible
|
Pratiques éducatives : absence de règles
|
Faible
|
Pratiques éducatives : ignorance de l'enfant
|
Faible
|
Pratiques éducatives : discipline inconsistante
|
Faible
|
Pratiques éducatives : discipline
|
Très faible
|
Pratiques éducatives : punitions
sévères
|
Très faible
|
Facteurs familiaux et conjugaux
|
Désorganisation familiale 1 (absence de routines,
désordre)
|
Forte
|
Insatisfaction conjugale
|
Fort
|
Coparentalité : conflits de couple devant les enfants
|
Modéré à fort
|
Coparentalité : désaccord sur les valeurs
éducatives
|
Modéré
|
Coparentalité : éloignement du couple à
cause des enfants
|
Modéré
|
Facteurs familiaux et conjugaux
|
Coparentalité : manque de support et de
coopération
|
Modéré
|
Coparentalité : compétition et
dénigrement
|
Modéré
|
Coparentalité : dévalorisation du partenaire dans
son rôle parental
|
Modéré
|
|
Source : Roskam et Mikolajczak, (2018a) page 212
À partir de ce tableau de synthèse, ces auteurs
ont tiré plusieurs conclusions. La première est que le
burnout parental est un trouble dont l'étiologie est multifactorielle.
La deuxième est qu'aucun de ces facteurs ne permet de
comprendre à lui seul la survenue et l'intensité du burnout
parental. Les relations avec les facteurs
sociodémographiques et
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circonstanciels sont souvent plus faibles que
ce à quoi on s'attendrait. Et enfin, la dernière est que tous les
facteurs de risque n'ont pas la même importance, certains étant
plus liés que d'autres au burnout parental. Ainsi, les facteurs
personnels, parentaux et de couple joueraient un rôle plus
déterminant que les facteurs sociodémographiques et
circonstanciels. Comme nous l'avons développé
précédemment dans la partie concernant le mécanisme du
burnout parental, le burnout parental semble puiser ses sources dans le burn-in
(la tendance au surinvestissement) et évolue comme sur un continuum vers
un épuisement à la fois physique et émotionnel. Ce serait
aussi dû à l'exposition répétée aux facteurs
de risques (des facteurs de stress parental). Toutefois, l'augmentation des
ressources adaptatives du parent favorise un jeu de va-et-vient entre une
détresseintense et de brefs moments de répit. Rappelons qu'il est
évident que le type de stresseurs/ ressources, la temporalité du
vécu ainsi que le contexte d'une possible reconstruction sont propres
à chaque parent.
Figure 4 : processus du burnout parental, Roskam et
Mikolajczak (2018a, p.120)
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