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Gestion des conflits entre siège et filiale: l'intérêt des individus biculturels


par Cassandre THIERRY
ESSCA - International Business 2020
  

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Conclusion

La présente étude s'est penchée sur l'intérêt des biculturels dans la résolution des conflits entre maison-mère et filiale.

Les deux entités ayant en général des objectifs conflictuels, leur gestion est donc complexe. Pour ce faire, il convient que les médiateurs comprennent les différentes interactions culturelles afin de favoriser les consensus (Hong, 2010). Être capable d'utiliser le changement de cadre culturel mais également d'assimiler les différences émotionnelles, cognitives et comportementales des individus permet d'être plus flexible concernant les différentes méthodes de résolution des problèmes (Friedman & Liu, 2009).

Les multinationales peuvent être organisées de différentes manières et les filiales peuvent avoir différents niveaux de dépendance vis-à-vis du siège. Ces disparités entrainent des écarts entre les différents conflits à gérer et impactent le rôle des individus chargés de régler les conflits. Ceux-ci peuvent être vecteurs de solutions, interprètes, négociateurs ou encore arbitres.

Parmi les différents profils présents dans une entreprise, nous avons jugé intéressant de nous pencher sur les individus biculturels. En effet, les chercheurs ont identifié les biculturels comme étant plus sensibles aux différences culturelles, ce qui leur confère une meilleure adaptabilité et une plus grande flexibilité comportementale. Ils peuvent ainsi stimuler l'efficacité et la créativité au sein de l'entreprise. Les biculturels, dans leur rôle de boundary spanner, sont donc invités à favoriser les échanges entre siège et filiale. Ceux-ci permettent le développement d'un sentiment d'égalité entre les deux entités.

Les expatriés et les impatriés de longue date peuvent également être des biculturels. Ils auront tendance à renforcer les liens existants entre siège et filiale et permettent une communication plus efficace entre les deux parties. Le fait de connaître physiquement un grand nombre des individus impliqués dans le conflit et d'avoir des intérêts communs à la fois avec le siège et avec la filiale en fait des médiateurs privilégiés car ils ont généralement développé des relations de confiance avec

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ces individus. De plus, ayant une meilleure connaissance des enjeux locaux, le siège sera plus à même de prendre des décisions cohérentes avec la réalité de la filiale (Kim & Mauborgne, 1993).

Chaque entreprise a un caractère organisationnel propre, représenté par des cultures de relations interpersonnelles et certaines normes comportementales informelles. Schotter et Beamish (2011) ont relevé que les personnes qui ne correspondent pas à ces cultures individuelles ont tendance à quitter rapidement l'entreprise. En effet, les conflits peuvent conduire au licenciement ou au départ volontaire d'éléments clé pour l'entreprise, y compris les directeurs de filiales.

Le rôle des directeurs de filiales et des managers biculturels est pourtant primordial dans la résolution des conflits survenant entre siège et filiale. En effet, les responsables biculturels sont censés avoir développé une complexité cognitive importante, ce qui leur permet d'élargir leur champs conceptuel (Friedman & Liu, 2009 ; Lakshman, 2013). Ils pourraient donc relever plus facilement les défis auxquels ils sont confrontés, grâce à une plus grande créativité et à une plus grande efficacité, comparé aux responsables monoculturels. Friedman et Liu (2009) relèvent une flexibilité émotionnelle chez les managers biculturels, leur permettant de limiter les prises de décision hâtives dues au stress. La communication au sein des équipes serait également facilitée grâce à une volonté d'inclusion des divers intérêts de chacun (Kane & Levina, 2017 ; Lisak et al., 2016).

Les conflits pouvant survenir sont divers et peuvent avoir différents impacts sur l'entreprise, aussi bien négatifs que positifs. En effet, pour ne citer que quelques exemples, ces conflits peuvent être la cause d'échecs commerciaux ou de frein aux innovations mais peuvent également permettre aux individus et à l'entreprise de se remettre en question et d'évoluer. On observe par ailleurs des conséquences des conflits sur les relations entre les individus au sein de l'entreprise. Ceux-ci auront par exemple tendance à développer des comportements dysfonctionnels. En effet, les individus ou les entités de l'entreprise peuvent être tentés de suivre leurs buts individuels plutôt que les buts organisationnels (Ruekert & Walker, 1987). Cependant, devoir gérer des conflits permettrait d'améliorer la communication intra-organisationnelle et de mieux équilibrer la répartition du pouvoir (Coser, 1956). Finalement, les actions des individus lors de la gestion des conflits peuvent influencer positivement ou négativement leurs relations avec l'ensemble de leurs collaborateurs, y compris les responsables de la filiale.

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Grâce aux éléments développés dans le présent document, on constate qu'il est possible pour les biculturels de gérer les conflits culturels de manière à en faire une force pour l'entreprise. Il faut pour cela que tous les acteurs soient impliqués dans une dynamique de résolution du conflit. La transparence et la communication sont des éléments clés dans cette résolution.

Les implications de ce document sont multiples. Tout d'abord nous invitons les entreprises et les individus biculturels à prendre conscience des capacités de médiateurs de ces derniers dans des conflits interculturels. Ensuite, nous avons constaté que le rôle du biculturel diffèrera selon la structure organisationnelle de l'entreprise et le type de filiale engagée dans le conflit. Nous invitons les biculturels à s'appuyer sur la confiance que leur accorde leurs collaborateurs pour créer des ambiances favorables à la résolution des conflits. Le profil unique des biculturels leur permet de faciliter la coordination et les communications intra-organisationnelles. La coopération entre siège et filiale entraine des relations harmonieuses entre eux et permettrait donc de limiter l'émergence de conflits au sein de l'organisation.

Suite aux observations développées dans le présent document, nous invitons les entreprises à utiliser les ressources des différents biculturels présents dans l'entreprise afin de faciliter la résolution des conflits entre maison-mère et filiale. Ainsi, il pourrait être pertinent d'avoir des individus biculturels au sein des équipes du siège et de la filiale, notamment à des postes décisionnels. Cette démarche pourrait être complétée par la mise en place d'expatriations, à court et long termes, et d'impatriations. De plus, nous rappelons que des individus seuls ne peuvent être réellement efficaces s'ils ne sont pas soutenus par la direction générale de l'entreprise.

Gestion des conflits entre siège et filiale : l'intérêt des individus biculturels Mémoire de Master 2019-20

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Gestion des conflits entre siège et filiale : l'intérêt des individus biculturels Mémoire de Master 2019-20

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Gestion des conflits entre siège et filiale : l'intérêt des individus biculturels Mémoire de Master 2019-20

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus