I.2.2. Durabilité de l'élevage biologique
de ruminants
Le défi de l'élevage biologique est de combiner
à la fois de bonnes performances économiques, techniques et
environnementales, par le respect du cahier de charges AB, qui a une
répercussion certaine sur les résultats économiques. La
durabilité est une notion complexe en agriculture qui comprend trois
dimensions : économique, écologique et sociale. Nous retenons la
durabilité comme : la capacité du système agricole
à maintenir sa productivité et son utilité pour la
société dans le long terme (Gafsi et Favreau, 2014). Parler de
durabilité de l'AB conduit à s'interroger sur des
problématiques multiples telles que, par exemple, son rôle dans la
préservation de la biodiversité, dans la limitation des
émissions de gaz à effet de serre ou dans la préservation
des ressources en eau...également de sa capacité à
générer de bons résultats économiques. Dans ce sens
la rémunération des produits bio devrait prendre en compte
les services environnementaux rendus par l'élevage, car
l'élevage qu'il soit bio ou non a des effets négatifs certes sur
l'environnement, mais également des effets positifs notamment sur la
biodiversité des systèmes d'élevage à l'herbe ou
associant dans la même exploitation ou le même groupe
d'exploitation, les prairies et les cultures, dans le cadre de systèmes
de polyculture-élevage. Du point de vue économique, en
élevage ovins viande, l'AB peut être considérée,
toujours par des éleveurs à petites structures et faible revenu,
comme une voie de diversification. L'amélioration de la marge par brebis
en AB passe par la baisse des dépenses de concentrés avec une
réduction de la consommation et par l'amélioration de la
productivité numérique qui passe par l'élimination des
brebis improductives. L'autonomie fourragère et alimentaire peut
être abordée du point de vue économique et de ce point de
vue, la marge par brebis est le critère le plus pertinent car elle prend
en compte l'ensemble des achats de l'atelier ovin. Les facteurs du revenu en
élevage d'ovins viande en AB sont la productivité du travail, la
marge par brebis en montagne, et les charges de structure en plaine (Laignel et
Benoit, 2004). L'autonomie alimentaire est également un facteur
clé dans la détermination de la productivité au niveau des
exploitations de ruminants indépendamment des espèces. En termes
de durabilité du point de vue environnemental, les systèmes de
production AB permettraient de réduire les consommations
d'énergie non renouvelable par tonne de viande produite de près
de 25% (Veysset et al., 2009). L'élevage de ruminants est pointé
du doigt quant à sa contribution au réchauffement climatique
(FAO, 2009) par les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dont
il est responsable ; l'impact de l'AB sur la réduction des
émissions de GES par unité produite n'est pas évident,
cependant les émissions de GES par unité de surface agricole sont
significativement plus faibles en AB (Casey et Holden 2006, Olesen 2008).
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