I.2. L'élevage en agriculture biologique I.2.1.
Comparaison AB et AC
L'agriculture biologique relève d'une pratique qui
s'oppose à la modernisation adoptée par l'agriculture
après la guerre. Ainsi, l'éleveur qui s'engage dans la
démarche de l'AB a une conception de l'agriculture peu productiviste, en
accord avec les principes de l'AB. Les exploitations sont alors plus petites et
peu intensives (Laignel et Benoit, 2004). Structurellement, l'agriculture
biologique et l'agriculture conventionnelle sont différentes. La
configuration actuelle des exploitations agricoles conventionnelles est le
résultat de l'augmentation de la productivité du travail. Cette
augmentation de la productivité du travail s'est traduite par une
augmentation de la taille des exploitations grâce à la
mécanisation, une diminution de leur nombre et une spécialisation
des systèmes de production entre autres. La production de viande en
agriculture biologique est définie par un mode de production qui
mobilise des éléments techniques, économiques et sociaux
dans le cadre du respect d'un cahier de charges AB qui peut donc amener un
questionnement sur l'insertion des produits dans le circuit de
commercialisation « classique ». L'agriculture biologique se
distingue de l'agriculture conventionnelle par les pratiques, les rapports
agriculture-environnement, agriculteur-territoire, également par la
qualité du produit. Les modes de production influent sur les rendements,
également sur la qualité des produits. En termes de pratique, en
élevage Ovins, la productivité numérique varie en fonction
de la zone d'élevage. L'écart entre AB et AC est limité en
zone de plaine et plus important en zone de montagne à l'avantage de
l'AC (Laignel et Benoit, 2004). Autre fait qui pénalise les
élevages en AB par rapport à l'AC, réside dans le cahier
de charges de l'AB. En effet, ce cahier de charges induirait des pratiques
d'élevage à l'origine de
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performances agricoles plus faibles en AB qu'en AC. Par
contre, en tenant compte de toutes ces contraintes, on va observer un
différentiel considérablement réduit, voire nul quand il
s'agira de comparaison entre AB et AC « alternative », ne
répondant pas au même cahier de charges qu'en AB, mais dont les
pratiques se rapprochent de cette dernière. Les principales craintes des
éleveurs à la conversion à l'AB concernent la
santé, la productivité animale ainsi que la forte
variabilité et le caractère « aléatoire » des
performances techniques et économiques en AB. La production en AB
présentera tout de même des avantages en certains points par
rapport à l'AC. En termes économique, les charges
opérationnelles sont plus faibles en AB qu'en AC avec les charges du
troupeau plus faibles en AB grâce à des frais
vétérinaires réduits et à une moindre consommation
de concentrés (INRA, 2013). Lorsque la mention `Agriculture Biologique'
figure sur un produit, elle traduit et garantie une manière de produire,
mais n'indique pas la qualité des produits. Pour exemple, afin de voir
s'il existe une distinction en termes de qualité entre les produits bio
ovins et conventionnels, Prache et al. (2009) évaluent les
qualités bouchères de carcasses ainsi que les qualités
sensorielles et nutritionnelles de la viande d'agneaux produits en
élevage biologique ou conventionnel, nourris à l'herbe ou en
bergerie avec un aliment concentré et du foin. Pour les agneaux de
bergerie, le mode de production AB comparé à l'AC a
amélioré la valeur santé des acides gras de la viande pour
l'homme, sans différences pour les qualités bouchères et
sensorielles de la viande et de la carcasse. Pour les agneaux d'herbe, la
valeur santé des acides gras déposés dans la viande a
été similaire entre AB et AC; cependant, les côtelettes AB
ont présenté une odeur anormale de leur gras plus
élevée que les côtelettes AC. Enfin, une différence
entre les deux systèmes peut exister au niveau des impacts
environnementaux. C'est ce que conclue l'étude de Bellet et al. (2016)
sur les systèmes ovins. Ainsi, en analysant les données de 60
fermes réparties sur 10 régions (Lorraine, Centre, Auvergne,
Limousin, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées,
Rhône-Alpes, PACA) et deux bassins laitiers ((Roquefort,
Pyrénées-Atlantiques) pendant 2 ans (2012 et 2013), ils
évaluent les impacts environnementaux des systèmes ovins
allaitants biologiques. La conclusion de cette analyse est que
généralement les impacts environnementaux des systèmes
ovins allaitants biologiques sont généralement plus faibles que
ceux des conventionnels.
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