Analyse technico-economique d’exploitations en elevage biologique dans le massif central de 2014 à 2018par Edith KOUAKOU Université Clermont-Auvergne - Master 2 2020 |
I.1. Agriculture Biologique en France et ses enjeux : Caractéristiques généralesC'est en 1981 que les pouvoirs publics français reconnaissent officiellement l'agriculture biologique. Une Commission nationale en charge de l'organisation et du développement de l'agriculture biologique a alors été créée. En 1991, un règlement communautaire a repris les principes édictés en France pour les appliquer aux productions végétales, puis en 2000 aux productions animales ( agriculture.gouv.fr, 2020). Afin de mieux cerner le contexte de l'agriculture biologique en France, nous commencerons notre analyse par faire un petit historique de l'évolution de l'agriculture biologique en France et des politiques. L'agriculture biologique a fait l'objet de plans de développement qui se sont succédé depuis 1998, plans qui partageaient une démarche quasi-identique, celle de la fixation d'objectifs quantitatifs à terme précisément sur la surface agricole à voir convertie en bio. Ainsi en 1997, le gouvernement français a lancé un plan d'action de 60 millions de Francs français. Le Plan avait pour objectif d'atteindre un nombre de 25 000 exploitations biologiques et une superficie biologique cultivée d'un million d'hectares soit 3 % de la surface agricole en 2005. Dans ce sens, en 1999 le Ministère de l'Agriculture a doublé, et dans certains cas, triplé le soutien financier accordé aux agriculteurs adoptant les méthodes de production respectant les principes de l'agriculture biologique. Jusqu'à la fin des années 2000, en France, la part des exploitations AB était comparativement faible. En 2010, la part des surfaces exploitées en bio n'y atteignait pas 3 %. Depuis, il y a eu une réelle expansion de la part de la surface agricole utile en production biologique, avec une progression de plus de 80 % entre 2010 et 2016, bien supérieure au taux de progression Européen qui se situait à près de 30%. La France avait la meilleure dynamique de progression quand dans la même période, le taux d'évolution de la part des surfaces agricoles en AB dans la surface agricole totale était de 30% pour l'Allemagne, 55 % pour l'Italie, 26% pour l'Espagne et 16% pour les Pays-Bas. Cette dynamique doit toutefois être relativisée dans la mesure où le point de départ de la France était particulièrement bas, puisqu'à la fin des années 2000 elle occupait l'une des plus faibles positions dans l'ensemble européen. Depuis, le rythme de croissance des surfaces qui s'impliquaient dans la production biologique est resté très soutenu de sorte que, la surface concernée par l'agriculture biologique s'élève à 7,5 % du total en 2018 selon les statistiques réunies par l'Agence Bio (tableau 1). 9 Tableau 1 : Situation des exploitations et des surfaces impliquées par le bio en 2018 et croissance par rapport à 2017 Source : Agence bio 2019 La dynamique d'évolution des surfaces en bio diffère en fonction des productions et des régions. Et l'élevage est le secteur comparativement le moins impliqué dans la production en agriculture biologique même si la croissance des conversions est continue. Les productions de vaches allaitantes, de poulets de chair et de truies ont eu les taux de conversions à l'agriculture biologique les plus faibles entre 2013 et 2018 (Figure 1). Figure 1 : Évolution de la part des cheptels élevés en bio entre 2013 et 2018 Source : Agence Bio, 2019 10 Ce « retard » de l'élevage dans le bio est sans doute lié aux difficultés particulières auxquelles les élevages en bio peuvent se trouver confrontées lors des périodes de sécheresse. S'agissant d'élevage, il faut également analyser l'évolution des surfaces en bio avec celle des surfaces fourragères et des prairies qui passent en bio. Quoi qu'il en soit, de 2007 à 2017, la part des surfaces fourragères en bio a été multipliée par 5 quand dans le même temps, le cheptel passé au bio a aussi progressé. Seulement, cette progression a été à peu près deux fois moins pour les bovins. C'est à partir de 2013 que nous observons une concordance des évolutions du cheptel bio et des surfaces fourragères et des prairies. Selon la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB), environ 4 % du cheptel français de vaches allaitantes et 5,5 % du cheptel français de brebis allaitantes étaient en bio en 2016. Selon le centre national interprofessionnel de l'économie laitière, la production de lait de vache bio représentait en 2016 environ 2,4 % de la collecte nationale. Ces chiffres sont en croissance. Dans la suite de cette dynamisation du Bio, le projet « Ambition bio 2022 » fixe un objectif de 15 % de la surface agricole utile consacrée à l'AB à l'horizon 2022. Ce type d'objectif, devrait encore faire progresser l'offre de produits bio en France dont la consommation a progressé en 2019 de 1.4 milliard d'euros par rapport à 2018, soit de plus de 13,5% (Agence Bio, 2020). |
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