Paragraphe 2 : la maîtrise de la marge de
rentabilité
La maitrise du portefeuille des risques couverts fonde la
politique de gestion de l'assureur traduite par la rétention ou la
cession (partielle ou totale) des risques. La gestion des risques sollicite la
capacité d'anticiper la survenance des sinistres. Ainsi, le niveau de
couverture que présenterait le portefeuille de souscriptions avec
connaissance des garanties accordées aux polices, donnera l'avantage
à l'assureur de préconiser une rétention de risques sur
base d'homogénéité et de sa capacité de
souscription. Cependant, face aux risques non homogènes et aux niveaux
de capitaux
41 Cours de concevoir un programme de réassure de London
School of Insurance, 2020
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excédant la capacité de rétention de
l'assureur, ce dernier peut recourir à diverses formes de cession de
risques partielle ou totale.
Dans l'optique de garantir sa rentabilité, l'assureur
vie se sert de dispositions techniques précises pour gérer
à l'équilibre et de préférence à profit, le
portefeuille des produits commercialisés. Il use de divers moyens pour y
arriver dont la mutualisation des risques à son niveau
(A), la coassurance (B) et la
réassurance (C).
A. La mutualisation des risques
C'est la méthode qui permet à l'assureur vie de
constituer une mutuelle sous-jacente de risques homogènes. L'idée
étant de constituer un portefeuille de client prêt à
transférer un risque donné, et dont la prime pure serait
logée dans un fonds de risque qui servira à payer le capital en
cas de vie ou de décès des assurés survivants ou
décédés au cours de la période d'assurance. Le
challenge pour l'assureur est de conquérir un maximum des assurés
pour faire jouer la loi de grands nombres. Cette méthode met à
l'abri les fonds propres de la compagnie à première vue. Donc,
c'est le fond mutualisé qui prend en charge les sinistres et dont le
dépassement est à la charge de l'assureur.
Pour garantir l'équilibre de son portefeuille,
l'assureur est vigilant sur le niveau des capitaux garanti et surtout
l'état de santé de l'assuré, car le risque est lié
à la durée de sa vie. Ainsi, l'assureur recourt souvent aux
formalités médicales pour sauvegarder son équilibre
technique. C'est donc la sélection des risques42 sur base des
informations contractuelles disposées.
B. La coassurance
C'est la méthode qui consiste à assurer un
risque conjointement avec un autre ou d'autres assureurs vie. Ceci est
envisageable pour la pure assurance vie, soit en cas de décès ou
de vie de la population assurée et ce, par rapport aux capitaux à
garantir. Souvent pour des capitaux importants. L'idée est de repartir
le risque tenant compte
42 « La notion du risque aggravé ne se limite
pas aux seuls facteurs liés à l'état de santé de
l'assuré. L'exercice d'une activité réputée
dangereuse ou à risque -qu'elle soit professionnelle, sportive ou
autre-donne également lieu à paiement d'une surprime. En
matière de sélection des risques, l'assureur a fréquemment
recours à l'assistance technique du réassureur »
Théodore Corfias dans Assurance vie : technique et produits
; 2e édition
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de la capacité de couverture de chaque acteur : la
portion du risque (capitaux) couverte détermine la portion de la prime
à acquérir. Si l'assureur vie ne trouve pas preneur en
coassurance, il peut envisager le prochain moyen, la réassurance.
C. La réassurance
De la même manière qu'une personne s'assure
auprès de l'assureur vie, ce dernier peut aussi s'assurer auprès
d'un réassureur vie. L'opération consiste à céder
une partie du risque à un réassureur en contrepartie de la prime
correspondant à la partie cédée. Cette opération
augmente la capacité de couverture de l'assureur vie qui peut se
permettre d'accepter les risques importants, et de bénéficier de
l'expertise technique du réassureur, puisque celui-ci peut intervenir
dans l'évaluation des risques.
Qu'il s'agisse de la maîtrise du portefeuille des
risques couverts ou des moyens de gestion à mettre en place pour
garantir le bon fonctionnement du système et surtout sa
rentabilité, l'assureur est tenu de bien observer les données
contractuelles pour se prémunir contre toute surprise
désagréable en cas de mise en jeu de la garantie couverte. La
bonne gestion des informations contractuelle éviterait aussi à
l'assureur les sous-tarifications ou des sur-tarifications. Aussi, il est
important de souligner que sur le plan technique, la gestion des données
contractuelles constitue la base statistique fondant toute décision sur
la structure à donner au portefeuille. Et, cela suppose que l'assureur
devrait être habile à disposer ses propres statistiques, soit
l'historique réel de son portefeuille dans le temps, dans l'optique de
mieux conformer sa tarification à la sinistralité subie.
La finalité recherchée par les mécanismes
sus indiqués est de dégager un résultat technique,
c'est-à-dire avoir un portefeuille dont le taux de sinistralité
serait inférieur à 100% (montant des sinistres validés/
montant des primes collectées). Mais, une évidence est à
observer, les projections ou analyses techniques concourant à
dégager un résultat technique devraient être
relayées sur le volet commercial, d'où les enjeux commerciaux
seraient aussi envisagés autour de la gestion d'un contrat d'assurance
vie.
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