SECTION 2: LES ENJEUX TECHNIQUES DE LA GESTION DES
CONTRATS
« il est évident que vous ne pourrez pas
faire fructifier quelque chose qui n'existe pas »
Olivier SEBAN
Quels sont les enjeux techniques de la gestion des
contrats en assurance vie ? La présente section a pour objectif
de ressortir les principaux enjeux techniques autour du contrat pour
l'assureur. Ce dernier prend plus de risque à chaque souscription. Pour
le volet prévoyance, il s'engage à sortir un capital très
important au regard du niveau de prime en cas de sinistre. Et, pour le volet
épargne, il garantit un taux rémunérateur constant aux
souscripteurs malgré l'éventuelle fluctuation du marché
financier.
Conscient de ces enjeux, l'on peut affirmer sans risques de se
tromper que le métier de l'assureur est de payer les sinistres. Donc,
c'est à juste titre que les propos suivant peuvent se tenir : «
Le service des sinistres et le juste traitement des consommateurs se trouvent
au coeur des demandes des autorités de contrôle, parce qu'à
la fin (...), c'est bien tout ce qui concerne notre business : assurer la
tranquillité d'esprit en payant les sinistres couverts par la police
lorsqu'ils se produisent » (London School Insurance). Plus loin, les
propos sont soutenus par : « la meilleure publicité qu'une
compagnie peut faire est celle-ci, «nous ne faisons pas de
publicité, nous payons des sinistres» » (idem). Or, le
sinistre est à l'autre extrémité du contrat -une
activité en aval- dont estimation se fonde sur des techniques actuariels
précis.
Le défi de l'assureur est d'avoir la maîtrise de
son portefeuille de souscription pour s'éviter de mauvaise surprise sur
le plan technique. A ce niveau, la gestion des informations contractuelles
devrait lui permettre d'avoir la maîtrise du portefeuille
(paragraphe 1) dans le but d'endiguer à son tour les
risques qu'il peut encourir. Aussi, venir à dégager une marge
substantielle de rentabilité technique (paragraphe 2)
par le biais de la bonne considération des données contractuelles
disposées.
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Paragraphe 1 : La maîtrise du portefeuille
Le législateur a prévu les mentions principales
devant figurer dans une police d'assurance vie40 dont la date de
naissance de l'assuré et « l'évènement ou le
terme duquel dépend l'exigibilité du capital ou de la rente
garantis ». Avec une bonne gestion des contrats ou du portefeuille,
l'assureur serait mieux avisé sur les risques liés à son
activité économique, donc plus averti des risques liés
à son portefeuille de garantie en cas de vie (A), en
cas de décès (B) et à titre de la
capitalisation (C).
A. Les risques liés à un portefeuille
de garantie en cas de vie
Les produits à garantie en cas de vie obligent
l'assureur à payer un capital déterminé au cas où
l'assuré serait en vie à une période donnée. Dans
ce cas, le risque encouru par l'assureur est celui de la survie de la
popularisation assurée. Il s'agit de la tendance observée : les
assurés restent en vie au bout de la durée de couverture. Cet
état de survie constaté au terme du contrat contraint l'assureur
de décaisser le capital au profit de l'assuré. Autant
d'assurés qu'il y aura de survivants, autant de fois que l'assureur se
doit décaisser des capitaux y relatifs.
B. Les risques liés au portefeuille de
garantie en cas de décès
Les produits à garantie en cas de décès
obligent l'assureur à payer un capital donné dès lors que
le décès de l'assuré est constaté au cours de la
vie du contrat les liant. Dans ce cas, le risque encouru est celui de la
mortalité de la population assurée. Lequel risque
représente la tendance observée : les assurés
décèdent dans la période de couverture, obligeant
l'assureur à payer le capital garanti au contrat.
C. Les risques liés au portefeuille de
capitalisation
Ici, il s'agit des fonds placés par les assurés
auprès de l'assureur pour être rémunéré
suivant un taux d'intérêt garanti et constant sur la durée
de vie du contrat. L'effort de l'assureur est de placer ces fonds
collectés sur le marché financier à un taux
rémunérateur supérieur à celui garanti sur les
contrats. Donc, l'assureur fera face à la volatilité du
marché relativement aux titres détenus. Le risque du
marché est prééminent à ce niveau. « De
nombreuses compagnie ont subi des pertes importantes
40 Article 62 du Code CIMA
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lorsque la promesse d'un généreux
intérêt aux assurés sur la période de la couverture
a été complétement minée par la forte baisse des
taux d'intérêt existants pour la compagnie d'assurance sur la
même période »41. Donc, la gestion des
données contractuelles en capitalisation permet à l'assureur
d'anticiper sur le risque systématique (1) et
spécifique (2) des actifs représentatifs des
engagements pris. Il faille que le pilotage du portefeuille financier se fonde
sur la composition du portefeuille de souscription. Ainsi, l'assureur
intégrant les données contractuelles est à mesure de bien
évaluer ses provisions mathématiques pour rester en phase avec le
niveau de ses engagements en cas de sinistre ou de survenance du terme
contractuel.
1. Le risque systématique
C'est le risque inhérent à la liaison des
titres avec le marché dans la mesure où les
événements macro-économiques ou mondiaux (une guerre)
imprévus influencent systématiquement l'ensemble des valeurs. Il
ne peut être éliminé (non diversifiable) et ce, même
en augmentant le nombre d'actifs.
2. Le risque spécifique
Au-delà du risque de marché, chaque action porte
en soi un risque dû à l'influence de facteurs particuliers
à l'entreprise sur le taux de rentabilité. Ce risque est
diversifiable par le biais de la combinaison des titres, donc le risque total
diminue ici par l'augmentation des titres. Ici, il faille prendre en compte la
particularité qui peut être susceptible de rendre un titre plus ou
moins risqué que d'autre.
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