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Le libéralisme économique comme cause de la concurrence déloyale en RDC.


par Pascal Ntumba Mulenda
Université de Lubumbashi - Licence 2020
  

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§2. Historique et Essai de définition du Droit de la Concurrence

Le droit de la concurrence moderne est indéniablement influencé par les lois américaines. Ces premières lois visant à contrôler les possibles abus de la liberté du commerce et de l'industrie, plus connues sous la dénomination de lois antitrust, virent le jour il y a plus d'un siècle. Celles-ci furent adoptées à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle par les Etats-Unis. La première loi antitrust, le Sherman Act, fut votée en 1890 par le Congrès américain dans le but de diminuer le pouvoir de marché des groupes de sociétés dominant l'économie en interdisant les monopoles et les accords entre

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entreprises sur les prix et les parts du marché. Ensuite, le Clayton Act ainsi que le Federal Trade Act et la Federal Trade Commission datant tous trois de 1914 furent adoptés afin de remédier aux insuffisances du Sherman Act et d'interdire les fusions menant à des monopoles.76

Ces lois antitrust donnèrent de grandes possibilités au gouvernement américain qui se vit autorisé à démanteler des entreprises, à interdire des fusions entre entreprises ainsi qu'à empêcher les entreprises d'organiser leurs activités de façon à rendre moins concurrentiel le marché. Le droit antitrust américain est « le premier à avoir proposé une vision globale d'un marché conçu et utilisé comme un outil de régulation du marché, fondé sur un principe exprimé de liberté de la concurrence, et des outils permettant de faire respecter ce principe » comme la grande affaire du démantèlement du standard Oïl en avait été l'illustration.

En Europe, l'apparition de ce Droit est essentiellement née de la fin de la seconde guerre mondiale, les Américains avaient ainsi imposé une politique de « décartellisations » dans la partie de l'Allemagne dont ils avaient la responsabilité, contre les cartels qui avaient été considérés comme un moyen de politique industrielle sur laquelle le pouvoir Nazi s'était largement appuyé, de même ailleurs que dans l'Italie Fasciste, plus largement l'instauration d'un système de Droit de la Concurrence était par ailleurs une condition posée pour recevoir les bénéfices du plan Marshall après la seconde Guerre Mondiale. La Concurrence et le Droit de la Concurrence étaient alors devenus un moyen économique de promotion de la démocratie politique qui est devenue le modèle communautaire le pilier de la démocratie Européenne née en 1953 par la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acide en 1957 avec la CEE.

Aujourd'hui, le Droit de la Concurrence est dominé par les juristes formés à l'analyse économique et par les économistes formés au Droit. Ils se divisent en deux grandes écoles :

Ø L'école structuraliste ou néoclassique : pour cette école, le pouvoir du marché qui se définit comme la capacité d'une entreprise à réaliser des choix (changer la gamme, modifier ses prix, ...) sans

76 Lyes MESSAOUD-NACER, l'efficience économique en droit de la concurrence : la norme concurrentielle est-elle pertinente économiquement ? Master 2 Droit Économique, Université Montpellier, 2016, p8-9

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tenir compte des choix de ses concurrents et donc de pouvoir maintenir durablement des prix élevés, dépend étroitement de la structure du marché et du comportement des opérateurs ;

Un marché concentré : peu d'opérateurs protégés par des fortes barrières à l'entrée est propice à un pouvoir de marché important au détriment des consommateurs et les stratégies anticoncurrentielles, ententes, ou abus de position dominante. La politique de la Concurrence doit alors protéger les consommateurs soit par une action préventive en limitant les concentrations à venir, voire en cassant les concentrations existantes et à sanctionner les comportements des opérateurs ;

Ø Pour le second, l'école de Chicago, le pouvoir de marché ne dépend pas uniquement des structures de marché mais surtout de la performance des opérateurs économiques, par nature temporaire, laquelle résulte du processus de Concurrence lui-même.

Par conséquent, les règles sanctionnatrices devraient être adoucies voir supprimées pour certains, dans la mesure où le marché permettra par lui-même de remettre en cause les positions dominantes.

La notion de Concurrence peut donc être définie selon le vocabulaire cornu comme « une compétition économique ; l'offre, par plusieurs entreprises distinctes et rivales de produits qui tendent à satisfaire des besoins équivalents avec, pour les entreprises, une chance réciproques de gagner ou de perdre les faveurs de la clientèle », « compétition sur un marché dont la structure et le fonctionnement réponde aux conditions du jeu de la loi de l'offre et de la demande, d'une part entre offrants et d'autre part entre utilisateurs ou consommateurs de produits et de services qui y ont libre accès et donc les décisions ne sont pas déterminées par des contraintes ou des avantages juridiques particuliers ».

Cette définition incarne des points dont nous pouvons préciser :

a) La clientèle : la clientèle est l'objectif à atteindre par les entreprises en

Compétition. La clientèle est d'ailleurs rebaptisée « consommateurs » ou « intérêt du consommateurs » ou « utilisateurs » selon les règles de

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Concurrence. L'intérêt du consommateur constitue ainsi souvent un critère d'appréciation des règles de Concurrence.

En Droit de la Concurrence, la clientèle est à qui veut bien la prendre : le préjudice concurrentiel liée à la perte de la clientèle au profit d'un concurrent n'est donc pas, par principe réparable. Seuls les abus commis pour surprendre la clientèle créent un préjudice concurrentiel réparable.

b) Des concurrents : sans concurrents sur le marché, point de compétition, de

risque d'abus, point de Droit de la Concurrence, mais le concurrent n'est que virtuel comme dans les hypothèses de monopoles ou de non Concurrence (convention de non Concurrence) que le Droit de la Concurrence poursuit par principe. Une erreur ne doit cependant pas être commise, une politique de Concurrence cherche à éviter les monopoles et donc à éviter les comportements monopolistiques. Cela étant, un monopole de Droit ou de fait n'est pas interdit en principe. Ces sont les abus de celui-ci qui, en Droit de Concurrence peuvent être poursuivis.

c) Un système politique et économique favorable à la Concurrence

La Concurrence est donc ainsi synonyme de liberté économique, mais de liberté contrôlée : on parle aujourd'hui de la Concurrence régulée, de règle de libre Concurrence, elle reste une question subtile, politique et philosophique : le Droit de Concurrence suppose une économie de marché et une économie de marché suppose un État de Droit qui lui aussi est question de la Démocratie.

d) Un ensemble d'outils économiques complexes de mesures des effets de comportements des operateurs

La notion de pouvoir du marché est un outil fondamental pour apprécier le caractère nocif ou non d'une entente. On peut alors la définir comme une notion assurant la mesure de l'effet anticoncurrentiel d'une entente. Traditionnellement la mesure s'effectue à travers le calcul statique, des parts de marché : la

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notion de pouvoir de marché permet de mesure de capacité de maintenir ou de renforcer une position sur le marché par « la capacité de pratiquer pendant une durée significative des prix supérieurs au niveau qui résulterait du jeu de la Concurrence ou de maintenir pendant une durée significative la production en terme de quantité, qualité, diversité des produits ou en terme d'innovation à un niveau inférieur à celui qui résulterait du jeu normal de la Concurrence ».

Le Droit de Concurrence est constitué donc des l'ensemble des règles destinées à contrôler la Concurrence, la compétition. L'idée est que la Concurrence ne peut s'exercer sans les règles du jeu, sans normes de comportement dans le cadre de ce que les économistes appellent une économie de marché.

Ces règles sont donc d'ordre public, elles ont pour objet de protéger la Concurrence plus haut envisagée ; c'est-à-dire, le système concurrentiel qu'implique une économie de marché avec ses piliers : liberté d'entreprendre, propriété des éléments d'activités, les consommateurs.

Le Droit de Concurrence est donc défini au sens strict comme l'ensemble des règles ayant pour objet d'assumer la régulation du marché.

Dans cette perceptive, le Droit de la Concurrence serait donc constitué que des règles contrôlant la façon dont un opérateur économique s'y prend pour capter la clientèle des autres ; contrôle des ententes et des abus de positions dominantes. Il est certes un Droit de la police du marché, un Droit d'origine administrative relativement complexe.

Cette définition demeure controversée selon les fonctions que l'on souhaite voir jouer au Droit de la Concurrence : Droit de contrôle des monopole ou Droit de la loyauté du marché.

Une définition médiane considère le Droit de Concurrence comme le Droit pouvant influencer la Concurrence.77

77 KYUNGU KAKUDI Charles, op.cit p10

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Au sens large, il est l'ensemble des règles assurant le contrôle des actions des opérateurs économiques, incluant bon nombre des règles pénales et surtout de règles civiles dont la responsabilité. On parle ainsi de Concurrence déloyale qui n'est qu'un approfondissement de la faute (Article 258 du Code Civil Congolais Livre III) ou d'engagement de non Concurrence, une convention ayant pour objet la Concurrence réalisée par l'un des contractants.78

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle