C. La doctrine interventionniste de l'Etat dans
l'économie.
Avec la crise de 1929, le modèle libéral
basé sur le laisser-faire devenait caduc parce qu'il venait
d'étaler ses limites notamment une crise de surproduction qui a fait
plonger les marchés boursiers surtout WallStreet.
L'auto-régulation du marché n'a pas eu lieu car l'offre ne
créait pas sa propre demande comme le prétendaient les classiques
en l'occurrence Jean Baptiste SAY et qu'une crise de surproduction
n'était pas impossible. 60
59 Gosta Esping-Andersen, Les trois mondes de
l'État-providence. Essai sur le capitalisme moderne, Paris, Presses
universitaires de France, 1999, p. 41.
60 François SIMIAND, Critique Sociologique
de l'Economie, PUF, Paris, 2006, P144
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Pour faire face aux retombées de la crise, il fallait
une nouvelle doctrine pour légitimer l'action de l'Etat dans
l'économie. Le Professeur d'économie à l'Université
de Cambridge, John-Maynard KEYNES, dans son livre intitulé «
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et
de la monnaie », a fait l'apologie de l'intervention de l'Etat dans
l'économie et a encouragé les Etats à voter et à
appliquer des budgets en déficits afin de relancer les économies
meurtries par la Crise.
Les grandes politiques d'intervention économique qui
vont s'en suivre dont le New Deal (aux Etats-Unis) va être à
l'origine d'une croissance soutenue qui va relancer les économies
occidentales jusqu'au choc pétrolier de 1973. En France, les trente
années de croissance qui ont précédé la
récession engendrée par le Choc pétrolier de 1973 ont
été qualifiées de Trente Glorieuses.
A l'Etat-Gendarme des libéraux, avait
succédé l'Etat-Providence qui, en réalité, ne fait
que compléter le premier.
§2. Justification, Rôle Et Moyens De
L'intervention De L'état Dans L'économie.
A. Justification de l'intervention de l'Etat et son
rôle dans l'économie
1. Les déficiences du
marché
Le marché ne fonctionne pas toujours de façon
à sauvegarder les intérêts de tous les agents, à
assurer sa survie et à éviter des crises. C'est pourquoi l'Etat
doit intervenir pour protéger les intérêts communs et
assurer le fonctionnement optimal de l'économie. Tel fut le cas en
2007-2008 avec la crise de subprimes déclenchée par les
marchés immobiliers et financiers américains de suite d'une
distribution inconsidérée des crédits immobiliers aux
ménages sans commune mesure avec leurs revenus.
2. L'existence des biens collectifs
À côté des biens privés qui sont
l'objet de l'économie marchande, il existe des biens dits collectifs ou
publics qui ont les caractéristiques suivantes : une fois produits, ils
profitent à tous les usagers de la même façon sans que la
consommation de l'un puisse préjudicier celle de tous les autres. C'est
le cas de l'éclairage public. Par ailleurs, dès qu'un bien public
est mis à la disposition de l'un tout le monde en
bénéficie. D'où la difficulté d'en faire payer le
prix aux usagers car ceux-ci vont recourir systématiquement à la
non-révélation des préférences. Dès lors, la
production de tels biens ne peut être
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assurée que par les pouvoirs publics car on ne peut pas
opérer de discrimination dans la consommation dès qu'ils sont mis
en marche. 61
3. L'aggravation des inégalités
sociales
Le développement et l'expansion du capitalisme a
laissé sur le pavé une multitude de personnes sans emplois, sans
couverture de santé, sans nourriture ni logement, ainsi que l'explosion
des familles nombreuses avec des revenus insuffisants. Pour assurer le minimum
vital à tous ces personnes (malades, vieillards, femmes, ...), les
différents Etats modernes se sont lancés dans de vastes
politiques sociales.
Face aux trois types d'aspects susmentionnés, les Etats
ont développé des stratégies spécifiques : la
stabilisation en cas de déficience du marché, l'allocation pour
produire les biens collectifs et la redistribution pour atténuer les
inégalités sociales.
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