Section Troisième : L'ÉTAT ET SES
RAPPORTS AVEC
L'ECONOMIE
§1. Les Facteurs Explicatifs De L'implication De
L'état
A. L'intervention de l'Etat dans l'économie : du
laisser-faire à la régulation
La dernière crise financière dite crise des
subprimes déclenchée aux Etats-Unis et qui a
déferlé à travers le monde entier, est venue nous rappeler
que l'économie des marchés ne peut pas être
abandonnée à elle-même sinon c'est le gâchis. Car, en
effet, les soi-disant mécanismes d'auto-régulation du
marché qui sont censés éviter de telles crises n'ont
jamais fonctionné, et ce, depuis la Grande Crise de 1929.
Dès lors, l'Etat a un rôle important à
jouer pour prévenir les crises et pour relancer les économies
après des catastrophes financières à l'instar de la crise
des subprimes, bref l'Etat a le rôle de réguler l'économie
et veiller au bon fonctionnement des mécanismes de l'économie du
marché. Pour mieux appréhender le rôle de l'Etat dans
l'économie, sa légitimité ainsi que ses moyens d'action,
nous allons voir successivement le rôle économique de l'Etat selon
les classiques et les keynésiens, la justification et le rôle de
l'Etat dans l'économie, enfin les instruments d'intervention
étatique. 58
B. Le courant libéral et l'action
économique de l'Etat.
Conformément à la doctrine libérale
élaborée aux 18ème et 19ème
siècle, le rôle de l'Etat était le maintien de l'ordre
public et la réalisation des missions régaliennes. C'est la
conception de l'Etat-Gendarme. Selon cette conception, le Budget de l'Etat
avait pour mission de financer la force publique, la justice, la diplomatie.
Toute autre dépense publique, surtout dans le secteur économique
et social, ne répondait pas, selon les Classiques, le rôle de
l'Etat portait atteinte à la liberté individuelle, à
l'initiative privée et aux lois naturelles de l'économie du
marché.
Ainsi le courant libéral ou classique, prône le
libéralisme économique et l'abstention de l'Etat dans
l'économie. Il faut promouvoir le laisser-faire et laisser les
marchés s'auto-réguler par le biais de la main invisible
chère à ADAM SMITH.
58 Claude Martin, Etat providence et
cohésion sociale en Europe, PUF, 2008, p15
41
Par ailleurs, depuis les années 1970, il y a
résurgence des thèses libérales avec des
économistes néo-libéraux tels que Milton FRIEDMAN (Ecole
monétariste), Thomas SARGENT (Théorie des anticipations
rationnelles) et Arthur LAFFER (Théorie de la pression fiscale optimale)
qui ont soutenu et prouvé que les interventions de l'Etat étaient
déstabilisantes sur l'économie, que les agents économiques
réagissaient toujours aux décisions économiques de l'Etat,
que moins d'Etat était mieux Etat. Ils ont prôné des
politiques anti-inflationnistes se caractérisant par l'auto - limitation
du pouvoir financier de l'Etat et dénoncé les méfaits des
déficits budgétaires notamment leurs effets d'éviction sur
le secteur privé et leurs effets boule de neige qui font croître
l'endettement.
Bref, ils ont tous appelé au désengagement de
l'Etat dans l'économie (privatisations) et à la
déréglementation (l'Etat a renoncé d'assumer certaines de
ses missions régaliennes de fixer des normes, des règles dans
plusieurs secteurs du monde économico-financier). C'est cette doctrine
qui prévaut dans le monde anglo-saxon et dans les institutions
économiques internationales notamment le Fonds monétaire
international (FMI).59
Fort malheureusement, l'auto-régulation des
marchés n'a toujours pas fonctionné d'une part et d'autre part,
il y a l'existence des biens dits publics que les libéraux ont
négligés. Ces deux facteurs ont nécessité et
nécessitent toujours l'intervention de l'Etat dans l'économie.
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