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Le libéralisme économique comme cause de la concurrence déloyale en RDC.


par Pascal Ntumba Mulenda
Université de Lubumbashi - Licence 2020
  

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A. La Monnaie et l'Etat

Walras s'était efforcé d'expliquer, en partant de sa théorie de l'équilibre général, les circonstances dans lesquelles une intervention de l'État est requise. Il avait montré que, sous certaines hypothèses, les mécanismes du marché conduisent à une situation où la satisfaction des individus est maximale. En raisonnant a contrario, une intervention de l'État apparaissait nécessaire quand les hypothèses sous lesquelles on peut démontrer que la libre concurrence permet d'atteindre un optimum ne sont pas satisfaites. Pour analyser la portée des arguments de Walras, il est intéressant d'étudier les difficultés auxquelles il se heurte quand il essaie d'appliquer sa méthode au cas des problèmes monétaires et plus précisément à deux questions : l'émission de billets doit-elle être libre ? L'État doit-il intervenir pour déterminer la quantité de monnaie en circulation ?

Les économistes soutenaient des opinions opposées sur l'organisation qui doit présider à l'émission des billets de banque. Certains affirmaient qu'elle doit être faite par l'État ; d'autres suggéraient qu'elle doit être confiée à une banque unique investie d'un monopole et soumise à un cahier des charges ; d'autres enfin que l'on peut l'abandonner à la concurrence. On justifie quelquefois l'émission de la monnaie par l'État en invoquant l'idée que le pouvoir de battre la monnaie est un droit régalien. L'argument paraît fallacieux à Walras car si le créancier est tenu de recevoir en paiement la monnaie métallique, on ne peut l'obliger à recevoir des billets de banque. On invoque, aussi, l'argument fiscal. En accordant à l'État le monopole d'émission des billets, on lui procure des ressources. L'argument paraît détestable à Walras car l'État ne lui semble pas en droit d'exploiter à son profit le monopole d'émission qui lui aurait été concédé.

53 Fabrice Mazerolle, op.cit, p56

B. 37

L'état Et La Question Des Salaires

Quand, en 1859, Walras, étudiait la question sociale, il lui apparaissait que « la liberté absolue du travail et de l'échange... est le principe souverain de la production, vu qu'il est tout à la fois nécessaire et suffisant à l'existence d'une production... abondante et proportionnée » et quand les socialistes demandaient si la concurrence était le moyen d'assurer le travail au pauvre, il leur répondait que la vraie question était de savoir si elle pouvait empêcher les travailleurs de jouir intégralement des revenus de leurs facultés.

Il soutenait alors qu'il ne pouvait en être ainsi car si, comme le soutenaient les socialistes, la concurrence entre les travailleurs abaissait les salaires, la concurrence entre les entrepreneurs protégeait les salariés. La concurrence établissait ainsi un équilibre.

Si, dans la société française, les masses étaient misérables, il fallait chercher l'origine de cette misère « dans un autre principe que celui de la liberté du travail et de la production et ... peut-être avant tout... dans tous les règlements plus ou moins autoritaires ». Bref, il opposait aux socialistes, à Louis Blanc et à Proudhon, le principe du Laissez faire, Laissez passer, sans que ce principe ait été véritablement démontré. 54

La démonstration scientifique de ce principe dans les Éléments d'économie politique pure permet, « de discerner immédiatement les cas où il s'applique et ceux où il ne s'applique pas ». Comment a-t-il appliqué cette idée au cas de la détermination des salaires et au fonctionnement du marché du travail ?

C. L'état, La Justice Et L'intérêt

Dans l'introduction à l'étude de la question sociale, Walras reprenant une idée chère aux libéraux soutenait que « l'intérêt privé concourt naturellement et de lui-même à la satisfaction de l'intérêt général » et que, dès lors, toute intervention de

54 Fabrice Mazerolle, op.cit, p65

38

l'autorité politique en matière d'économie est inutile. Mais, quand il dût justifier cette thèse, il s'aperçût que nul ne l'avait établie et qu'elle devait encore être démontrée. Telle est la démarche qui le conduisit à étudier les propriétés de l'équilibre et à énoncer le théorème de satisfaction maximale.

Mais dire que, sous certaines conditions, la concurrence assure la plus grande satisfaction des besoins ne permet pas de conclure que l'État ne doit rien faire.

Il doit intervenir pour rétablir la concurrence là où elle est possible et pour la suppléer là où elle est impossible. Il n'est certainement pas le premier économiste à justifier les interventions de l'État par les échecs du marché mais, par ses analyses, il donne à cette approche une impulsion nouvelle en suggérant que l'économie publique doit reposer sur une étude des propriétés d'optimalité de l'équilibre général. L'économie publique de Walras fut oubliée, mais ce message resta. 55

La façon dont Walras aborde ces problèmes repose, dans une large mesure, sur la conception qu'il a de la société, de la justice et de l'État. Ces conceptions ne sont pas nouvelles et elles furent, au 19ème siècle, largement partagées mais elles s'opposent à l'individualisme et à l'utilitarisme qui sous-tendent souvent les analyses économiques. Faute de percevoir cette relation entre l'économie de Walras et ses idées philosophiques, ses lecteurs ont, dans bien des cas, mal interprété ses raisonnements. 56

On a critiqué Walras en lui imputant l'idée que l'équilibre concurrentiel serait la seule situation où la satisfaction des agents est maximale. Mais cette interprétation est mal fondée. Quand Walras oppose le troc jevonien au troc gossien, il compare plusieurs situations que l'on peut qualifier d'optimales. L'équilibre concurrentiel, celui qu'étudie Jevons, apparaît comme un maximum relatif parce qu'il doit obéir à la contrainte de l'unicité des prix alors que l'équilibre qu'étudie Gossen est un maximum absolu.

C'est par l'intermédiaire de l'introduction de cette contrainte que l'idée que Walras se fait de la justice est introduite dans l'analyse à laquelle elle donne son caractère spécifique. Quand on admettra qu'il n'est pas pertinent d'introduire la justice dans la définition de l'optimum, cette contrainte disparaîtra.

55 Jean BONCOEUR et Hervé THOUEMENT, l'histoire des idées économiques de Walras aux contemporains, 3e éd, Armand Colin, 2010, p36

56 Idem, p43

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault