4. Exceptions à la règle de la libre
Concurrence
La production et l'échange sur des marchés
régis par la concurrence conduisent à la plus grande satisfaction
possible des besoins. Cela ne signifie pas, au contraire, que l'État ne
doit rien faire : les échecs du marché justifient ses
interventions. Là où la concurrence est susceptible d'agir,
l'État doit intervenir pour l'organiser et en assurer le fonctionnement.
Là où elle ne peut agir, il doit la suppléer. 51
Les démonstrations des théorèmes de la
satisfaction maximale supposent que les consommateurs connaissent leurs besoins
et peuvent estimer l'utilité des biens et des services qu'ils
consomment. Or, il y a des cas, ceux des objets et des services
d'utilité sociale, où il n'en est pas ainsi. Tous ces biens ne
peuvent faire l'objet d'une libre concurrence. Il appartient à
l'État de les fournir. Ils constituent ce que Walras appelle des
monopoles moraux. Les théorèmes de la satisfaction
maximale supposent que la multiplicité des entreprises est possible et
n'a pas d'inconvénients provenant de la nature des
choses.52
Quand il n'en est pas ainsi, ne rien faire serait accepter
d'aller vers un monopole. « Il faut mieux en prendre son parti, accepter,
constituer même le monopole en l'organisant de manière à en
prévenir les abus ».
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51 Fabrice Mazerolle, op.cit., p56
52 Jean Boncoeur et Hervé T., 81
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De tels monopoles sont constitués non pour des raisons
de justice, mais pour des raisons d'intérêt. Walras les qualifie
de monopoles économiques. Il est possible que les deux
critères se recoupent et que des entreprises qui se trouvent en
situation de monopole en raison des conditions techniques de production
produisent des biens ou services d'utilité sociale, il admet aussi qu'il
existe des cas où son double critère ne permet pas de comprendre
si une intervention de l'État est souhaitable. Il en est, en
particulier, ainsi dans les cas où il faut stabiliser le système.
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