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La participation des salariés en droit des sociétés commerciales


par Dilane Gildas DJIOKENG FEUJIO
Université de Dschang - Master 2 2019
  

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B - La consécration envisageable de la reprise de l'entreprise par ses salariés

Dans l'optique de développer la participation financière des salariés, l'on peut également envisager que ces derniers rachètent la société qui les emploie lorsqu'une menace pèse sur sa survie. Cette reprise de l'entreprise (RES) peut être totale ou dans le cadre des groupes de sociétés, ne concerner qu'une branche des activités.

Apparue aux États-Unis dans les années 1970, puis en Grande Bretagne sous le nom de leverage management buy out (LMBO)261, la reprise de l'entreprise par ses salariés a inspirée de nombreuses législations. La France l'a adopté à travers la loi du 09 juillet 1984 relative au développement de l'initiative économique. Le droit OHADA des sociétés commerciales n'a jamais consacré cette mesure. Pourtant, plus proche de lui, le législateur camerounais l'a fait depuis 1990. Ce dernier, permet aux salariés des sociétés en cours de privatisation d'acquérir le capital social. En effet, l'article 16 du décret n°90/1257 du 30 août 1990 portant application de l'ordonnance n°90/004 du 22 juin 1990 sur la privatisation des entreprises publiques et parapubliques dispose qu': « Il peut être dérogé, conformément aux dispositions de l'article 4 de l'ordonnance n°90/004 du 22 juin 1990 au principe de l'appel à la concurrence prévu à l'article 11 ci-dessus afin de favoriser : (...)- la participation des salariés au capital de l'entreprise, voir même sa reprise totale par ceux-ci ». Il est donc curieux de voir que le législateur OHADA n'a pas insérer un tel mécanisme dans ses dispositions.

Le choix du législateur, pourrait-il être justifié par l'approche actionnariale qui le caractérise ? En réalité, il est possible que l'idée d'un rachat de l'entreprise effraie les actionnaires. Cette formule réalise en effet une transmission de l'entreprise des mains des propriétaires (supposés) aux salariés. La mesure pourrait être mal vue des investisseurs étrangers et rendre le droit OHADA moins attractif. Mais cet argument est très fragile. À vrai dire, dans les faits, la RES ne s'effectue qu'en temps de crise, lorsqu'une cessation des paiements par exemple menace la survie de l'entreprise ou encore quand les propriétaires du capital financier envisagent de mettre un terme à l'entreprise, d'où le terme « reprise ». Alors, afin de protéger les emplois et le tissu économique, toute source de financement est la bienvenue. Cette formule loin d'être un handicap à l'objectif de l'OHADA, présente même de nombreux avantages.

261 MERLE (P.), op. cit., p. 692.

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En effet, indiscutablement, la survie de toute entreprise concoure au développement économique. C'est pourquoi, il faut envisager que des tiers (au capital social) reprennent celles qui risquent la fermeture. Dans l'intérêt de l'entreprise, il serait souhaitable que sa continuité se fasse avec ses travailleurs qui maîtrisent mieux son environnement. Un salarié qui a une ancienneté de 20 ans dans l'entreprise est certainement une matière grise non négligeable pour celle-ci. Dès lors, permettre aux salariés de reprendre l'entreprise peut redynamiser celle-ci et la rendre mieux performante.

Dans un autre sens, les salariés étant des parties prenantes à l'entreprise ont au même titre que les actionnaires, un intérêt à ce qu'elle survive, seule la nature de ces intérêts diffère. Ainsi, afin de protéger leurs emplois, ils pourront très bien reprendre la structure. Mais où trouveront-ils les financements pour une telle opération ?

La question du financement de l'opération est au coeur même du mécanisme de RES262. Laconiquement, le mécanisme peut être le suivant. Sans risquer leurs économies personnelles, les salariés sont aidés par des groupes d'investisseurs externes qui rachètent la société. Grâce à un soutient fiscal de l'État, les bénéfices réalisés par la nouvelle société serviront à rembourser ces dettes. Afin de se rassurer de l'effectivité d'une reprise par les salariés plutôt que par le groupe d'investissement, la loi impose un quota de droit de vote que devront détenir des personnes qui à la date de la reprise, étaient salariés de l'entreprise263.

Outre la participation au capital, l'on pourrait aussi envisager la participation directe aux bénéfices.

PARAGRAPHE II : L'IMPORTANCE D'UNE PARTICIPATION DES SALARIÉS
AUX RÉSULTATS DE LA SOCIÉTÉ

En droit OHADA, les principaux bénéficiaires des performances de l'entreprise sont le trésor et les actionnaires. Les salariés ne sont pas pris en compte. Or, les actionnaires ne supportent pas seul le risque entrepreneurial264. En investissant dans des compétences spécifiques difficilement remplaçables (capital humain), les salariés se trouvent dans la même situation que celles des actionnaires (fonds propres). Tous deux sont des « créanciers résiduels » de l'entreprise, dans la mesure où ils supportent les risques265. Ainsi, il est dangereux de les écarter du magot. Le danger vient de ce que cette mise à l'écart à une

262 Idem.

263 Idem.

264 BENHAMOU (S.), précité, p. 65.

265 Idem.

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désincitation au travail qui affaiblit les performances de l'entreprise. C'est pourquoi, il est important d'envisager un intéressement des salariés aux fruits de l'expansion de l'entreprise. Et dans ce sens, le droit comparé nous propose une participation des salariés aux bénéfices de l'entreprise (A) et la promotion de l'épargne salariale (B).

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