J'ai souvent eu l'occasion de comparer ce travail de
recherche à un véritable chemin de croix. L'étudiant,
soucieux d'être académiquement recevable aux yeux de ses pairs et
de ses enseignants, se doit de porter ce projet sur ses épaules, qui lui
pèse par la quantité de travail qui s'annonce, autant qu'il le
chérit par la profondeur d'esprit que ce travail lui procure. Le chemin
autant que son aboutissement représentent cependant un voyage personnel
et intellectuel sans pareil. Comme Bachelard le dit dans son oeuvre
La Formation de l'esprit scientifique (1938), rien
n'est construit, et si l'on veut trouver la réponse à sa
question, il s'agit de la produire. C'est ce chemin que «
l'apprenti-chercheur »1, est amené à emprunter.
L'activité intellectuelle en construction et en perpétuelle
restructuration, placée ici sous la métaphore d'un cheminement,
devient une confrontation entre soi-même, ses propres
représentations et des théories conceptuelles. C'est
précisément à cet endroit que la connaissance
s'établit. C'est du moins de cette manière que j'ai vécu
cette expérience.
Quel(s) chemin(s) ce travail a-t-il emprunté ?
Commencer par préciser ce qui m'a amenée en Albanie, terrain de
stage à partir duquel j'ai bâti mon travail, me permettra ensuite
de démontrer en quoi la problématique actuelle de mon
mémoire répond à la tournure qu'a prise mon
expérience professionnelle d'une durée de plus de deux ans dans
ce pays des Balkans. La transparence nécessaire à
l'activité même de la recherche et le récit de ce
cheminement me semblent être deux éléments à
développer, pour permettre au lecteur de saisir pleinement quelle
ampleur ce travail a pu prendre. Les questionnements retenus dans ce travail
ainsi que le champ d'étude concerné seront ensuite
présentés, avant d'entrer dans le corps de cette étude
reposant sur une contextualisation de l'enseignement - apprentissage du
français en Albanie, pour une meilleure définition de la
promotion et la diffusion de la langue et de la culture françaises.
Mon premier contact avec ce pays a eu lieu en 2011, et tout
à fait par hasard, puisque l'histoire commence quelques centaines de
kilomètres plus loin. A mi-parcours de mon année de Master 1 en
DFLE à Paris III, je me sentais armée d'outils didactiques
sérieux, mais leur application et leur utilisation me paraissaient
beaucoup plus incertaines. La campagne des stages longs MAE venait de s'ouvrir.
Familière du Moyen-Orient pour y être née et y avoir
1Désignation relativement courante dans des
ouvrages d'épistémologie et de méthodologie que j'ai
consultés, à titre d'exemple : L'entretien
compréhensif de Kaufmann (2011, 3° éd.)
18
grandi jusqu'à l'âge de dix ans, mes choix
s'étaient portés sur la Jordanie, et Barhein, dans la
péninsule arabe et c'est la base militaire d'Amman, capitale de la
Jordanie, qui accepte de me recevoir après étude de ma
candidature.
Cependant, mon maître de stage sur place me contacte
quelques semaines plus tard, pour m'annoncer que je ne pouvais pas être
reçue, ils auraient préféré avoir un stagiaire
homme (pour des raisons clairement transmises). Il ne me restait alors plus
qu'à choisir parmi les stages vacants. Les destinations qui
étaient encore proposées m'étaient toutes presque
inconnues, mais l'Albanie a retenu mon attention, car elle est située
dans une région géographique que je connaissais un peu mieux, par
les voyages que j'avais eu l'occasion d'y effectuer auparavant. Après
quelques échanges avec le CNOUS, je deviens la prochaine stagiaire MAE
à Elbasan, ville de province proche de la capitale du pays, Tirana. Je
suis partie dans ce pays sans rien n'en savoir, lestée par les
idées reçues qualifiant l'Albanie, dont on m'avait
affligée avant mon départ : trafic de drogues, prostitution,
mafia sont quelques-uns de ses domaines d'action (mé)connus. Je refusais
de m'accorder à croire aveuglément les idées qui
circulaient autour de la réputation des Albanais, mais je pressentais
toutefois que ça serait probablement plus compliqué de trouver
ses aises dans un contexte qui était vraisemblablement instable. La
Jordanie se serait inscrite dans un projet en accord avec mes aspirations
professionnelles de l'époque, alors que j'étais pourvue de
notions en arabe après avoir étudié cette langue pendant
mes premières années de scolarité, puis à nouveau
lors de mon assistanat de français aux Etats-Unis. De plus, je me
sentais proche de cette culture qui avait bercé mon enfance.
C'est finalement un coup du sort qui m'a emmenée dans
un autre pays, dont je pense maintenant qu'il est difficile d'en savoir quelque
chose tant que l'on ne l'a pas appréhendé, à ce que les
officiels albanais du tourisme ont appelé « le dernier secret
d'Europe ». Puis j'y suis restée une deuxième année,
en demandant le renouvellement de ma convention de stage, dans la même
ville. Mon adaptation avait été acquise au prix de larges efforts
d'intégration, je trouvais incongru de partir alors que je
commençais seulement à comprendre les rouages de ma situation en
Albanie, Pourquoi semble-t-il si difficile de percer le fonctionnement de son
contexte de stage et plus largement, de la société albanaise ? La
réponse pourrait se situer à l'intérieur même de
celle-ci. Albert Doja, anthropologue albanais reconnu pour ses recherches vis
à vis de la construction culturelle de la personne en Albanie, relate la
difficulté voire l'impossibilité pour l'individu albanais de
s'extraire du cercle familial tant la force de la
19
domination du chef de famille sur son foyer2
endigue toute initiative personnelle (2000). Les recherches de Doja se
concentrent sur les familles du Nord de l'Albanie, mais il précise que
ce phénomène peut également être observable dans les
régions rurales du reste du pays. On trouve ici une piste de
réponse, qui permettrait de s'orienter vis à vis de la
difficulté pour l'individu étranger à accéder
à ce qui anime profondément les Albanais, ici dans leur
rôle d'étudiant, à leurs motivations et leurs
représentations.
Les connaissances que j'ai acquises au fil de mes
études en FLE ne m'autoriseront pas à traiter d'un sujet portant
sur les principes de la construction de l'individu, ou encore moins de la
juger, cette thématique étant plus proche d'études
psychanalytiques que didactiques, bien qu'on m'ait souvent fait la remarque que
j'étais à cheval entre les deux. Cependant, il s'agit bien de
l'individu qui sort de ce cadre familial auquel l'enseignant a affaire dans sa
pratique professionnelle. Il me semble que c'est se placer des oeillères
que d'isoler l'individu sans prendre en compte le contexte dans lequel il
évolue ni les conditions dans lesquelles il est reçu pour
recevoir des connaissances, d'ordres linguistique et langagière en ce
qui nous concerne et ayant à trait à la formation identitaire, la
didactique ayant des allures d'intervention sociale (selon Beacco 2011 : 35),
la justification théorique de ce travail reprendra les concepts auxquels
j'ai associé mon étude. Accéder aux motivations, aux
représentations, au contexte social et par extension, historique, des
Albanais a mobilisé la plus grande partie de mon attention et de mon
énergie. Plus j'avançais, et plus je réalisais que le
problème ne se situait pas uniquement au niveau micro, celui de mes
apprenants et de leur contexte de vie, mais également dans les strates
d'action supérieures, et parfois dans des sphères qui ne
dépendent pas de l'action ou de la volonté des individus
d'aujourd'hui. J'avais le sentiment de devoir résoudre un nombre
toujours plus grand de situations souvent complexes, avant d'être en
mesure de faire ce qui m'avait amenée en Albanie : enseigner et
promouvoir ma langue maternelle et sa culture affiliée à un
public étranger. Outre la remise en question que j'effectuais
vis-à-vis de mes techniques d'enseignement, à mon agir
professoral et à mon utilisation des méthodes imposées, la
question prégnante qui s'est imposée à ma conscience
d'enseignante mais aussi de coordinatrice d'activités culturelles peut
se formuler de cette manière : de quoi s'agit-il lorsqu'on
s'intéresse au contexte d'enseignement - apprentissage du FLE en Albanie
? Ces questions remplaçaient irrésistiblement celles qui devaient
orienter ma conduite didactique, pas tellement par choix, mais parce que mon
rôle d'enseignante et ma place de native en contexte étranger
révélaient des problématiques dépendantes de la
didactique, mais qu'il fallait éclaircir avant de pouvoir faire ce qu'on
attendait de moi. Cette
2 Sa traduction en albanais « vatër »
relate mieux la force du noeud familial dans la société
albanaise.
20
question que je formule reprend les questionnements
lancés par les acteurs locaux de la promotion et de la diffusion du
français en Albanie, et ils n'ont pas toujours de réponse, ou pas
toujours celle qu'ils voudraient bien pouvoir formuler. Nous verrons à
l'issu de ce document s'il est possible que nous en formulions une.
Dans la construction d'un objet scientifique clair et concis,
le problème réside en ce que c'est une question dont la
réponse dépend parfois de diverses disciplines. De plus, lorsque
l'on fait face à un contexte pratiquement inconnu des cercles
intellectuels et scientifiques français ou étrangers, l'apprenti
chercheur a l'impression de devoir tout faire tout seul et la quasi inexistence
de sources et la question de leur viabilité rendent le chemin plus
compliqué, mais tout aussi passionnant. On peut vite se perdre dans des
considérations soit trop larges, soit trop précises qui
pourraient vite biaiser l'analyse faite à partir d'un problème
donné, c'est du moins ce que ma difficulté à réunir
une bibliographie concernant l'enseignement - apprentissage des langues
étrangères en Albanie a pu provoquer parfois. Cette absence
d'informations générales vis à vis du contexte albanais,
excepté le rapport de l'OCDE intitulé « Examen des
politiques nationales d'éducation d'Europe du Sud-Est » (2003,
basé sur des données datant de 19983), peut vite
amener l'apprenti chercheur à se perdre dans une masse d'informations
qui paraît pourtant nécessaire à une bonne
compréhension de cette problématique.
La première partie de l'introduction aura permis de
partager avec le lecteur les raisons pour lesquelles j'ai décidé
de m'intéresser à l'Albanie. Il s'agit également de savoir
se positionner en tant que producteur et scripteur d'une réflexion
personnelle argumentée. Voyons à présent l'objectif de
l'élaboration de ce travail qui prend la forme d'une contextualisation
du champ de l'enseignement / apprentissage du français en Albanie, mis
en relation avec la promotion et la diffusion de la langue et de la culture
françaises. J'ai conscience que je réunis dans cette étude
deux champs disciplinaires porteurs de problématiques bien distinctes,
mais qui se sont révélés interdépendants dans mon
approche professionnelle et c'est entre ces deux rôles que j'ai
incarnés en Albanie, que se situe ma problématique.
Afin de replacer ce travail dans une perspective plus large
de partage des connaissances et des savoirs, un bref rappel des travaux
menés par des spécialistes en didactique en rapport avec mon
travail sera effectué. Ces articles m'ont également aidée
à
3Soit un an après la fin de la guerre civile
qui a profondément affaibli l'Albanie (suite à l'effondrement de
pyramides financières fomentées par le gouvernement de
l'époque).
21
orienter l'étude que j'ai moi-même
effectuée. J'ai pu constater que peu d'études relatives à
l'enseignement - apprentissage du français avaient été
effectuées en Albanie. Beaucoup moins concernent la situation actuelle
et l'avenir de la diffusion de la langue et de la culture françaises
dans ce pays. Un thème assez récurrent a d'ailleurs
été traité : il s'agit de l'application du CECR dans les
programmes et dans les pratiques d'enseignement, cher aux officiels albanais de
l'enseignement et de l'éducation, en partie pour la raison suivante :
celle de pouvoir un jour intégrer l'Union Européenne, l'Albanie
ayant obtenu le statut de candidat à l'adhésion à l'UE en
juin 2014, après avoir répétitivement déposé
des dossiers d'étude de candidature. En ce qui concerne le domaine de
l'enseignement, le gouvernement albanais a premièrement classé le
développement de ce domaine dans ses priorités budgétaires
(Service économique régional Danube-Balkans, 2013 : 2). Ensuite,
le Ministère de l'Education et des Sports albanais (désormais
MASH) a déjà effectué un certain nombre de réformes
relatives aux programmes et au rôle que l'école joue en tant
qu'institution, en particulier pour dépolitiser l'enseignement
après la chute du communisme. Cependant, la révision des
curricula éducatifs et universitaires dans une visée d'alignement
au CECR (Haloçi, 2008 et 2011) semble poindre comme une
nécessité de premier ordre, d'après ces auteurs, tant dans
la nécessité de proposer des formations diplomantes
alignées sur les standards européens (Dh. Hoxha, 2009) que dans
la volonté de promulguer une éducation ouverte visant à
développer les compétences plurilingues (Vishkurti, 2012) et
interculturelles des apprenants et des enseignants albanais (Dh. Hoxha, 2008
& 2011). Un autre thème bien moins prolifique est celui de la
situation de la Francophonie en Albanie, nous citerons alors Andromaqi
Haloçi dans sa communication à la XXIIIème Biennale de la
langue française (2009), et Silvana Vishkurti dans une autre
communication dans un colloque international à Sofia intitulé
« Le français de demain : enjeux éducatifs et professionnels
» (2010), cependant, nous tenterons de dire dans cette étude que
ces deux thèmes de ce qui est vu comme une amélioration de
l'enseignement et son caractère politique sont interdépendants et
nous verrons en quoi il peut être nécessaire que cela soit pris en
compte par les acteurs locaux de l'enseignement du français. Saluons
également au passage l'initiative et la contribution largement reconnus
de Barbara Ben-Nacer et de Julie Favre pour avoir consacré leurs
mémoires de Master DFLE à l'Albanie. La première a
traité des représentations du français dans la
société albanaise et de l'impact que cela peut avoir sur
l'enseignement de la langue, tandis que la deuxième aurait traité
de l'agir professoral d'enseignants albanais et plus particulièrement de
l'impact de techniques d'enseignement recommandées sous le régime
communiste sur les publics apprenants d'aujourd'hui4.
4J'adresse par ailleurs mes plus sincères
remerciements à Barbara qui aura accepté de me laisser
consulter
22
A l'heure où l'acquisition de compétences
plurilingues semble être décrite entre autre, comme une
nécessité pour mieux développer son esprit et la
potentialité des échanges entre les individus (Moore et al.,
2002), veine dans laquelle ce travail s'inscrit, on déplore
simultanément le fait que la francophonie en Albanie soit victime d'un
manque d'intérêt flagrant et grandissant. Afin d'endiguer ce
phénomène, les départements de français des
universités albanaises autant que les sections bilingues de
l'enseignement secondaire et les organismes privés (Alliances
Françaises et associations) se voient devoir simultanément axer
leurs efforts sur l'image qui véhicule autour de la langue et de la
culture françaises, autant que de parvenir à intéresser
les apprenants qui se trouvent à étudier le français,
malheureusement et trop souvent par hasard. Tiraillés entre deux combats
essentiels pour la survie de la présence du français en Albanie ,
cela fait beaucoup de travail pour les seuls individus concernés qui
sont dans la majeure partie des cas, enseignants de la langue française
dans une école publique, ainsi qu'agents promoteurs de la langue et de
la culture française. Alors que les acteurs locaux de la promotion et de
la diffusion de la langue et de la culture française soulignent
l'importance du CECR et son application dans le système éducatif
albanais, il m'a semblé qu'il manquait une base informative qui
permettrait de se constituer un certain nombre de repères, si l'on
s'intéresse au contexte auquel j'ai eu affaire ces deux dernières
années, de la même manière qu'il semble y avoir une
distance entre les actes didactiques, leur répercussion sur les acteurs
concernés, les besoins et la volonté de ces mêmes acteurs,
ce que nous verrons globalement ici. Soucieuse de vouloir joindre mon
expérience personnelle aux connaissances mises à disposition par
les enseignants chercheurs que j'ai cités ci-dessus, j'espère
humblement pouvoir apporter un éclairage particulier et une modeste
contribution quant à la réflexion portée aux politiques
linguistiques et éducatives albanaises et aux changements à
opérer dans l'enseignement - apprentissage des langues
étrangères.
Appuyé de notions conceptuelles constructivistes et
d'une approche qualitative de mon terrain d'étude, ce travail proposera
une analyse des politiques engagées vis-à-vis de la situation du
français en Albanie, centré sur le milieu universitaire albanais.
Je m'interrogerai dans ce travail sur les intentions, les enjeux et les
modalités qui animent le monde albanais de l'enseignement-apprentissage
des langues étrangères et puis plus particulièrement du
français à travers ces questions :
- Quelle est la place du français dans la
société et dans l'enseignement supérieur en
Albanie ?
Cette place a-t-elle évoluée, autrement dit : quelle est
l'histoire de cette place
son mémoire. Malgré mes demandes
répétées pour consulter le travail de Mme Favre, je serai
restée sans réponse.
23
accordée au français ?
- Quelles sont les représentations des acteurs de
l'enseignement - apprentissage du
français sur leurs pratiques et sur
leur rôle de promoteur de la langue française ?
- Dans quelle mesure la contextualisation de l'enseignement -
apprentissage peut-elle
répondre aux besoins d'une meilleure
promotion de la langue française dans le système éducatif
albanais ?
Ce sont autant de questionnements auxquels je
répondrai à partir d'outils propres à la
sociolinguistique, à la didactique, contribuant à une
volonté de mettre en place une étude glottopolitique de la
situation de promotion et de diffusion d'une langue et d'une culture
étrangères, sous l'angle des rapports contextualisés entre
langue et éducation, dans un travail qui comportera trois parties. La
première partie portera sur la conceptualisation de l'objet
d'étude autant que sur les soubassements méthodologiques et
épistémologiques appropriés à ce sujet. La seconde
partie présentera des éléments de contextualisation de
l'histoire de l'Albanie, des Albanais et de l'institution éducative
albanaise permettant d'identifier le rapport des locuteurs albanais à
l'Ecole et à l'Université. La troisième partie
s'intéressera plus particulièrement à l'adaptation des
locuteurs susmentionnés aux changements des politiques linguistiques et
éducatives. Pour cela, l'histoire puis l'état actuel des
relations franco-albanaises sera traité. Puis, un panorama de la place
des langues étrangères et du français, dans l'enseignement
supérieur albanais sera élaboré. L'objectif de la
quatrième partie est finalement de présenter les interventions
des acteurs et des institutions concernées par l'enseignement et la
promotion de la langue française, et dans quelle mesure elles
s'inscrivent dans la volonté qu'ils expriment de procéder
à un changement dans les conceptions du français, de sa culture,
autant que d'inscrire la volonté de ces changements dans un cadre
d'action qui dépasse la seule action didactique dont ils ont
déjà la charge. Cette partie permettra également
d'identifier en quoi les locuteurs albanais se trouvent à un croisement
de leurs pratiques sociales et éducatives, où se forgent leurs
rapports idéologiques et identitaires vis à vis de la langue
étrangère (LE) appréhendée. C'est également
dans cette partie que sera proposée l'analyse de l'enquête
effectuée auprès du public universitaire albanais, pour
déboucher sur une ouverture des perspectives pour une meilleure
promotion de la langue française.
Placée sous la volonté de contextualiser ce
rapport entre langue, éducation et promotion linguistique en Albanie,
cette étude a l'ambition d'éclairer les fondements même de
notre contexte, autant que de proposer des pistes de réflexion vis
à vis du contexte
24
d'enseignement - apprentissage du français en Albanie,
indissociable de celui de la promotion de cette langue. L'étude de ces
deux domaines en interaction, permettrait modestement de donner une meilleure
connaissance du contexte albanais autant qu'elle pourrait participer à
un éclairage particulier vis à vis de la diffusion de la langue
française.
CHAPITRE 1 : Approches notionnelles et
soubassements conceptuels : pour une contextualisation de la
pensée
25
« Pour un esprit scientifique,
toute connaissance est une réponse à
une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance
scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.
»
Gaston Bachelard