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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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III.1.2 La terre inégalable

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Dès son arrivée en Amérique, Jende sait et le dit à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas une ville où il fait bon vivre telle que son Limbé natal. Pour lui, Limbé est un véritable paradis terrestre, une ville comme on en trouve pas ailleurs dans le monde. Il recommande d'ailleurs à son patron d'y faire un tour :

Vous pouvez être n'importe qui, venir à Limbé pour une nuit ou pour dix ans, être gros ou petit, vous êtes heureux d'être arrivé là. Vous sentez le souffle de l'océan qui parcourt des kilomètres pour venir vous saluer. Ce souffle est si doux. Et là, vraiment, vous avez l'impression que cette ville près de l'océan que l'on appelle Limbé est unique au monde (VVR : 46-47).

Il décrit cette ville avec passion et joie mais aussi avec beaucoup de mélancolie. On peut, et ce à juste titre, se demander ce qui explique son départ de cette ville si elle est aussi agréable à vivre. La réponse est pourtant simple, nous l'avons présentée un peu plus haut. En réalité, cette beauté et joie de vivre qu'il fait à Limbé n'a rien à voir avec les biens matériels, la richesse et la fortune. C'est un plaisir naturel que cette ville procure selon Jende. Or lui, il avait besoin de fuir la pauvreté matérielle ; d'où son choix de partir pour l'Amérique. Jende est donc conscient que son Limbé n'est pas tant un enfer. Limbé connote la joie intérieure, la paix de l'âme, par opposition à l'Amérique qui n'est pensée qu'en termes de gains et de profits. C'est la raison pour laquelle il fait moins d'histoire lorsqu'arrive l'idée du retour, car il sait qu'il retourne non pas dans un enfer, mais dans un endroit où la joie de vivre est sans égale. On observe donc un écart dans la perception du pays natal entre Thamar et Jende. Il est vrai que tous deux reconnaissent l'importance du bercail, sauf que Jende l'a toujours su, à l'inverse de Thamar qui ne l'a réalisé qu'une fois sortie de son enfer hexagonal qu'elle tenait pour un paradis. Le seul vrai qui puisse exister est chez soi, réalise-t-elle enfin.

III.1.3 Le bercail : terre de bonheur

Ils sont nombreux ces personnages immigrés qui passent à côté de leur bonheur, n'ayant pas su où celui-ci se trouvait. Convaincu que ce bonheur se trouve ailleurs, ils n'hésitent pas à prendre la route de l'Occident. Ce qui est intéressant est que certains finissent par se rendre compte qu'en réalité, ce bonheur, ils l'ont laissé derrière eux en s'en allant. Mbue utilise le personnage Jende pour mettre en garde contre la quête du bonheur. Elle veut faire comprendre à ces immigrés que l'endroit où se trouve le bonheur ne peut être que chez soi. L'exemple de Jende est particulier dans la mesure où la déconstruction du mythe de l'ailleurs, terre de bonheur, se fait de façon rythmée.

Au départ, il est convaincu que c'est en Amérique qu'il gagnera sa vie. À ce moment, il n'a d'yeux que pour les USA. Par la suite, convaincu peu à peu que sa vision était erronée, il

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commence à nourrir des regrets et à envisager son retour vers la terre de ses pères qu'il considère finalement comme le lieu du bonheur. Dans ses derniers jours en Amérique, il dit à son patron : « [...] Oui, je ne voulais pas rentrer. Mais quand j'ai compris que je devais partir, je me suis senti heureux en pensant à chez moi, monsieur » (VVR : 411).

S'il est heureux en pensant à chez lui, c'est parce qu'il est convaincu qu'il va vers le lieu qu'il n'aurait jamais dû quitter car, si celui-ci connotait encore le malheur et la souffrance à ses yeux, il ne serait pas heureux d'y retourner, il se serait comporté comme ces personnages qui faisaient tout pour éviter de rentrer chez eux. Antoine, lui aussi, sait que son bonheur se trouve dans son lieu de naissance. À l'inverse de Jende qui a quelque peu hésité, Antoine n'a jamais hésité. Il a toujours su que l'Hexagone est sa terre promise; raison pour laquelle il n'a jamais aimé le Mboasu, ne s'est jamais investi à le connaitre en profondeur. Ce qui explique le fait qu'Antoine ne se sente jamais triste ou inquiet lorsqu'il s'agit de quitter le Mboasu pour l'Hexagone, bien qu'il ait de la famille au Mboasu. Ainsi, on remarque que Miano et Mbue militent pour un retour des personnages dans leurs pays natals respectifs. Ce retour leur permet de s'accomplir dans la mesure où ils retrouvent le seul vrai paradis, mais aussi parce qu'il permet à chacun de s'investir dans la construction de son pays.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway