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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.2.2 Accepter la différence sans jugement.

Reconnaître que le monde représente plusieurs unicités dans un ensemble présuppose qu'on prenne en compte les différences. En effet, s'il importe de connaitre l'autre, de s'ouvrir à lui, de le comprendre, afin de se sentir partout chez-soi, il est surtout nécessaire d'éviter de juger ses habitudes et ses agissements, car le faire sur la base de notre propre culture, c'est tenter implicitement de comparer les cultures, de les classer, de les hiérarchiser. Miano et Mbue prônent à travers les oeuvres du corpus, une citoyenneté universelle, qui suppose que les hommes doivent se passer de leurs préjugés, accepter leurs différences et regarder tous ensemble dans la même direction. Ce n'est pas aux hommes de dire si la culture des autres est « bonne » ou « mauvaise ». Mais c'est à eux qu'il revient le devoir d'accepter l'autre en dépit de ses différences ; d'apprendre de lui. Cela ne veut pas absolument dire que les uns doivent copier chez les autres ce qu'ils ont de différent. Si cette différence leur semble bonne, ils sont libres de l'épouser. Mais si tel n'est pas le cas, ils n'ont pas le droit de la condamner, ils doivent plutôt chercher à la comprendre. La conversation de Fatou Neni et son professeur illustre à suffisance cette acceptation de la différence :

- Je parie que vous ne connaissez pas beaucoup d'hommes qui ont des petits copains -dit le professeur

- Fatou secoua la tête, Neni ne pouvait plus fermer la bouche. `'Je ne connaissais pas d'hommes gay dans mon pays, répondit Fatou, mais il y'en avait un dans mon village-là qui marchait comme une femme [...] mais il avait une épouse et des enfants, alors personne ne disait « gay ». Nous n'avons même pas de mot pour gay. Donc je suis ravie de faire votre connaissance. (VVR : 91)

Ce passage met en évidence, l'acceptation de la différence. Fatou vient d'une culture, où le mot « gay » n'a pas de signification, où il n'existe pas tout simplement. Mais ce qu'il faut aussi rappeler c'est que dans cette culture de Fatou, les hommes soupçonnés d'entretenir des relations avec d'autres hommes ne sont pas bien vus par la société. Au-delà de la loi qui interdit formellement cette forme d'union, celle-ci est vue telle une malédiction, un sacrilège. Partant de ces considérations, on se serait attendu à ce que Fatou tremblât en apprenant cette nouvelle et s'énerve contre le professeur. Or telle n'a pas été sa réaction. Elle se dit ravie de faire sa connaissance et lui propose même ses enfants, au cas où il voudrait en adopter.

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Difficile dans la culture de Fatou de retrouver des personnes prêtes à laisser leurs enfants fréquenter des personnes soupçonnées d'être gay. Pourtant, Fatou le fait. Il ne faut pas voir en l'attitude de Fatou une quête d'intérêt, une volonté de placer ses enfants à la charge d'un autre, fut-il homosexuel, pour s'en débarrasser. Non, il ne s'agit pas de cela. Fatou incarne ici, le symbole de l'acceptation de la différence. Le symbole du non-jugement. Mbue utilise Fatou pour appeler, les hommes à moins de rigueur et à plus de tolérance.

Antoine est un exemple à part, contrairement à Fatou qui incarne le pardon et l'acceptation de l'autre, Antoine, lui, se situe à mi-chemin entre le pardon et le rejet, une sorte d'indifférence. Bien qu'il n'aimait pas le Mboasu, Antoine ne jugeait pas les attitudes des autres enfants qui s'y trouvaient. Il n'épousait certes pas leurs moeurs mais ne les condamnait pas non plus. À travers Antoine, on comprend qu'à défaut d'accepter les différences, l'autre dans sa singularité, il vaut mieux rester indifférent. Toutefois, le modèle de Fatou est celui auquel nous souscrivons.

Les hommes doivent comprendre que ce qui n'est pas commode dans leurs moeurs, n'est pas forcément un sacrilège du moment où on y souscrit. Il faut savoir s'accepter mutuellement et se passer de certaines conventions qui participent à la création des cloisons entre les hommes.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld