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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.2 Partager sa culture avec celle des autres et découvrir la leur : Non au repli identitaire

Concevoir un citoyen universel implique, au-delà de la répression des frontières, une réelle ouverture aux autres. Miano et Mbue se positionnent contre le repli identitaire en invitant les hommes à s'ouvrir davantage, à aller à la rencontre des autres peuples dans le but de tirer profit de leurs qualités et de leur apporter ce qu'eux aussi ont de meilleur. Mais avant de présenter les modalités d'une telle vision, il serait intéressant de s'appesantir un instant sur les bases théoriques dans lesquelles s'enracine cette vision.

II.2.1 Un « un fond humain universel »

Dans son recueil de conférences paru en 2011, Habiter la frontière, Léonora Miano propose une théorie sur ce qu'elle nomme les « identités frontalières ». Elle y fait l'apologie de la citoyenneté mondiale. Pour elle, tous les personnages auraient un « fond humain universel », quelque chose qui serait propre à tous les humains, et qu'il faudrait mettre en avant au-delà des pulsions égoïstes qui créent en nous des sentiments de rejet, d'exclusion autant qu'elles favorisent le repli identitaire. Nous sommes dans un contexte de grandes

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tensions identitaires, de survalorisations des identités au détriment de ce qui est commun, comme le constate Miano. Elle célèbre la citoyenneté universelle et pourfend les particularités qui, pour elle, n'ont pas vraiment de sens. Pour éclaircir le concept de « fond humain Universel », voici ce qu'elle dit :

Le meilleur moyen d'illustrer ce qu'on entend par fond humain universel, c'est de s'appuyer sur l'exemple des langues. Il y'en a d'innombrables si nous n'apprenons pas la langue de l'autre, il est difficile de le comprendre. Pourtant, le simple fait qu'il en possède une lui aussi, signifie que, comme nous, il a une pensée, un imaginaire, une vision du monde. Nous devrions donc être en mesure de l'identifier clairement comme un frère humain. D'ailleurs la communication est toujours possible. Nous savons bien que l'histoire a prétendu le contraire, qu'elle a classé les humains selon les critères fabriqués, se permettant de dénier la qualité d'hommes à des peuples entiers. (Miano, 2011 : 21-22)

La métaphore de la langue que Miano utilise dans ce passage est très significative. En effet, la langue ici renvoie à l'homme. La pluralité des langues, désigne la diversité des peuples et des cultures. Il est absurde de penser que l'on pourrait s'en sortir sans avoir besoin de l'autre. La connaissance de cet autre est fondamentale, car elle nous permet de prendre conscience de la diversité ; de savoir que l'autre peut avoir une vision différente de la nôtre, toute chose nous permettant d'avancer. Et pour connaître l'autre, il faut aller à sa rencontre, apprendre sa culture, parler sa langue. En effet, qu'on le veuille ou non, le monde évolue vers cette vision d'un village planétaire, et ne pourront s'en sortir que ceux qui accepteront de composer avec l'autre. La relation que Mbue établit entre les personnages conforte également cette vision. Elle conçoit le monde à l'image d'un carrefour et les différents pays qui le constituent tels les routes de ce carrefour. Il suffit juste de marquer un pas de chaque côté, pour comprendre qu'on est toujours au même endroit, c'est-à-dire chez soi. C'est au moins la lecture que l'on peut faire des propos de Jende lorsqu'il dit à Edwards :

Tout ira bien, Monsieur. Nous avons déjà un passeport américain pour ma fille. Elle reviendra quand elle sera prête, et peut-être qu'un jour elle déposera une demande, pour que son frère obtienne aussi la nationalité. Sinon, mon fils ira au Canada, et ma femme et moi, nous pourrons aller les voir dans les deux pays. (VVR : 411).

Jende et son épouse, originaires de Limbé, ne trouvent pas de problèmes, à ce que leurs enfants soient des Américains, Canadiens. C'est dire qu'ils ont compris que dans les conditions réunies, un homme peut faire sa vie dans n'importe quel endroit du globe et y trouver son compte. De même Valentine, dans Ces âmes chagrines, qui est française, blanche, désire aller s'installer en Afrique pour y faire sa vie. Elle a grandi avec les Africains, appris à

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les connaître et doit même en épouser un. À l'instar Jende, Valentine a compris que les notions de frontières n'ont plus de sens, et que seule l'aventure au monde est gage d'un avenir meilleur.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery