II.1.3 Encourager les amitiés sincères
Pour l'éclosion d'une citoyenneté
universelle, il faut encourager et prôner les valeurs universelles telles
que l'amitié, la vraie à travers le monde. Miano et Mbue nous
montrent à travers le corpus que nouer de bonnes amitiés favorise
entre autres le sentiment d'être à son aise dans tous les quatre
coins du monde. Cela se voit avec Maxime dans Ces âmes
chagrines et Jende dans Voici venir les
rêveurs. Maxime ne se serait jamais tirer d'affaire si son
patron et ami Édouard n'avait pas été à ses
côtés. Édouard a ouvert son coeur à Maxime et lui a
fait se sentir moins malheureux durant tout son séjour en
Hexagone.
C'est lui qui a assuré sa protection au sein de
l'entreprise quand il a trouvé du travail. Il a encore participé
à la promotion et à l'affectation de Maxime au Mboasu. Maxime
annonçant son départ pour l'Hexagone à son frère
Antoine, affirme : « Édouard, mon boss et moi-même en avons
parlé en toute franchise. Je pourrais revenir au nord, fort de cette
expérience probablement ailleurs qu'ici, dans l'Hexagone [...] J'y gagne
dans tous les cas » (CAC : 62). Maxime est en
train de retourner au Mboasu, s'étant fait un vrai ami en Hexagone. Cela
fait en sorte que Maxime ne pourra jamais se sentir étranger s'il lui
arrivait de revenir en France, tout comme Édouard lui aussi ne se
sentirait pas étranger s'il lui arrivait de faire un voyage pour le
Mboasu. Ces amitiés à travers le monde sont des vertus à
promouvoir,
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tant elles participent au rapprochement des hommes et
des peuples. Il en est de même pour Jende.
Autant que pour Maxime et Édouard, la relation
qui lie Jende et Clark Edwards dans le récit de Mbue est celle de
patron/employé. Mais, contrairement à Maxime qui a eu une
relation amicale avec son patron bien avant son départ, Jende et Clark
renforcent leurs liens à la veille du retour de Jende à
Limbé. Clark est prêt à tout essayer afin d'éviter
à Jende de retourner dans son pays : « Je suis sûr qu'il doit
avoir un moyen de faire rester les gens travailleurs comme vous dans ce pays
». « Écoutez, [...] le directeurs des services de
l'immigration est un très bon ami de Stanford » (VVR
: 410). Clark s'en veut à la limite, de n'avoir pas su ni
pu faire quelque chose plus tôt. Jende, pour sa part, est heureux de
savoir que son désormais ex-patron et nouvel ami se soucie de lui. Cette
nouvelle amitié qui se concrétise d'ailleurs par les deux mille
dollars que lui donne Clark montre à suffisance que si jamais Jende
devait retourner en Amérique, cette fois dans la légalité,
il pourrait compter sur le soutien de Clark et se sentirait encore plus chez
lui. Miano et Mbue promeuvent donc ces amitiés sincères et justes
à travers le monde, lesquelles sont d'une manière certaine un pas
effectué vers la citoyenneté mondiale. Toutefois, il faut rompre
les frontières identitaires et s'ouvrir à l'autre de tout
coeur.
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