I.2.2 Voyager pour rapprocher les familles : chemin vers le
bonheur
L'immigration telle que suggérée par
Miano et Mbue à travers ces deux oeuvres, se veut aussi un moyen de
consolidation des liens familiaux. S'il faut entreprendre le voyage de sa terre
natale vers des contrés lointaines dans le but de revoir ses proches
avec qui l'on a perdu le contact physique ou non pendant longtemps, ce
voyage-là est à encourager. Thamar a quitté le Mboasu pour
l'Hexagone dans le but de rejoindre son bien-aimé. S'il est vrai que les
mobiles de ce départ peuvent être questionnés dans la
mesure où l'Hexagone représentait pour Thamar le lieu du bonheur,
de la réussite et de toutes les autres formes de rêve, il reste
qu'elle a aimé cet homme. De même, on peut interroger cet amour en
lui opposant l'argument selon lequel elle serait orgueilleuse, dont il n'y a
que son bonheur personnel qui compte. Mais là encore, on est bien
forcé de croire que Thamar a aimé Pierre autant dans sa joie que
dans sa maladie tel qu'en témoigne le passage ci-dessous :
L'homme avait depuis peu des ennuis de santé,
des difficultés rénales qui le clouait au lit. Il semblait
souffrir, mais tenait farouchement à ne pas mourir, s'accrochait [...]
elle se trouvait dans la position de garde malade. » (CAC
125-126).
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Il est évident que pour une femme ayant suivi
un homme par intérêt, supporter ces épreuves est une
entreprise bien difficile. Thamar a donc voyagé par amour, pour
rejoindre son amant.
Si le voyage de Thamar peut être perçu
telle une volonté de se rapprocher de ses proches, celui de Maxime, en
revanche l'est beaucoup moins. Deux raisons justifient le départ de
Maxime du Mboasu pour l'Hexagone. La première, la majeure, nous l'avons
évoquée plus haut, était d'ordre académique. La
seconde, non moins importante, était une tentative
inespérée de retrouver sa mère. L'Hexagone
représente à ses yeux « le pays qui lui avait ravi sa
mère ». Il y va alors avec l'espoir de retrouver celle-là,
« même s'il n'était plus certain de la reconnaitre »
(CAC : 50). Voilà la vision de l'immigration que proposent les
auteures du corpus à travers leurs oeuvres. Un simple voyage dans le but
de consolider les liens de famille ou d'amitié. Toutefois, le cas de
Jende reste très ambigu. Il est arrivé en Amérique avec
l'aide de son cousin Winston. À ce niveau, on peut voir une
volonté de renforcer les liens. Il fera venir son épouse par la
suite, ce qui rentre encore dans la même logique. Mais le problème
est l'intention des personnages. Jende et son épouse nourrissaient
l'ambition de faire fortune dans ce pays. L'immigration telle que voulue ici,
est dénuée de la recherche effrénée des biens
matériels. Pour ce faire, il faut cesser de penser à soi et
mettre en avant le bien de la famille.
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