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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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I.1 La consolidation des liens

Pour Mbue et Miano, l'immigration devrait être un moyen de rapprochement des familles et non un moyen d'accession au bonheur. Mais avant de rentrer dans ces détails, il serait intéressant de voir ce qui engendre même ces phénomènes migratoires et que les auteurs dénoncent.

I.1.1 Partir : fruit d'une mauvaise politique gouvernementale

S'il y a tant de candidats au concours de l'immigration (clandestine le plus souvent), c'est parce que ceux-ci n'ont généralement pas le choix. En réalité ils sont victimes d'une politique gouvernementale qui les oppresse, ne leur laissant aucune lueur d'espoir et aucune certitude quant à des lendemains meilleurs. Aussi, les personnages qui comprennent qu'ils n'ont plus rien à gagner dans leurs pays, essayent-ils de tout faire pour s'en sortir dans un autre lieu bien plus loin où ils espèrent que leur situation s'améliorera au fil du temps. L'Ailleurs devient, à ce moment, un refuge pour les personnages qui n'avaient plus vraiment le choix. La description que le narrateur de Ces âmes chagrines fait du Mboasu interpelle:

dans leur propre pays les habitants du Mboasu ne possédaient rien de signifiant, on pouvait penser que l'air lui-même serait bientôt rationné. Les richesses minières et forestières avaient été bradées aux pays du nord. Les dividendes de ces opérations lucratives, confisquées par une Elite gloutonne donnaient sur des comptes numérotes pendant que le petit peuple crevait la bouche ouverte» (CAC : 170).

Cet extrait montre à suffisance en quoi la vie au MBOASU est synonyme de misère et de souffrance. Dans un contexte ou le « petit peuple crevait », il est évident que ce dernier commence à questionner sérieusement sa présence en ces terres et se dise que rien ne l'y retient.

Derrière ces propos du narrateur, on peut voir une dénonciation du mode de gouvernance du Mboasu ; une gouvernance qui ne se soucie point de son peuple. Le gouvernement est donc responsable en partie de la fuite de son peuple qui a cessé de croire et d'avoir confiance en lui. Le phénomène est propre à plusieurs pays du Sud. C'est entre autres l'une des raisons qui ont poussé Jende à émigrer aux USA, laissant au loin le pays où, selon lui, il n'y a pas d'espoir. Le bas peuple est condamné à souffrir de générations en générations dans ce pays où les chances de réussites sont minces, sinon inexistantes. Se confiant à son patron sur les motifs de son départ, il déclare : (VVR : 53)

monsieur, il n'y a pas de bon ou de mauvais travail dans mon pays. Parce que tout travail est bon au Cameroun. Le simple fait d'avoir un endroit où aller quand vous vous réveillez le matin est une bonne

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chose, Monsieur Edwards. Mais l'avenir ? Le problème est là Monsieur. Je n'avais même pas le droit d'épouser ma femme...

Aussi tristes qu'ils paraissent, ces mots décrivent la réalité du lieu d'origine de Jende ; un lieu dénué d'espoirs, où un petit groupe formé de ceux venant « d'une famille qui a un nom » (Ibid.) s'est accaparé les richesses au détriment du peuple. La situation est à un niveau où le citoyen a perdu toute confiance en son pays, toute assurance. Or celui-ci est censé le protéger, c'est à lui que revient la charge de lui donner des moyens d'une vie acceptable. Si une nation vomit ses citoyens, c'est à raison qu'ils pensent à s'en aller. Ils ont le sentiment d'être des étrangers chez eux. Mbue dénonce donc cette gestion calamiteuse des gouvernants du Sud et les tient pour responsables de l'exil de leurs concitoyens.

Bien plus qu'une cause alimentaire, Moura (1999) voit en la migration au coeur de plusieurs romans le résultat d'un dysfonctionnement total de la part des pays de ces immigrés plombés par la corruption de grande envergure. Le peuple n'aspire plus à rien dans son propre lieu natal, il est convaincu que ce dernier n'a plus rien à lui offrir. C'est ce qui explique par exemple le fait que « les filles du Mboasu, la tête farcie de délires chimériques, squattaient les web cafés de Sombé ou de Nasimapula s'inscrivant sur des sites de rencontres à la recherche de l'homme blanc » (CAC : 172). Cette situation montre que ces filles sont désormais convaincues que le salut ne viendra pas de l'endroit où elles se trouvent actuellement, mais d'ailleurs. Elles ont cessé de croire et s'en remettent à la chance, celle de trouver un homme blanc. Le Blanc ici connote le bonheur, celui existant ailleurs, loin de ces terres de souffrance et de malheur. Ces terres où aucun rêve n'est plus possible. Ce départ des Africains vers l'Occident renforce le regard péjoratif que les Occidentaux portent sur le continent africain.

Ils sont de en plus convaincus qu' « être pauvre en Afrique cela n'a rien d'exceptionnel [car] tout le monde ou presque est pauvre là-bas » (VVR : 139). C'est en ces mots que Cindy Edwards parle du continent africain. Derrière ces peintures faites par les personnages de Ces âmes chagrines et Voici venir les rêveurs, on perçoit une réelle dénonciation de la gouvernance dans les pays d'Afrique. Les personnes censées assurer un partage équilibré des richesses nationales ne le font pas, ce qui pousse le bas peuple à candidater à l'émigration. Toutefois, au-delà de cette dénonciation, qui tend à dédouaner les personnages immigrés, Miano et Mbue proposent leur vision l'immigration.

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