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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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III.1.2. Les réactions de l'entourage

« L'échec forme-t-il la seule raison qui motive la décision de retour au pays laissé ? », s'interroge Flora Amabiamina (2017 : 107). Bien évidemment, au regard du corpus en étude, la réponse est négative. On constate qu'ici, l'échec constitue non pas une raison, mais une contrainte, une entrave à la décision de certains immigrés. Ils éprouvent la peur parce que leur

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vie au pays rêvé ne fut pas une réussite sur le plan socio-économique. Sauf que ce n'est pas l'échec en lui-même qui pose problème ici, c'est la réaction de l'entourage. Étant donné que les personnes restées sur le continent ont pour la plupart une image édénique de l'Occident, ils s'attendent à ce que celui qui revient de ces contrées soit bourré d'or et d'argent. Comment leur faire comprendre que la réalité est bien plus âpre, là est la question difficile que se posent les candidats au retour. En réalité, cette image que ces personnes attendent d'eux est la même que ces immigrés se représentaient bien avant leur départ. C'est ce qui fait Betty dire : « j'ai entendu beaucoup de choses folles dans ma vie, mais jamais que quelqu'un quittait l'Amérique pour retourner dans son pays » (VVR : 281).

Betty, amie de Neni, ne conçoit pas le fait que quelqu'un puisse quitter l'Amérique après qu'il y est arrivé. Pour elle, l'Amérique est le seuil de la réussite sociale. Et quand bien même il lui arriverait de ne pas réussir, rentrer chez elle n'est pas l'option envisageable. Dans ces conditions, l'Amérique représente une sorte de refuge, un gilet de sauvetage, le moyen par lequel elle entretient l'image déformée que les autres sur le continent ont d'elle. Le simple fait pour elle de rester aux USA est un motif de gloire, de satisfaction.

Thamar se situe dans le même sillage. Elle « aurait pu prendre cette décision [celle de retourner] il y avait longtemps, mais le courage lui avait manqué » (CAC : 133). En retournant dans ce pays, les poches vides, elle fait preuve de courage. Le narrateur explique que « Thamar avait songé qu'il était impossible, inadmissible de retour chez soi en vaincue. Être partie si loin, si longtemps, rentrer les mains vides » (134). Thamar juge cela impossible. Mais il est important de savoir que sa crainte ne se situe pas d'un point de vue personnel. Elle ne voulait pas rentrer en « vaincue », car le faire serait accepter d'être la risée de tout le monde, de donner l'image de celle qui s'est faite vaincre par l'Occident. Sa crainte est donc due aux réactions de son entourage, aux moqueries auxquelles elle s'expose par cet acte. Les sacrifices consentis et les prières formulées à l'endroit de l'immigré qui va vers les contrées lointaines sont destinés à le protéger, à l'aider à braver tous les obstacles qu'il rencontrera en chemin. Il n'est pas question qu'il revienne en vaincu. Ce complexe pousse malheureusement bon nombre d'immigrés à vivre dans l'errance et la clandestinité plutôt que de retourner.

D'ailleurs, n'eut été l'arrivée salvatrice de Maxime dans la vie de Thamar en Hexagone, tout montre que sa vie aurait été une misère pour toujours. Elle ne serait jamais sortie de cette rue où elle avait élu domicile. Maxime est celui qui lui redonne le sourire, lui permet de lever la tête et de comprendre qu'il faut parfois oser, ou que la crainte du retour par peur de railleries est une absurdité. Ainsi, Thamar part de la rue pour rentrer chez elle, la tête

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haute, les poches non remplies bien évidemment, mais avec l'honneur et la joie, la dignité et la fierté, la fierté d'être enfin redevenue une personne ; ce droit que l'Hexagone lui refusait.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand