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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.1.3. Partir pour un impossible (re) retour40

Lorsque le contact avec l'ailleurs a été décevant dans l'ensemble, les immigrés nourrissent des frustrations et ceux d'entre eux qui ont choisi de retourner deviennent des radicaux dans l'âme. Ce choix pour lequel ils optent s'inscrit dès lors dans la vengeance, le repli, développant parfois un sentiment nationaliste aigu. Cela fait en sorte qu'il devient difficile, voire impossible pour eux d'envisager un autre voyage vers ces lointaines contrées qui furent à un moment de leur existence, de lieux rêvés. Joseph Ndinda (2011) a analysé ce qu'il nomme « l'impossible retour », montrant que le retour des immigrés au pays natal est tragique dans la mesure où ces derniers « se retrouvent dans un entre-deux qu'ils ne comprennent pas » (Ndinda, 2011 :175), ce qui fait en sorte que cela n'est jamais heureux. Il faut donc dire que pour lui, ce qui est « impossible » c'est un retour heureux, épanoui et paisible. Cependant, ce n'est pas dans ce sens que nous entendons ce mot ici. Si son impossibilité est due aux changements que l'ailleurs impose à l'immigré, la nôtre est due à la souffrance subie par les immigrés dans ce même lieu. Leur retour est heureux, par opposition à leur séjour, ce qui fait qu'il leur est impossible d'envisager un nouveau départ41 ; ils se rendent compte que contrairement à ce qu'il pensait au début, ces endroits n'ont plus rien à leur offrir.

Le paradoxe est que ces immigrés sont généralement conscients du fait que le lieu de départ dans certains cas, se révèle être bien plus vivable que celui rêvé, et cela longtemps avant qu'il ne leur vient à l'esprit de retourner. Cela peut cependant s'expliquer42, même si ces explications sont discutables. La conversation entre Boubacar et Jende met en lumière ce phénomène du (re) retour impossible. Voici ce que nous dit le narrateur à propos de Boubacar : « bien-sûr, il ne souhaitait pas que Jende retourne au pays. Le Cameroun n'avait rien à offrir de comparable à l'Amérique. Mais cela ne devrait pas pour autant encourager celui qui n'avait plus rien à faire dans ce pays » (VVR : 359). Si Jende est convaincu qu'il n'avait plus rien à faire en Amérique, il paraît évident, qu'une fois retourné chez lui, il

40 Joseph Ndinda parle de « l'impossible retour » pour décrire la relation difficile entre l'immigré et son pays natal. Le retour dont nous parlons ici est celui de l'immigré non pas vers son pays natal, mais vers le pays rêvé une fois que ce dernier a déjà foulé le sol de son pays de naissance.

41 Ce que nous avons appelé « (re) retour »

42 Nous y reviendrons

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n'aurait plus jamais songé à revenir en Amérique. S'il nourrissait encore ces envies, il n'aurait pas pris sa décision aussi facilement. Son incrédulité « cela ne devrait pas pourtant encourager» montre que Jende est convaincu que sa décision est la bonne.

Dans la même logique, Antoine ne souhaite plus retourner au Mboasu. Il est vrai que ses raisons diffèrent de celles de Jende. Les misères de Jende en Amérique sont beaucoup plus d'ordre matériel, tandis que celles endurées par Antoine au Mboasu sont psychiques. Toutefois, les deux hommes affichent clairement un reniement du pays d'accueil. Si la volonté de Jende de ne pas rentrer au Cameroun de sitôt n'est pas explicitement nommée par le narrateur, celle d'Antoine l'est. Le narrateur de Ces âmes chagrines nous fait savoir qu'« en réalité, il ne pensait pas fouler à nouveau le sol du Mboasu » (CAC : 239). Retourner au pays natal laisse croire que les personnages nourrissent une volonté réelle de prendre leur destin entre les mains.

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